Un métro à Bordeaux ? Une hypothèse désormais consensuelle face au mur de 2030

Alors que Bordeaux Métropole vient d'annoncer la réalisation d'une étude d'opportunité en 2023 sur un projet de métro, les élus de l'agglomération se rejoignent sur la nécessité d'explorer cette hypothèse pour l'après 2030, quand le réseau de tramway, même poussé au maximum, ne suffira plus.
Les nouvelles rames qui équipent la ligne B du métro à Lyon.
Les nouvelles rames qui équipent la ligne B du métro à Lyon. (Crédits : Alstom / La Mobylette Jaune)

Lors de sa conférence de presse de rentrée, Alain Anziani, le président (PS) de Bordeaux Métropole, a égrainé les multiples projets et infrastructures de mobilités prévus d'ici 2026 : le RER métropolitain ; le prolongement du tram A jusqu'à l'aéroport en 2023 ; le projet de téléphérique au-dessus de la Garonne à l'horizon 2025 ; la sélection des six opérateurs de free-floating, le chantier du pont Simone Veil, l'avancée du la ligne à grande vitesse au sud de Bordeaux, la mise en place d'une zone à faibles émissions et le groupe de travail commun avec l'Etat sur la rocade. Il n'a pas été question en revanche du projet de métro alors même que la Métropole vient d'acter le lancement d'ici la fin de l'année d'une étude d'opportunité sur le sujet dont les conclusions sont attendues pour le deuxième semestre 2023.

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Interrogé sur le sujet, Alain Anziani qui, il y a encore 18 mois, avait clairement exclu l'option d'un métro à Bordeaux jugé trop cher, trop lointain et trop complexe, a sensiblement fait évolué sa position :

"L'objectif de cette étude n'est pas de décider mais de savoir combien ça coûte et est-ce que c'est possible. Une fois qu'on aura ces éléments, on discutera entre nous pour savoir ce qu'on peut faire et ce qu'on veut faire", a-t-il répondu évoquant un horizon pour le métro "à dix ou vingt ans qui ne doit pas masquer tout le travail que l'on mène sur les mobilités aujourd'hui".

"C'est inévitable"

Ce n'est pas un grand oui au métro mais c'est déjà un évolution notable maintenant que le Schéma des mobilités jusqu'en 2026 et la délégation des transports publics jusqu'en 2030 ont été adoptés. Il y a aussi un principe de réalité : personne ne sait vraiment ce qu'il conviendra de faire après 2030. Le réseau de tramway en étoile initié en 2001 par Alain Juppé et plusieurs fois étendu depuis arrivera alors au-delà du maximum de ses capacités. Les prévisions démographiques dessinent une métropole quasi-millionnaire en 2030 contre plus de 800.00 habitants actuellement. Avec le report modal attendu, cela devrait entraîner a minima une augmentation de moitié du nombre de déplacements quotidiens en transports en commun. Sans compter la concurrence croissante en surface entre la circulation automobile, le tramway, les bus, les voies cyclables et les piétons.

Du côté de l'opposition, on applaudit donc le lancement de cette étude sur le métro : "La nouvelle DSP prévoit d'augmenter la fréquence des rames de tramway en passant à 2 minutes 30 [contre entre 3 et 5 minutes actuellement, NDLR]. C'est le bout du bout de ce qu'il est possible de faire avec le tram, ensuite on sature quoi qu'on fasse !", observe ainsi Christophe Duprat, le maire LR de Saint-Aubin-de-Médoc et ancien vice-président aux transports. "Cette étude d'opportunité c'est donc un grand oui. D'autant que si on ne fait pas le métro, qu'est-ce qu'on fait après 2030 ? Personne n'a la réponse aujourd'hui..."

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"Explorer l'hypothèse du métro est inévitable, je l'ai dit et répété !", appuie à son tour Patrick Bobet, le maire LR du Bouscat et président de la Métropole de 2019 à 2020. "Cette étude est une bonne chose même si on a perdu deux ans par dogmatisme. Il faut mettre le prix pour avoir une étude précise sur laquelle appuyer notre décision".

C'est sous sa présidence que la dernière étude exploratoire sur le métro a été réalisée... avant de rester dans un tiroir à l'approche des élections municipales.

Les autres métropoles déjà convaincues

Lyon, Marseille, Lille, Toulouse, Lyon, Rennes et, peut-être, bientôt Nantes. "Toutes les grandes métropoles comparables ont soit déjà plusieurs lignes de métro soit s'y intéressent de près, ce serait étonnant que Bordeaux soit la seule métropole à ne pas se poser la question !", renchérit également le maire centriste de Talence Emmanuel Sallabery, partisan de longue date d'un métro.

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En plus de ces trois élus de poids de droite et du centre, les élus communistes et le maire écologiste de Bègles y sont également favorables. C'est d'ailleurs Clément Rossignol-Puech, en sa qualité de vice-président de Bordeaux Métropole aux stratégies des mobilités, aux mobilités alternatives et à la prospective 2030-2050, qui a donné le feu vert :

"On va mandater un cabinet spécialisé avec une enveloppe de l'ordre de 100.000 euros pour mesurer l'opportunité d'une telle infrastructure : les avantages et les inconvénients, l'impact sur les déplacements et les correspondances, le coût et le calendrier", indiquait-t-il à La Tribune il y a quelques jours. "Ensuite, quand on aura tous ces éléments, il faudra avoir un nouveau débat politique sur la suite à y donner. Dans tous les cas, on parle de 2030-2050."

Principal concerné par le potentiel chantier, le maire écologiste de Bordeaux, Pierre Hurmic, n'a lui jamais été favorable à un projet de métro. S'il n'est pas opposé à cette étude d'opportunité, il n'en est certainement pas à l'origine et appelle à "raisonner d'abord en termes d'usages et de besoins plutôt qu'en termes d'infrastructures".

Quels sont les tracés envisagés ?


  • L'étude exploratoire de 2019 envisage un tracé d'une ligne (10 stations) ou deux lignes (21 stations) se croisant à Mériadeck pour un coût allant de 1,5 à 3 milliards d'euros. De son côté, l'association Métro de Bordeaux a affiné son projet à l'été 2021 autour d'une ligne unique de métro de 19 km et 18 stations desservant Cenon, Bordeaux, Talence, Pessac et Gradignan dont le coût est évalué à au moins deux milliards sur dix ans. À titre de comparaison, le budget annuel de la Métropole alloué aux transports en commun pour 2022 est de 427 millions d'euros.

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Commentaires 6
à écrit le 18/09/2022 à 8:27
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Ah que de grands projets en perspective !! Combien se réaliseront t-ils réellement et quand ? Toujours rien sur un contournement autoroutier du trafic qui congestionne l'agglomération !! Toujours rien pour décongestionner les accès au stade matm...

le 18/09/2022 à 16:21
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Moins de déplacement = moins de congestion = moins de match ;-) Le monde ne va pas vers le toujours plus, il faudra en prendre conscience!;-)

à écrit le 16/09/2022 à 14:17
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Donc l'idée de juguler l'immigration parisienne semble définitivement enterrée c'est bien ça ? Tu m'étonnes avec tout le fric qu'ils ont... Au secours, d'autant que cela va coûter très chère dans une ville construite sur des marécages.

à écrit le 16/09/2022 à 13:09
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Le "Hic !" c'est que la ville ne représente plus un futur mais un passé et la concentration de la main d'oeuvre n'est plus nécessaire! Par contre, elle est de plus en plus nécessaire en campagne!

le 16/09/2022 à 22:05
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Mais l'habitat disséminé en campagne à un coût très élevé : Entretien des réseau d'eau potable, réseau d'assainissement, réseau électrique et réalisation des réseaux de communication (fibre, antenne 4-5G ...). Alors qu'en ville il est très efficient....

le 17/09/2022 à 9:06
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La question qui se pose, c'est de quoi vont vivre nos citadins s'il n'y a de revenu généré ? L'autonomie est bien plus facile en campagne!

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