La géothermie pour réduire les factures d'énergie des lycées de Nouvelle-Aquitaine

De la chaleur du sous-sol jusqu'aux salles de classe. En Nouvelle-Aquitaine, les économies enregistrées dans des lycées pionniers incitent la région à miser sur la géothermie pour remplacer le gaz.
Neuf des 296 lycées néo-aquitains sont chauffés par géothermie.
Neuf des 296 lycées néo-aquitains sont chauffés par géothermie. (Crédits : Agence APPA)

"Notre facture de gaz de janvier dernier avait triplé par rapport à celle de janvier 2021. Celle de février était cette fois égale à zéro", se réjouit Laurence Colin, proviseure du Lycée des métiers Condorcet, à Arcachon. Depuis février, cet établissement girondin qui forme les élèves aux métiers du tourisme ou de la restauration est l'un des neuf lycées néo-aquitains (sur 296) chauffés par géothermie.

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Le système, auquel sont éligibles quasiment tous les établissements de la région, est alimenté par les quatre puits de la société française Vermilion qui produisent du pétrole... mais aussi de l'eau chaude de 65 à 80 degrés, à 300 mètres de là. Grâce à un échangeur à plaques, les calories de cette dernière sont récupérées pour chauffer à son tour l'eau de la chaudière du lycée. Selon Laurence Colin, "on a eu un peu plus chaud cet hiver, sans doute car on n'avait pas à brider autant pour faire des économies".

245.000 euros d'économie

Deuxième ressource géothermale de France métropolitaine derrière le Bassin parisien, la Nouvelle-Aquitaine a déboursé ces six dernières années 15 millions d'euros pour installer cette source d'énergie dans ses établissements. Cet investissement sera "au moins doublé" dans les années à venir selon le vice-président du conseil régional Jean-Louis Nembrini qui rappelle que la région a dû "voter une rallonge de 10 millions d'euros pour soutenir les lycées qui n'arrivaient plus à payer les factures de gaz".

Au Lycée Victor Louis de Talence, près de Bordeaux, l'eau est puisée en sous-sol puis une pompe à chaleur permet d'augmenter la température selon les besoins de l'établissement. L'installation, qui a coûté 2,3 millions d'euros, a permis une division par 10 des émissions de CO2 et de diviser quasiment par trois le coût d'exploitation (150.000 euros contre près de 400.000), selon la région. La facture de gaz est remplacée par une d'électricité, nécessaire au fonctionnement de la pompe.

Si la crise énergétique remet un coup de projecteur sur la géothermie, elle a longtemps été délaissée par les collectivités. "Il y a quelques années, au prix où était encore le gaz, il fallait compter des temps de retour sur investissement qui étaient souvent de 10 à 14 ans", explique Xavier Pujos, chargé de mission à la région. Et "même si on dit depuis les premiers sommets mondiaux qu'il faut réduire les émissions de CO2, on n'allait pas sur ce terrain".

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Séismes

Aujourd'hui, le retour sur investissement a encore diminué. Si une projection dans les prochaines années est difficile, "on n'aura jamais un prix de kilowatt de l'électricité quatre fois supérieur à celui du gaz", assure Xavier Pujos. Une augmentation qui annulerait les bénéfices de l'installation de Talence.

Quid de la sécurité? En 2019 à Strasbourg, un projet de géothermie profonde (eau puisée à plus de 1.500 m de profondeur) avait été mis en cause après plusieurs séismes. Un risque balayé par Xavier Pujos: "En Alsace, ils opéraient beaucoup plus profondément, avec des risques sismiques. De plus, il s'agissait d'une extraction de matière" contrairement aux exemples néo-aquitains où l'eau est réinjectée dans les sols pour éviter un déséquilibre.

"Les secteurs sur lesquels on a des points de vigilance comme des risques d'effondrement, des mouvements de terrains, sont identifiés", appuie Jérôme Barrière, hydrogéologue du Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM) de la région. La géothermie peut être envisagée mais après l'aval d'experts.

Du côté du BRGM, on assure que les demandes de renseignement ont dernièrement augmenté. "La géothermie est revenue sur le tapis à chaque grande crise énergétique. Le premier boom est apparu après le choc pétrolier de 1979".

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