Voyants au vert et prudence à la Banque populaire Aquitaine Centre Atlantique

Les comptes 2021 de la Banque populaire Aquitaine Centre Atlantique font apparaître un résultat en légère hausse, dans la droite ligne de l'exercice 2020. La banque coopérative, qui veut accélérer sur ses engagements en faveur de la transition énergétique, affiche aussi une certaine prudence quant à l'évolution imprévisible de la conjoncture économique.
Sylvie Garcelon, la directrice générale de la Banque populaire Aquitaine Centre Atlantique.
Sylvie Garcelon, la directrice générale de la Banque populaire Aquitaine Centre Atlantique. (Crédits : BPACA)

Jusqu'ici tout va bien mais cela n'empêche pas Sylvie Garcelon de choisir avec soin chacun de ses adjectifs pour qualifier la conjoncture économique de ce printemps 2022, quelques jours après l'assemblée générale de la Banque populaire Aquitaine Centre Atlantique (BPACA) qui s'est tenue à Pau, dans le Béarn. "Une approche assez prudente", "un début d'année incertain" et des clients professionnels et particuliers aux comportements "attentifs, voire un peu inquiets". Pas d'alarmisme donc mais un attentisme certain constaté par la directrice générale de la banque régionale :

"Le mur des défaillances d'entreprises n'est pas arrivé pour l'instant et, tout compte fait, on se dit qu'il ne va peut-être pas arriver. Cela fait trois ans que nous sommes inquiets et que la situation s'avère finalement moins pire que ce que nous avions imaginé ! Mais ce que l'on constate aujourd'hui c'est surtout de l'attentisme. Il y a des achats et des investissements, notamment pour sécuriser des matières premières tant qu'il y en a, mais il y a aussi moins d'opérations d'investissement ou de restructuration dans l'attente de voir ce qu'il va se passer dans les prochains mois. Un léger ralentissement".

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Une bonne dynamique commerciale

Dans ce contexte "pas complètement serein", la banque régionale affiche en 2021 un produit net bancaire (équivalent du chiffre d'affaires) de 437 millions d'euros (+1,1 % sur un an, soit une évolution identique à celle de 2020). Le résultat net regrimpe à 72,6 millions d'euros, soit un redressement de +2,3 % sur un an après la baisse de -11 % subie en 2020. L'encours global de crédits, hors PGE, atteint 17 milliards d'euros sur l'année 2021, en hausse de +10,2 %.

"Le premier trimestre 2022 a été très dynamique tant dans l'immobilier que dans nos clientèles entreprises qui poursuivent leurs investissements. Nous sommes désormais attentifs à la suite dans ce contexte de hausse des taux qui s'installe", pointe Sylvie Garcelon qui revendique 38.000 nouveaux clients en 2021, dont 31.000 particuliers et 7.000 professionnels.

D'autant que la flambée des prix de l'énergie et des matières premières pourraient aussi fragiliser un certain nombre de clients professionnels : "Les marges de beaucoup d'entreprises vont se tendre avec cette hausse des coûts. Et la fin progressive des prêts garantis par l'État risque de créer quelques difficultés de trésorerie. On voit d'ailleurs une légère hausse du nombre de défaillances même si on reste loin des niveaux de 2019. Ce sont les plus petites entreprises qui sont les plus fragiles", complète Patrick Collas, le directeur général adjoint. Car s'il y a bien eu quelques remboursements anticipés des PGE (prêts garantis par l'État), notamment dans le secteur du tourisme qui a finalement redémarré, certaines entreprises conservent ces prêts comme une trésorerie de précaution au regard de l'incertitude actuelle. De son côté, prudente, la BPACA a provisionné 57 millions d'euros en coût du risque au titre de l'année 2021.

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Du côté des crédits immobiliers, avec la perspective de hausse des taux qui se concrétise, l'activité est qualifiée "d'extrêmement dynamique" par la BPACA au premier trimestre, particulièrement en Gironde et sur le littoral aquitain.

Le plan stratégique se met au vert

La banque régionale a également acté son nouveau plan stratégique bâti autour de trois axes : la qualité de la relation client, la marque employeur et l'engagement dans le développement durable. Sur ce dernier point, c'est Stéphane Kolb, le directeur général adjoint en charge de l'ingénierie financière, des opérations et de la transition énergétique, qui est aux manettes. Baptisé "Climat change", le plan poursuit trois objectifs "demandés à la fois par nos clients et par nos collaborateurs", selon Stéphane Kold, qui développe :

"Le premier c'est d'accompagner tous nos clients professionnels dans leurs projets de transition climatique, de rénovation énergétique du bâti, de mise en conformité de leurs flottes de véhicules avec les zones à faibles émissions, le déploiement d'équipements de production d'énergies renouvelables, etc. Le pendant de cela c'est de former activement nos équipes à ces nouvelles problématiques et ces nouveaux impératifs environnementaux. Enfin, l'objectif est de nous appliquer à nous-mêmes ces objectifs de réduction des émissions de CO2."

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La BPACA vise ainsi une réduction de -10 % de ses émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2024 : "C'est une baisse cinq à six fois plus importante que ce que nous avons réussi à faire de 2017 à 2019 ! On va toucher à notre immobilier, réduire les surfaces, les rendre moins énergivores, adapter nos flottes automobiles, modifier nos achats et nos comportements numériques, etc. Il y a beaucoup de sujets très variés et très concrets", illustre Stéphane Kolb, qui précise cependant qu'aucune des 216 agences bancaires ne sera fermée.

L'autre objectif de BPACA c'est d'atteindre en 2024 10 % des octrois de crédits fléchés vers des projets de transition énergétique. Pour y arriver, la banque va se lancer dans un vaste travail d'inventaire pour qualifier la taxonomie de ses prêts. Des prêts à impacts, dont le taux est modulé par le respect de critères environnementaux et sociaux, seront également distribués "dans les prochaines semaines", à l'instar de ce que proposent déjà des concurrents tels qu'Arkéa Banque ou encore le Crédit coopératif.

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