LA TRIBUNE - De quelle manière vous fournissez-vous en gaz ?
Cyril VINCENT - Nous achetons du gaz naturel en gros sur le marché français auprès d'une quinzaine de fournisseurs. Concernant le gaz vert, la démarche est différente puisque nous travaillons en direct avec les producteurs qui ne sont par ailleurs pas des experts de l'énergie, ce qui est nouveau. Ce qui veut dire que nous changeons de modèle, que nous travaillons désormais en circuit court, et que nos équipes, en particulier, celles en charge de l'approvisionnement, s'adaptent. Nous avons désormais des équipes dédiées sur le sujet du biométhane.
Quelle est votre stratégie en matière de gaz vert ?
L'achat de gaz vert constitue, pour le moment, un faible pourcentage mais nous avons signé 34 contrats d'achat sur 15 ans avec des producteurs de toute la France, dont 21 en Nouvelle-Aquitaine, pour un volume annuel de 500 GWh. Il s'agit majoritairement de projets agricoles. Nous sommes par ailleurs en discussion sur six ou sept nouveaux projets. En ce qui nous concerne, nous avons commencé à injecter du biométhane dans le réseau français en 2019. Pour le prouver, dès qu'une molécule de biogaz est émise, une garantie d'origine est émise, il existe d'ailleurs un registre national. Ceci étant dit, en passant dans le réseau de gaz naturel, le biogaz est mélangé avec le gaz "classique". Il n'est donc pas possible de savoir précisément quel foyer reçoit du gaz vert et cela vaut pour tous les fournisseurs de gaz.
Pourquoi donc souscrire à une offre de fourniture de gaz vert ?
En souscrivant à une offre en gaz vert, le client subventionne et investit dans des projets de biométhane. C'est comme ça qu'il faut le voir, comme un encouragement à la filière de gaz vert ! La facture est un petit peu plus élevée mais le client fait partie des financeurs du verdissement des gaz naturels. Depuis le lancement de cette offre pour les particuliers chez Gaz de Bordeaux, il y a deux ans, un peu moins de 10 % des nouveaux clients choisissent cette offre, mais ce sont les clients professionnels qui ont commencé à amorcer la pompe. Cette demande est primordiale car s'il faut des producteurs convaincus, il faut qu'en face des clients répondent présent et acceptent de payer une partie de ce surcoût lié à la production. Car même si, avec la crise actuelle et la flambée des prix de l'énergie, le biométhane pourrait devenir rentable, nous ne savons pas si ce sera valable les 15 prochaines années. Le biométhane est actuellement acheté entre 80 et 100 euros du MWh selon les tarifs de rachat fixés par l'Etat tandis que le gaz naturel classique se situe aux alentours de 100 euros.
Les écarts de prix sont de quel ordre pour le client final ?
Le surcoût sur la facture d'un client final est relativement fluctuant, mais en moyenne, si le client payait son gaz naturel à 100 euros MWh, ce qui n'est pas le cas en raison du bouclier tarifaire, le gaz vert serait 15 % plus cher. Mais en raison du bouclier tarifaire sur le gaz qui a bloqué le prix aux alentours de 60 euros pour les clients et parce que le biométhane n'a pas changé de prix, le surcoût est de l'ordre de 20 à 25 %. Il y a donc effectivement un surcoût mais nous estimons que le biométhane est l'avenir du gaz naturel et nous n'avions pas besoin de la crise actuelle pour le savoir. Dans ce contexte, notre rôle consiste à continuer à proposer du gaz français, à sécuriser nos sources de production et à susciter la demande en gaz vert. Cela commence par expliquer l'existence du biométhane. Nous en sommes là !
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