Solikend séduit avec sa formule de tourisme solidaire de proximité

Avec la levée des restrictions sanitaires, Solikend peut enfin trouver son marché. Créée à l'aube de la crise Covid, la startup basque propose de séjourner dans des hôtels, en France et hors-saison. Le prix de la chambre est alors reversé à des associations
Yoann Magnin, co-fondateur de Solikend (à droite).
Yoann Magnin, co-fondateur de Solikend (à droite). (Crédits : Solikend)

"Nous avons démarré en septembre 2019, soit quelques mois avant la crise sanitaire qui a particulièrement frappé le secteur hôtelier. Depuis le début de cette année, l'activité est enfin bien partie : nous avons enregistré mille nuitées solidaires entre début janvier et fin avril, soit autant qu'en deux ans", explique, soulagé, Yoann Magnin, co-fondateur de Solikend.

Cette startup créée avec Guillaume Magda et Lucille Ducalet, qui a depuis quitté l'aventure, est installée à Izarbel, la zone d'activité autour de l'Estia (Bidart). Elle pouvait déjà mesurer l'enthousiasme pour son idée auprès des hôtels, des associations et des entreprises, ses trois partenaires, mais pas encore réellement auprès du grand public en raison de la crise sanitaire. Cette idée ? Répondre à deux problématiques majeures : le manque de vacanciers pour les hébergements de tourisme en basse et moyenne saison et le manque de financements pour les associations. Leur réponse ? Convaincre des hébergeurs de proposer des séjours, hors saison, en acceptant que la totalité de la somme soit reversée à une association.

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Ils sont respectivement 164 et une quarantaine à avoir dit « oui » à Solikend. Côté lieux, il s'agit d'hôtels, y compris des palaces, mais aussi de campings désormais, en Nouvelle-Aquitaine comme le Camping VVF de Saint-Jean-Pied-de-Port ou encore l'hôtel Araya à Sare (Pyrénées-Atlantiques) et l'hôtel Thermal à Saubusse (Landes), mais de plus en plus aussi ailleurs en France. "Ce sont des hébergeurs engagés, notamment en matière d'écologie, qui se traduit par exemple par le label Clé Verte ou Ecolabel européen, qui seront rapidement rejoint par d'autres, car notre formule suscite beaucoup d'intérêt", constate Yoann Magnin, soulignant se limiter à la France pour encourager uniquement le tourisme de proximité.

Et cet ingénieur en développement durable de formation, ayant débuté sa carrière au Ministère de l'Ecologie, d'énumérer les associations partenaires - internationales, nationales ou locales telles que Médecins du Monde, Water Family ou encore le Diaconat de Bordeaux - dont il en a connu certaines en tant que bénévole. Un troisième groupe de partenaires est apparu cette année : des entreprises, une trentaine à date dont l'assureur Allianz, qui récompensent leurs salariés à travers des cagnottes ou des cartes cadeaux Solikend, tout en les associant à leur démarche RSE.

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Un prix variable

"Je n'étais pas familier avec l'hôtellerie, mais l'essai début 2018 avec sept hôtels, a été concluant. Aujourd'hui encore, nous ne fonctionnons que grâce au bouche-à-oreille", pointe le cofondateur de la startup, labellisée entreprise solidaire d'utilité sociale (Esus) par l'Etat. Dans le détail, les hôtels partenaires s'engagent à proposer une seule chambre par date à laquelle ils ne sont habituellement pas complets avec un maximum de 20 à 60 dates par an selon la taille de l'établissement. Les réservations peuvent se faire sept mois à l'avance jusqu'à la veille, mais, contrairement à d'autres plateformes, elles ne sont ni annulables ni remboursables. Le prix, enfin, du séjour est choisi par le client et varie, selon sa générosité, entre 90 % et 110 % du prix suggéré par l'hébergeur, qui est un tarif de basse ou moyenne saison.

"Toutes les parties sont gagnantes : les clients qui bénéficient de tarifs attractifs, les associations qui obtiennent des fonds et les hôteliers qui économisent des frais de publicité et peuvent d'ailleurs bénéficier d'une déduction fiscale comme pour du mécénat classique. Surtout, ils font un geste valorisant, apprécié par leurs salariés, en se faisant souvent, de plus, connaitre d'un public nouveau", explique Yoann Magnin.

Les hôtels et campings participants bénéficient, de plus, d'une passerelle depuis Solikend vers leur propre site pour encourager les clients à la réservation directe, évitant ainsi aux hôteliers de reverser des commissions à Booking et autres plateformes de ce type. Solikend, pour sa part, se rémunère grâce à une contribution des utilisateurs et un abonnement annuel des associations, hôtels et entreprises. "Solidaire ne veut pas dire non-rentable, nous le sommes, mais avec une logique d'intérêt général et non pas avec le désir de revendre notre startup", souligne Yoann Magnin, se réjouissant d'embaucher bientôt ses deux premiers salariés. Solikend vise 250 hébergements partenaires à la fin de l'année et compte d'ici-là quadrupler voire quintupler le nombre de nuitées devrait par rapport aux quatre premiers mois de l'année.

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