Pourquoi Régaz-Bordeaux croit au scénario 100 % de gaz vert en 2050

Si la méthanisation permet déjà d’injecter du biométhane dans les réseaux de distribution de gaz, d’autres technologies sont attendues pour produire du gaz vert. En s'appuyant sur la sobriété énergétique, le gestionnaire de distribution de gaz Régaz-Bordeaux se veut confiant dans la perspective d’un scénario 100 % gaz vert.
La marche reste encore importante pour remplacer le gaz naturel par du gaz renouvelable.
La marche reste encore importante pour remplacer le gaz naturel par du gaz renouvelable. (Crédits : THOMAS PETER)

Régaz-Bordeaux est optimiste quant à la possibilité pour le gaz vert de remplacer progressivement le gaz naturel fossile. Notamment parce que la consommation tend à diminuer : "En dix ans, nous sommes passés de 210.000 à 230.000 clients tout en ayant un transit annuel en baisse de 20 %", assure ainsi en préambule Geraldo Alves, directeur de la maîtrise d'ouvrage et du développement chez Régaz-Bordeaux. L'entreprise gère la distribution publique de gaz sur 46 communes en Gironde dont 22 dans la métropole bordelaise. Premier enseignement de la décennie écoulée, donc : "L'ensemble des clients a fait des efforts d'efficacité et de sobriété. La transition a commencé !", se réjouit Geraldo Alves qui met en avant l'impact des réglementations thermiques de 2005 et 2012.

"Pour la suite, la stratégie nationale bas carbone en France prévoit de diminuer par deux la consommation de gaz et ainsi de passer de 500 à 250 terawatt-heure (tWh) par an en 2050, ce qui rend d'autant plus facile à atteindre l'objectif de remplacer le gaz fossile par du gaz vert", analyse-t-il.

Et d'ajouter que "si le gaz vert, manufacturé, était jusqu'à présent plus cher, la hausse du prix du gaz du fait de la guerre en Ukraine, rend désormais la bascule réaliste".

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La méthanisation 1ère génération

Mais si Régaz-Bordeaux y croit, c'est précisément parce que la production de biométhane va se multiplier du fait de l'apparition de nouvelles technologies. À ce stade, la méthanisation permet de valoriser les cultures intermédiaires à vocation énergétique, les déchets agricoles, les boues de stations d'épuration, les déchets agro-industriels. A titre d'exemple, quatre méthaniseurs injectent actuellement du gaz bas-carbone dans le réseau Régaz-Bordeaux tandis que deux projets sont en cours. Une unité sera notamment mise en service, l'été prochain, à Bègles pour valoriser les boues de stations dépuration des eaux usées (Step). Une première sur l'agglomération qui sera suivie par l'ensemble des Step de la métropole bordelaise. "La filière humide représente un potentiel de 140 tWh à comparer aux 200 ou 250 ciblés en 2050", relève Geraldo Alves.

Les deuxième et troisième générations dans les tuyaux

Mais c'est sans compter sur la filière sèche qui utilisera du bois. "Il s'agit de la pyrogazéification, procédé thermochimique, qui représente un potentiel important estimé à 180 tWh. Nous en sommes à la phase des prototypes, donc cela ne va pas tarder, y compris localement où des projets vont sortir de terre", assure Geraldo Alves qui parle ici d'un gaz vert de deuxième génération tandis qu'une troisième génération est également annoncée : le power-to-gas, procédé électrochimique, pour transformer le surplus d'électricité photovoltaïque en hydrogène. Un hydrogène vert qui pourrait ensuite être réinjecté dans le réseau de Régaz-Bordeaux.

"Le scénario 100 % gaz vert en 2050 s'appuie donc sur la combinaison de ces différentes technologies, associée à la nécessaire sobriété énergétique", assure Régaz-Bordeaux, qui rappelle que ce scénario prévoit, en 2050, en Nouvelle-Aquitaine, 830 méthaniseurs dont 730 unités de méthanisation, 67 de pyrogazéificaiton et 35 unités de power-to-gaz.

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Qu'est-ce que le gaz vert ?


  • Le gaz vert ou biométhane ou gaz d'origine renouvelable, par opposition au gaz naturel d'origine fossile, désigne la production de méthane à partir de différentes ressources renouvelables, le plus souvent d'origine agricole, qui est ensuite injecté dans le réseau classique de gaz. Il peut s'agir de la méthanisation de déjections animales, résidus de cultures, cultures intermédiaires, bio-déchets, herbe ou algues. Mais le gaz vert peut aussi provenir de la pyrogazéification de bois et de combustible solide de récupération ou de la conversion d'électricité renouvelable excédentaire en gaz, notamment l'hydrogène (power-to-gaz). Le méthane ou l'hydrogène ainsi créés sont ensuite injectés dans le réseau gazier existant pour alimenter les logements, bureaux, usines, fermes et moyens de transport.

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