Le reconditionnement des appareils électroniques, c'est depuis une trentaine d'année le cœur de métier de l'entreprise bretonne Cordon. Implantée à Ambarès-et-Lagrave (Bordeaux Métropole) depuis 2007, elle y emploie 220 salariés qui réparent et reconditionnent des smartphones, box et autres machines à café pour plusieurs grandes marques. Ce jeudi 22 septembre, c'est la ligne Cadaoz Solidaire qui a été officiellement inaugurée. Lancée il y a un mois, elle est le fruit d'un montage tripartite entre Orange, qui fournit les téléphones, Cordon, propriétaire de la marque Cadaoz, des locaux et des outils, et l'entreprise adaptée Handiprint, qui recrute, forme, accompagne et emploie les salariés handicapés. Un modèle voisin de celui du réseau Envie, pionnier de l'économie circulaire implanté notamment dans l'agglomération bordelaise à Lormont et Pessac.

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Une trentaine de salariés à terme

Chez Cordon, cette ligne de reconditionnement mobilise actuellement six personnes en situation de handicap mais devrait bientôt grimper à quinze puis trente salariés. "Ce sont des emplois de proximité qui nécessitent un fort engagement et un fort accompagnement. Le recrutement n'est donc pas évident et on commence tout juste à structurer cette équipe bordelaise", souligne Vincent Levieux, le dirigeant d'Handiprint. Basée dans la Manche, son entreprise emploie 150 salariés en situation de handicap sur différents métiers et a l'habitude de travailler avec Cordon. Ce dernier est un groupe familial originaire des Côtes-d'Armor devenu une référence du reconditionnement. Il opère près d'une trentaine de sites en France et à l'étranger et emploie 2.800 salariés dont 550 salariés en insertion ou en situation de handicap. Avec 23 millions de produits traités en un an, il affiche un chiffre d'affaires annuel de 270 millions d'euros.

Serge Cordon, le PDG et fondateur, a fait le déplacement en Gironde pour inaugurer cette nouvelle ligne de production. L'occasion de plaider sans détours pour le reconditionné : "Contrairement à d'autres plateformes, notamment étrangères, nous attachons beaucoup d'importance à la qualité : on respecte les normes de qualité et les pièces d'origine. Et quand cela permet de créer des emplois locaux pour des personnes en insertion, la boucle est bouclée", met-il en avant. Le reconditionnement comprend des tests techniques sur 45 points de contrôle, l'effacement de données, la réparation avec des pièces certifiées et un contrôle qualité.

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Orange vise 10 % de ses ventes en reconditionné

Chez Orange, c'est Gaëlle Le Vu, la directrice communication et RSE d'Orange, qui est venue couper le ruban, insistant sur la démarche circulaire initiée à Ambarès puisque tout se fait en France :

"Ce sont des smartphones collectés ou rachetés en France auprès de nos clients qui, une fois reconditionnés, seront vendus en France sur notre site et dans nos boutiques. On les vend avec la même garantie de deux ans que les produits neufs ! Pour nous, c'est un élément de business qui prouve qu'on n'oppose pas une stratégie environnementale à une stratégie de croissance et de création d'emplois en France."

Avec en 2022 encore moins de 5 % de ses ventes de smartphones réalisées en reconditionné, la dirigeante d'Orange reconnaît qu'il s'agit encore d'un premier pas. Mais Gaëlle Le Vu rappelle l'objectif de l'opérateur dans le cadre de son programme Re (réparation, reprise, recyclage, reconditionné) : atteindre 10 % de ventes en reconditionné dès 2025. Depuis 2017, ce sont ainsi 2,23 millions de smartphones qui ont été reconditionnés par Orange.

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En combinant les économies sur le transport et sur la fabrication des pièces neuves, Cordon estime qu'un smartphone reconditionné par ses soins représente 2 kg de CO2 contre 40 kg de CO2 pour le même téléphone qui serait reconditionné en Asie. En comparaison, l'empreinte d'un smartphone neuf est évaluée à environ 85 kg de CO2 en moyenne par le cabinet Deloitte. En France, près de 16 millions de smartphones ont été vendus pour la seule année 2021, un chiffre en baisse de 10 % sur trois ans, selon le cabinet GFK. Plus largement, le secteur du numérique dans son ensemble est responsable de 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, dont la moitié pour la fabrication des équipements et infrastructures, et la croissance des usages promet un doublement de cette empreinte carbone d'ici 2025.