Éolien offshore à Oléron : comment la filière régionale compte capter les retombées

DOSSIER (3/4). Après des mois de débat, la commission particulière du débat public a remis son rapport sur le projet de parc éolien offshore prévu au large de l'île d'Oléron d'ici à 2030. Et les acteurs régionaux de la filière comptent bien se positionner sur cet appel d'offres aux retombées conséquentes en termes d'emplois et d'activités économiques. La Tribune publie cette semaine une série de quatre articles pour aborder les différentes facettes de ce projet contesté.
(Crédits : Maritime Kuhn)

Si le projet de parc éolien offshore prévu au large de la Charente-Maritime suscite une vive opposition de la part des associations environnementales, des marins-pêcheurs et de la plupart des élus concernés, il est en revanche synonyme de belles perspectives économiques pour nombre d'acteurs locaux. D'après l'association Aquitaine blue énergies (ABE), fondée en mai 2021 par sept partenaires pour fédérer les acteurs régionaux de la filière énergies marines (1), un parc éolien de 500 MW génère en effet de l'ordre de 650 ETP en phase de construction, et d'environ 160 ETP en période de maintenance.

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"Parmi les scénarii étudiés, la part de contenu local du projet, qui doit être selon nous une exigence du cahier des charges de l'appel d'offres, pourrait atteindre 22,7% à 31%", analyse-t-elle d'ailleurs dans son cahier d'acteurs soumis au débat. En écho, le ministère de la Transition écologique et RTE, maîtres d'ouvrage du projet, estiment entre "20 % et 25 %" la part du coût du projet qui pourrait effectivement être captée par les acteurs régionaux.

Le projet en bref


  • Porté par l'Etat et par RTE, le projet « éolien en mer en Sud-Atlantique » prévoit à horizon 2030 un premier parc de 35 à 70 éoliennes posées au large des côtes charentaises, d'une puissance cumulée de 0,5 à 1 GW. Et éventuellement un second parc, posé ou flottant, d'une puissance d'au plus 1 GW. Avec un coût global estimé entre 1,5 et 3 milliards d'euros. Il s'inscrit dans la continuité d'un premier projet de 600 MW envisagé dès 2015, et réorienté depuis, au regard des objectifs inscrits dans la Programmation pluriannuelle de l'énergie : le lancement de projets éoliens pour une puissance cumulée de 3,35 GW entre 2019 et 2023, puis d'un GW par an ensuite.

La filière plaide pour lancer rapidement un projet

Comme tout projet industriel, l'installation du parc éolien ne sera pas sans conséquence environnementale. Si la filière ne le nie pas, elle assure que ces impacts resteront limités à la phase de construction, et avance la compatibilité du développement des parcs éolien en mer avec les objectifs de gestion des zones Natura 2000 et des Parc naturels marins.

La fédération France énergie éolienne (FEE) et le Syndicat des énergies renouvelables (SER) plaident d'ailleurs d'une même voix pour la réalisation d'un premier projet d'1 GW "dans la zone d'étude initiale du débat" - là où la CPDP suggère d'éloigner le projet des côtes - pour répondre à "une nécessité de mise en service à plus brève échéance", avant d'engager un second projet dans la zone d'étude élargie soumise au débat, "d'une puissance pouvant atteindre 2 GW" (voir les cahiers d'acteurs de FEE et du SER).

Outre le risque de retarder le projet, son éloignement des côtes n'est pas non plus sans risque sur les retombées économiques attendues par les acteurs locaux, souligne pour sa part ABE : "À mesure que l'on s'éloigne de la côte et du Port de la Rochelle, la concurrence avec les navires et ports étrangers sera plus rude : loin des côtes, avec des conditions de mer plus difficiles, l'avantage concurrentiel dont le territoire pourrait bénéficier serait amoindri."

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« Déjà une réalité industrielle dans la région »

Or, cette concurrence est déjà largement à l'œuvre. Président de l'association Aquitaine Blue Energie, François Georges Kuhn le sait bien : il dirige le groupe de logistique portuaire Maritime Kuhn, d'ores et déjà impliqué dans le déploiement des parcs éoliens offshore en cours de construction. "C'est nous qui gérons le hub logistique de La Rochelle, où sont stockées et chargées les fondations et les pièces de transition du parc éolien de Saint-Nazaire", souligne-t-il auprès de La Tribune. Un déploiement logistique entamé en 2021 et qui entre dans sa dernière phase : les quatre premières éoliennes du parc de Saint-Nazaire, qui doit être mis en service d'ici la fin de l'année, ont été installées mi-avril.

En 2021, Maritime Kuhn affichait un chiffre d'affaires de six millions d'euros sur l'éolien offshore. Une part marginale de son chiffre d'affaire global (150 millions d'euros) mais qui pourrait croître dans les années qui viennent au gré des projets lancés sur le territoire national. "Ce chiffre d'affaires évoluera en dents de scie, en fonction des projets que nous remporterons. Nous avons capté le projet de Saint-Nazaire, mais il en arrive d'autres, à Noirmoutier, Belle île, Oléron..."

Créer un écosystème d'acteurs pour gagner en compétitivité

C'est d'ailleurs l'objectif de l'association ABE : constituer une filière locale capable de répondre de manière plus ensemblière aux appels d'offres émis pour ces futurs parcs. "Aujourd'hui, l'association regroupe une vingtaine de membres, mais nous évaluons à 130 environ le nombre d'entreprises régionales qui opèrent dans le secteur des énergies marines. Nous voulons constituer un écosystème d'acteurs qui puisse offrir aux donneurs d'ordre à la fois un choix logistique et un choix industriel."

Pour l'heure animée bénévolement par ses membres fondateurs, l'association a sollicité une subvention auprès de la Région pour financer le recrutement d'un animateur.

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Cet article est le troisième volet d'une série de quatre épisodes sur le projet de parc éolien offshore au large de l'île d'Oléron, en Charente-Maritime, publiés du 10 au 12 mai 2022 dans La Tribune :

(1) AIS Elec Bordeaux, AMLP - Groupe Maritime Kuhn, Énergie de la Lune, Lecamus, Reel SAS, l'Union Maritime de la Rochelle et Valorem Marine Solutions / Valemo

(2) Les fondations des éoliennes peuvent générer en mer un « effet récif » et attirer la faune et la flore, tandis que l'arrêt de la pêche sur la zone du parc favorise le renouvellement des espèces marines, engendrant de fait un surcroît de population autour du parc.

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