Pays basque Industries : « Nous avons tous intérêt à partager ! »

INTERVIEW. Huit entreprises industrielles basques viennent de créer l'association Pays basque Industries, qui vise soixante membres fin 2022. Comme dans d'autres régions où des industriels de différents secteurs se sont unis sous la bannière French Fab, leur objectif est à la fois interne et externe : ils souhaitent favoriser la collaboration entre fabricants et promouvoir l'industrie auprès du grand public et des pouvoirs publics. Son président Mikel Charritton, directeur général de Lauak Groupe, détaille la feuille de route.
Mikel Charritton, directeur général de Lauak Groupe et président de Pays basque Industries.
Mikel Charritton, directeur général de Lauak Groupe et président de Pays basque Industries. (Crédits : Lauak)

LA TRIBUNE - De quel constat est né l'association Pays basque Industries (*) que vous présidez ?

Mikel CHARRITTON - Fin 2018, la Communauté d'agglomération Pays Basque (CAPB) a initié une série d'ateliers sur des thèmes divers dans le cadre du programme d'Etat "Territoires d'Industrie" dont l'objectif est la reconquête industrielle par les territoires. C'est ainsi que les huit industriels fondateurs de l'association -All Circuits, Akira, Epta France, Groupe Lopitz, Somocap, Sokoa, Agour et nous, Lauak - ont commencé à collaborer. Nous avons créé l'association en 2021 pour développer l'industrie sur notre beau territoire et mettre en œuvre les initiatives qui avaient émergé. En raison de la crise sanitaire, le lancement officiel n'a pu avoir lieu que le 15 mars dernier, en présence d'Alain Rousset, de Jean-René Etchegaray, président de la CAPB et Sylvie Durruty, vice-présidente de la CAPB à l'économie et à l'innovation.

Quelles initiatives par exemple ?

Notre objectif principal est de partager davantage nos expériences et nos savoir-faire. Entre nous industriels, pour nous faire gagner en compétitivité, mais aussi avec le grand public, qui connaît mal l'industrie, et avec les pouvoirs publics. Nous avons tous intérêt à partager. Pour nos membres, nous organiserons par exemple des "gembawalks" : ce sont des visites de nos ateliers afin de partager nos expériences, notamment sur la modernisation de nos usines, dont la première aura lieu le 29 avril chez le fabricant de sièges de bureaux Sokoa (Hendaye). Ces évènements seront communiqués sur notre nouveau site internet. Nous allons recruter un ingénieur pour coordonner le programme et qui sera par ailleurs chargé de favoriser les échanges avec la communauté French Tech Pays Basque. Un autre exemple concret est l'étude engagée sur la mutualisation de certains achats, comme l'énergie et les emballages. Nous aimerions par ailleurs faire appel ensemble à des consultants ou encore des formateurs, voire partager des salariés entre nous.

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Vous avez tant de mal à recruter ?

Oui. Nous avions nous-mêmes décidé d'un plan de sauvegarde de l'emploi en mai 2020 (600 postes, dont 400 au Portugal et 200 en France, ndlr). Une décision extrêmement difficile, mais qui je le rappelle, avait été prise car les projections de reprise étaient alors très pessimistes avec une reprise du trafic aérien au mieux en 2024. Finalement, la reprises a été là dès juin 2021. Nous aimerions embaucher 150 personnes cette année, après 120 personnes l'an dernier. Or, nous avions déjà le plus grand mal à trouver du personnel qualifié, mais depuis la crise sanitaire, c'est encore pire et cela vaut pour l'ensemble des entreprises industrielles. Nous travaillons tous avec des agences d'intérim et Pôle emploi et assurons des formations complètes à nos différents métiers. Avec Pays Basque Industries, nous devons faire plus, pour promouvoir les industries de notre territoire, surtout auprès des jeunes.

Quelles industries sont représentées au sein de l'association ?

Pays Basque Industries compte 42 membres, soit plus de 600 millions d'euros de chiffre d'affaires cumulé et plus de 4.000 emplois. Le secteur aéronautique est logiquement très représenté, mais aussi l'agroalimentaire, l'électronique, la plasturgie et le meuble. Nous espérons être une soixantaine à la fin de l'année sur un total de 150 entreprises qui pourraient être intéressées par notre démarche. Nous disposons d'un budget de fonctionnement initial de 150.000 euros, dont la moitié provient des cotisations et l'autre moitié des financements publics, que nous aimerions porter à 200 000 euros. De plus, la CAPB nous a indiqué qu'elle pourra abonder des projets spécifiques que nous lui présenterons.

L'un de vos objectifs est de vous rapprocher des décideurs politiques ?

Oui. Nous n'avons pas toujours su trouver l'oreille des politiques. Mais nous allons dorénavant parler d'une seule voix et travailler, je l'espère, main dans la main.

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L'industrie au Pays basque


  • D'après l'Observatoire économique du Pays basque 2020, publié en décembre dernier, par la CABP et la CCI Bayonne Pays basque, l'industrie est le quatrième secteur économique du Pays basque, derrière l'agriculture, le commerce et la construction. Elle représente 4% des entreprises (versus 5% en Nouvelle-Aquitaine) et 10% des emplois (versus 11% pour la région). Le salaire brut moyen est sensiblement plus élevé dans l'industrie, à 2603 euros, loin des 2198 euros de la construction et plus encore de la moyenne de 1825 euros pour la restauration.

(*) Soutenue par la Communauté d'agglomération Pays Basque, la Région Nouvelle-Aquitaine, la CCI Bayonne Pays Basque, elle compte également parmi ses partenaires le Crédit agricole Pyrénées Gascogne, l'Estia et Herrikoa.

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