
A l'angle de la rue Vital Carles et de la rue porte Dijeaux, en face de la librairie Mollat, la nouvelle boutique Altermundi aux façades orangées se détache du paysage. "Avec les équipes, on a ressenti une certaine énergie dans le centre-ville de Bordeaux", confie à La Tribune Thibaut Ringô, le directeur général.
Fondé en 2003 à l'initiative du Groupe SOS, groupe associatif français qui lutte notamment contre l'exclusion professionnelle, Altermundi se positionne comme l'un des pionniers dans le marché des produits responsables. Une centaine de marques, une cinquantaine de collaborateurs, 12 boutiques dans la capitale pour un chiffre d'affaires de sept millions d'euros en 2021, Altermundi fonctionne aujourd'hui à plein régime. Le réseau vise les neuf millions d'euros en 2022, ce qui représenterait un bond de +130 % par rapport à 2019, avant la crise sanitaire.
Depuis cinq ans, la marque Altermundi prend de plus en plus d'ampleur, surfant sur un mouvement de fond poussant à une consommation plus intelligente. Après l'ouverture de douze boutiques sur Paris, elle décide de s'installer en région, à Bordeaux où elle ouvre sa plus grande boutique à ce jour avec une surface de 200 m2. Une équipe de six personnes spécialisées dans le domaine se charge d'accompagner les clients.
Altermundi s'étend sur 200 m2 dans les anciens locaux de l'enseigne Desigual (crédits : Altermundi).
Un travail de pédagogie
L'enseigne se lance le défi de "remettre l'économie au service de l'humain et de concilier l'achat plaisir et l'éco-responsabilité", déclare Thibaut Ringô. Sensibiliser, éduquer les consommateurs devient, alors, la stratégie principale de vente pour l'enseigne. Le "commerce éthique et responsable" est placé au cœur du projet. Mais la marque reste, aussi, très attachée à sa vocation sociale d'entreprise d'insertion.
Plus encore, Altermundi dénonce les phénomènes de surconsommation ou encore de fast-fashion. "On essaie de faire comprendre aux gens qu'il faut acheter des produits qui vont durer dans le temps", assure Thibaut Ringô. Ciblant d'abord une clientèle aisée et diplômée de centre-ville, majoritairement féminine, l'enseigne fait aussi en sorte de proposer plusieurs gammes de produits avec des entrées de prix différentes, afin d'ouvrir l'accès au commerce responsable à tous les porte-monnaie.
"Le produit parfait n'existe pas"
Face à la concurrence d'autres enseignes déjà présentes à Bordeaux telles que Nature & Découvertes, Altermundi veut se démarquer grâce à son parti-pris : "On a à cœur de mettre à l'honneur les marques avec lesquelles nous travaillons, chose que ne font pas forcément les autres enseignes", juge Juliette Vallet, chargée des relations médias. "Depuis l'ouverture, la boutique ne désemplie pas !", ajoute-elle. Les deux salariés sont convaincus par la stratégie commerciale mise en place par Altermundi tout en restant conscients des limites que pose malgré tout ce type de consommation. "Le produit parfait n'existe pas", soutient Thibaut Ringô. "Nous avons des produits vegan mais nous vendons aussi des produits à base de cuir animal", ajoute-il.
Mais, d'après les équipes, les Bordelais semblent séduits par la proposition de la boutique, et ouverts aux différents messages qu'elle véhicule. Afin de poursuivre dans cette dynamique, Altermundi fait entrer de nouvelles marques de la région Nouvelle-Aquitaine notamment Zeta, une enseigne de chaussures recyclées à base de maïs et de raisin.
Une vocation sociale
Plus que de simples concepts store pour faire faire changer les modes de consommation des Français, Altermundi a une vocation sociale forte. 100 % détenue par le groupe SOS de l'économie sociale et solidaire, l'enseigne lutte contre l'exclusion professionnelle. Etrangers, personnes éloignées du monde de l'emploi, avec des difficultés, 20 % des salariés sont en insertion professionnelle.
Le commerce responsable pris dans son terme le plus large (bio, recyclage, réemploi etc) attire de plus en plus les consommateurs comme les entreprises et associations petites et grandes. Les boutiques positionnées sur ce créneau se multiplient dans les rues du centre-ville de Bordeaux à l'instar d'ïkos ou d'Everso. La prise de conscience des consommateurs sur les enjeux sociaux et environnementaux semble de plus en plus concrète. De son côté, Altermundi s'étendra prochainement dans d'autres centres-villes à Lyon, Strasbourg et Lille.
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