Les nouvelles ambitions de la gare de La Rochelle après deux ans de travaux

La Rochelle a vécu le week-end à l'heure ferroviaire avec l'inauguration des nouvelles infrastructures de la gare centenaire. Les élus rochelais veulent pousser le développement de ce mode de transport dans une agglomération hyper-attractive au sein d'une région qui jure par le train de demain.
Pour célébrer le centenaire de la gare de La Rochelle, un grand spectacle sons et lumières conçu par la société rochelaise Animalux donne vie aux façades du bâtiment classé monument historique.
Pour célébrer le centenaire de la gare de La Rochelle, un grand spectacle sons et lumières conçu par la société rochelaise Animalux donne vie aux façades du bâtiment classé monument historique. (Crédits : MG / La Tribune)

Les nouveaux aménagements de la gare de La Rochelle (Charente-Maritime) ont été dévoilés au public ce samedi 19 novembre par élus locaux et représentants de la SNCF à l'occasion du centenaire de l'édifice. Avec une réalisation majeure : une passerelle de 300 mètres de long au-dessus des voies ferrées, baptisée passerelle Joséphine Baker, et pensée, comme le pont de la Palombe en gare de Bordeaux Saint-Jean, par l'architecte Marc Mimram. En ajoutant à cela des ascenseurs pour chaque quai, de nouveaux panneaux d'information ainsi qu'une une gare routière, l'agglomération rochelaise livre enfin son projet cœur de mobilité inter-urbaine dans sa version (presque) finale. Débutés en juillet 2020, les travaux vont en effet se poursuivre encore quelques mois car la gare routière, au sud des voies ferrées, est au statut embryonnaire.

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Mais les élus tenaient absolument à marquer le coup cette semaine à l'occasion du centenaire de la gare, inaugurée exactement le 19 novembre 1922 et classée comme monument historique depuis 1995. Pour consacrer l'événement, cinq jours de festivités sont prévus, du 18 au 23 novembre, avec un grand spectacle sons et lumières conçu par la société rochelaise Animalux donnant vie aux façades de la gare. Des animations et une gratuité des transports urbains ont également été mises en places. Coût des célébrations : 300.000 euros. Un couronnement onéreux pour un édifice mais symbolique des ambitions portées par le nouveau projet ferroviaire rochelais qui veut agrandir son rayonnement.

Passerelle gare de La Rochelle

La nouvelle passerelle Joséphine Baker, dessinée par l'architecte Marc Mimram (crédits : MG / La Tribune).

« Développer le train du quotidien »

« C'est un temps fort pour la ville de La Rochelle », a marqué le maire Jean-François Fountaine devant une foule de plusieurs milliers de personnes venue assister à l'inauguration.

« Nous voulons développer le train du quotidien avec le TER. Nous définissons actuellement un livre blanc avec la région Nouvelle-Aquitaine pour faciliter aux habitants des alentours l'accès au cœur de notre ville. Nous voulons renforcer les liens avec Bordeaux et Nantes. Il s'agit aussi de faire de cette gare un lieu multimodal, où l'on peut arriver en train, en bus, en taxi ou à pied », a-t-il énuméré.

Un budget important pour la seconde gare régionale

Le coût total des travaux s'élève à 38 millions d'euros, abondé à 7,7 millions par la Communauté d'agglomération de La Rochelle, 6,6 millions par la Région, 6 millions par l'Etat et 5 millions par l'Europe. De son côté la SNCF, entre ses deux filiales Réseau et Gares et connexions, a participé pour un total de 6,2 millions d'euros. La ville de La Rochelle et le Département de la Charente-Maritime ont également bouclé le financement. A titre d'exemple, les travaux de la gare Saint-Jean à Bordeaux menés entre 2015 et 2017 pour accueillir la LGV arrivant de Paris avaient nécessité un budget six fois supérieur, tout en sachant que la première gare régionale est huit fois plus fréquentée que celle de La Rochelle et ses 2 millions de voyageurs annuels.

La région pousse son destin ferroviaire

Il y a aussi, dans ce contexte de nouveau départ, des enjeux importants d'attractivité. Les élus de l'agglomération souhaitent revivifier la fréquence de TGV qui n'aura pas encore retrouvé son niveau d'avant Covid. Jean-François Fountaine ne s'en est pas caché, en glissant son souhait aux représentants de la SNCF : « Quelques TGV de plus, et on sera contents ! » C'est évidemment la liaison avec Paris que l'édile cible, visiblement pas effrayé par la flambée démographique et la pression immobilière galopantes ces dernières années. Fin octobre 2022, le prix moyen du m2 pour un appartement ancien à La Rochelle était affiché à 4.725 euros, en hausse de 3 % sur un an, selon SeLoger. Seule la ville de Bordeaux, calée à 5.002 euros du m2 (en hausse de +0,6 % sur un an) connaît plus élevé dans la région.

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Avec une gare modernisée, la poussée de La Rochelle comme pôle d'attraction devrait encore s'accélérer. « On voit grâce à la dynamique des transporteurs, et en particulier TER, qu'on a une croissance des trafics à peu près à deux chiffres ici et sur la région Nouvelle-Aquitaine. Avec ce nouvel outil à La Rochelle, on s'attend à avoir des croissances encore plus importantes », affirme Florent Kunc directeur régional de SNCF Gares et connexions, pour La Tribune.

La gare rochelaise symbolise également le fort engouement pour les activités ferroviaires qui s'observe en Nouvelle-Aquitaine. Le projet Ferrocampus du côté de Saintes, piloté par le conseil régional, planche sur le train décarboné de demain et tous les systèmes (électroniques, énergétiques et infrastructures) qui permettront sa réalisation. Dans l'agglomération rochelaise, le fleuron français Alstom est engagé sur le projet d'assemblage du TGV M, dont la première rame est sortie d'usine en septembre dernier. Mais la modernisation de la gare survient aussi dans un moment de crainte pour le monde ferroviaire français, où la culture historique du service public se voit bouleversée par l'ouverture à la concurrence sur certaines lignes régionales. Comme celle entre Nantes et Bordeaux, sur laquelle La Rochelle pourrait bientôt accueillir ses premières rames privées.

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