Télémédecine : Satelia va déployer en Europe sa solution 100 % remboursée

La startup bordelaise Satelia lève dix millions d'euros auprès du fonds Impact Partners pour déployer en Europe sa solution de télémédecine. Utilisé pour le suivi de l'insuffisance cardiaque, ce dispositif médical est déjà remboursé à 100 % par la Sécurité sociale en France. Satelia veut l'étendre à cinq maladies et cinq pays européens en cinq ans. Elle prévoit 220 recrutements en trois ans, dont plus d'une centaine de postes d'infirmiers.
Nicolas Pages (tout en haut à gauche), CEO et cofondateur de Satelia, vient de lever dix millions d'euros auprès d'Impact Partners.
Nicolas Pages (tout en haut à gauche), CEO et cofondateur de Satelia, vient de lever dix millions d'euros auprès d'Impact Partners. (Crédits : Satelia)

Plus qu'une startup classique, Satelia se voit d'abord comme un maillon du système de santé. Créée en 2018 par Nicolas Pages, médecin anesthésiste-réanimateur, et Paul Tiba, l'entreprise née dans les couloirs du CHU de Bordeaux présente ainsi la particularité de compter 50 % d'infirmières dans son effectif de 87 salariés. Un positionnement atypique qui s'explique par la nature de son activité : le suivi de pathologies chroniques à distance en combinant une solution logicielle et un solide accompagnement humain, notamment pour les nombreux patients de plus de 75 ans qui ne sont pas à l'aise avec le numérique.

Dispositif médical reconnu

Autre atout de taille, le logiciel de Satelia est reconnu comme dispositif médical doté du marquage CE et est, à ce titre, remboursé à 100 % par la Sécurité sociale en France depuis 2018. Un solide point d'ancrage économique, développé pour le suivi de l'insuffisance cardiaque et rénale, ainsi que la chirurgie ambulatoire puis, bientôt, l'oncologie.

"Satelia aujourd'hui c'est trois choses : le logiciel de télé-suivi des patients reconnu officiellement comme dispositif médical ; une mission de recherche et de publications scientifiques en médecine ; et une plateforme humaine, composée de médecins et d'infirmières, qui assure l'accompagnement des patients suivis", résume à La Tribune Nicolas Pages.

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Des arguments qui ont convaincu le fonds Impact Partners de soutenir le plan d'accélération de Satelia en y investissant un seul ticket de dix millions d'euros. "Satelia est la solution la plus inclusive du marché et cela a été un élément clef dans notre décision d'investissement. Au-delà d'être accessible pour les patients dans les déserts médicaux, la solution l'est aussi pour les patients en situation d'illectronisme", justifie Astrid Fockens, directrice associée d'Impact Partners. Créé en 2007, ce fonds cible les investissements à impacts sociétaux avec 350 millions d'euros sous gestion. Impact Partners vient par exemple d'investir 6,4 millions d'euros dans l'entreprise rochelaise Eurekam, spécialisée dans la lutte contre les erreurs médicamenteuses.

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"Je partage les valeurs d'Impact Partners qui, en tant qu'investisseur unique, nous apporte aussi un accompagnement dans la durée et l'appui de son implantation dans plusieurs pays européens", explique Nicolas Page, qui reste majoritaire au capital de la société. Cette dernière affichait en 2021 trois millions d'euros de chiffre d'affaires pour un résultat de 800.000 euros.

S'imposer sur le marché français

Le CEO a l'habitude d'avancer rapidement et de tenir ses engagements. Et il entend bien continuer à le faire avec cette levée de fonds, la première réalisée par Satelia depuis le seed de 600.000 euros en 2019. Nicolas Pages se fixe ainsi comme objectif d'accélérer sur le marché de l'insuffisance cardiaque où Satelia et sa principale concurrente - Chronic Care Connect, une filiale d'Air Liquide - pèsent chacune autour de 40 % du marché. Ce dernier qui concerne actuellement le suivi de 18.000 patients en France est estimé à un potentiel de 300.000 à 500.000 personnes. "Il faut donc accélérer pour étendre le marché la télémédecine", juge Nicolas Pages.

Satelia a déjà réussi à s'installer en seulement quatre ans dans plus de 220 centres de santé en France et assure que "depuis 2018, plus de 10.000 patients ont été suivis par leurs médecins avec l'aide de Satelia et ont bénéficié du programme de suivi des patients des insuffisants cardiaques".

L'autre objectif de la levée de fonds c'est de renouer avec les ambitions européennes affichées avant le Covid :

"Cette levée de fonds nous permet d'accélérer nos projets pour être dans cinq ans, dans cinq pays avec cinq grandes pathologies chroniques couvertes. L'enjeu pour nous c'est de prouver notre efficacité afin d'être remboursé également dans les systèmes de santé respectifs de ce pays."

Et pour objectiver encore son impact médico-économique, Nicolas Pages s'est lancé dans une vaste étude portant sur 20.000 patients en Europe pour mesurer les gains en termes de santé comme de gains pour la collectivité. Les résultats sont attendus au premier semestre 2023.

220 personnes en plus en trois ans

Satelia vise notamment un déploiement en Allemagne, en Espagne, en Italie, au Royaume-Uni et au Portugal. Déjà traduite, la plateforme actuelle sera entièrement refondue pour laisser place à terme à une application unique européenne. Installée depuis six mois dans des ses propres locaux, à la Bourse maritime de Bordeaux, la startup de 87 salariés prévoit de renforcer ses équipes avec 220 recrutements supplémentaires d'ici trois ans. Développeurs, profils tech, commerciaux et marketing sont au programme mais la startup est aussi et surtout à la recherche de plus d'une centaine d'infirmières. Des postes proposés à Bordeaux ou en télétravail. Et alors que les salariés détiennent déjà 5 % du capital de Satelia, l'entreprise débloque 7 % supplémentaires sous formes de BSPCE (bons de souscription de parts de créateur d'entreprise). L'enjeu ? Attirer et fidéliser les meilleurs profils alors que la guerre des talents est toujours d'actualité à Bordeaux.

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