Jechange.fr : Gaël Duval plaide pour une reprise par son concurrent Affinicia

Alors que le tribunal de commerce d'Agen entend, ce mardi 5 décembre, les candidats à la reprise de JeChange.fr, Gaël Duval, plaide dans La Tribune pour un attelage avec son concurrent Affinicia dans lequel il resterait actionnaire. "C'est la seule offre qui porte une vision stratégique et qui s'engage à reprendre tous les salariés et à rester durablement à Agen", affirme le fondateur et dirigeant de l'entreprise de 80 salariés placée en redressement judiciaire début octobre.
Florian Bardey et Christian Leclerc, les dirigeants d'Affinicia, défendent une offre de reprise de la société Jechange.fr, en redressement judiciaire, avec le soutien de Gaël Duval, son fondateur et directeur général.
Florian Bardey et Christian Leclerc, les dirigeants d'Affinicia, défendent une offre de reprise de la société Jechange.fr, en redressement judiciaire, avec le soutien de Gaël Duval, son fondateur et directeur général. (Crédits : Affinicia)

Tout s'accélère en 2022 pour Jechange.fr et son fondateur Gaël Duval, toujours à la tête de cette PME de 80 salariés installés entre Estillac, près d'Agen (Lot-et-Garonne), et Bordeaux. Depuis 2007, elle accompagne les particuliers dans leurs recherches des meilleurs contrats d'énergie, de télécoms et d'assurance. Mais au printemps dernier, la crise du marché de l'énergie a mis un coup d'arrêt brutal à son activité et fait échoué du même coup l'abandon d'un projet de cession à un gros acteur de l'énergie.

Sept repreneurs en lice

Déjà fragilisé puis malmené par des prix de l'énergie devenus largement illisibles à la suite de la guerre en Ukraine, le courtier agenais a été particulièrement exposé aux secousses du marché à cause d'une série de lacunes : un positionnement auprès des petits opérateurs alternatifs d'énergie au détriment des plus gros, une trésorerie insuffisante, des outils de suivi clients pas au niveau et une exposition trop forte au marché des particuliers français, qui pèse 95 % de son activité. À tel point que l'entreprise a été placée en redressement judiciaire début octobre avec une ardoise comprise "entre deux et cinq millions d'euros de dette".

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"Nous sommes arrivés à un point où la question est de savoir si cette entreprise, sa marque et ses équipes ont de la valeur sur un marché qui est compliqué mais qui redémarrera forcément un jour. Et la réponse c'est que nous avons eu vingt demandes d'intérêts et sept offres déposées dont quatre pour la reprise d'un périmètre important de l'entreprise", explique à La Tribune Gaël Duval, qui a déjà fait clairement son choix en faveur de l'offre déposée par Affinicia.

Sept repreneurs devant le tribunal de commerce

Outre l'offre déposée par Affinicia et soutenue par Gaël Duval, six autres entreprises se sont positionnées pour reprendre tout ou partie de Jechange.fr. Quatre d'entre elles sont formulées par des courtiers en assurances - Weedev, C2A, Place des finances et Ashler & Manson - tandis que les deux autres émanent de Selectra, qui revendique la position de leader du marché de la comparaison des contrats d'énergie, et du groupe Renaissance.

Deux modèles complémentaires ?

Affinicia, créée il y a cinq ans en région parisienne, est un concurrent direct sur le marché des comparateurs d'offres liées aux télécoms, énergie et assurances. Positionné comme Jechange.fr sur le marché des particuliers, l'entreprise a cependant adopté un fonctionnement commercial très différent, voire opposé. D'une part, elle procède exclusivement par appels sortants pour démarcher des clients, contrairement à Jechange.fr qui opère principalement par référencement sur internet et appels entrants. D'autre part, elle sous-traite la totalité de ses fonctions d'appels à des plateformes de call center basées au Maghreb, tandis que Jechange.fr dispose de ses propres équipes à Casablanca. Deux approches qui pourraient s'avérer complémentaires en cas de reprise, à en croire les deux parties

"Nous avons 25 salariés à Paris et nous avons 1.200 collaborateurs qui travaillent à 100 % pour nous mais qui sont employés par nos prestataires au Maroc et en Tunisie", explique Florian Bardey, le fondateur et président. Avec déjà un pied en Espagne, ce dernier nourrit de grande ambitions pour "passer de près de 20 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2022 à 50 millions d'euros en 2025".

Emmanuel Macron chez JeChange à Agen

En 2018, Gaël Duval avait accueilli Emmanuel Macron au siège de l'entreprise à Estillac (crédits: Agence APPA).

Cette forte croissance d'Affinicia passera-t-elle par l'acquisition de Jechange.fr ? Seul le tribunal de commerce en décidera mais les deux entrepreneurs affûtent leurs arguments pour pousser leur candidature :

"C'est la seule offre qui porte une vision stratégique pour l'entreprise et qui s'engage à reprendre tous les salariés, à rester durablement à Agen et à recruter pour étoffer les équipes sur place", assure Gaël Duval qui met aussi en avant "les complémentarités apportées par Affinicia qui permettront de combler nos lacunes grâce à des meilleurs outils de suivi clients et une assise financière suffisante pour grandir en France et à l'étranger".

"Nous avons une approche complémentaire de celle de Jechange avec la volonté d'être à l'avenir propriétaire de nos outils de production et donc d'ouvrir une plateforme d'appels en France. L'expérience de Jechange sur ce sujet et son expertise dans le digital seront des atouts dans cette stratégie", promet également Florian Bardey, le patron d'Affinicia. "Notre est la mieux-disante sur le plan social", ajoute son directeur adjoint Christian Leclerc qui s'engage à "garder tous les collaborateurs et la marque et à recruter à Agen pour en faire le vaisseau amiral d'Affinicia en France et y retrouver à terme 100 à 150 salariés".

Un activisme qui fait grincer

Mais cet attelage, au sein duquel Gaël Duval conserverait 40 % du capital de la nouvelle entreprise et "un rôle non opérationnel", ne plaît pas forcément à tout le monde. À commencer par les salariés : 26 d'entre eux ont fait savoir leur opposition à ce projet par le biais d'un courrier au tribunal de commerce. La présence du fondateur et directeur général de l'entreprise dans un processus de reprise qui entraînera un abandon partiel des dettes n'a en effet rien d'évident, notamment d'un point de vue légal.

"Il y a dans la situation actuelle un contexte social très dégradé, une anxiété et une inquiétude au sein des équipes quant à ma capacité à rester aux manettes. Mais je veux donner des garanties claires à la fois aux équipes et au tribunal : je n'aurai plus de rôle opérationnel dans l'entreprise auprès des équipes d'Agen et de Bordeaux, je m'en tiendrai à un strict rôle de conseil sur les fonctions que je connais, c'est-à-dire le marketing et le commercial, pour faciliter le passage de témoin", précise Gaël Duval.

Après avoir auditionné les différents candidats ce mardi 5 décembre, le tribunal de commerce d'Agen se prononcera d'ici la fin de l'année sur le repreneur. Pour fonder leur choix, les juges évaluent les offres de reprise sur leurs garanties financières pour permettre une pérennité de l'activité, le maintien du plus grand nombre d'emplois et le paiement des créanciers.

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