Qualité, densité, foncier : les architectes se mêlent de l'élection présidentielle

Alors que le logement brille par son absence dans une campagne électorale sous cloche, les architectes néo-aquitains veulent se faire entendre en vue de l'élection présidentielle et des législatives. "Nous voulons parler de qualité de l'habitat, d'enjeux climatiques et de la fabrique de la ville", martèle Virginie Gravière, présidente du Conseil régional de l'Ordre des architectes, à l'unisson des instances nationales. Et le coût du logement dans tout ça ?
Virginie Gravière (au centre, en blanc) et les représentants du Conseil régional de l'Ordre des architectes de Nouvelle-Aquitaine qui s'étend depuis 2017 sur les douze départements.
Virginie Gravière (au centre, en blanc) et les représentants du Conseil régional de l'Ordre des architectes de Nouvelle-Aquitaine qui s'étend depuis 2017 sur les douze départements. (Crédits : Arthur Péquin)

"La question du logement est un enjeu vital et la principale préoccupation d'un ménage, sa charge financière la plus importante. Le logement est directement concerné par le réchauffement climatique, la hausse du coût de l'énergie, la mobilité et les Gilets jaunes, le confinement et la qualité du bâti...", rappelle à juste titre Patrick Vettier, vice-président du Conseil régional de l'Ordre des architectes de Nouvelle-Aquitaine.

Et pourtant, force est de constater que le logement et toutes les problématiques qui en découlent sont peu ou pas abordés par les candidats à l'élection présidentielle. "On a du mal collectivement à aborder frontalement cette question alors que le logement est aujourd'hui tenu par les promoteurs immobiliers qui construisent même le logement social", constate l'architecte poitevin.

Un manifeste national le 15 mars

Loin d'être démobilisés, les architectes, via le Conseil national de l'Ordre, ont conviés les représentants des principaux candidats à l'élection présidentielle à venir présenter leurs propositions ce mercredi 2 mars à Paris. Un manifeste pour construire ensemble les villes et territoires de demain sera ensuite publié le 15 mars prochain. "Ce texte insistera sur deux sujets principaux : le logement face aux enjeux climatiques et la fabrique de la ville et de l'aménagement des territoires", cadre Virginie Gravière, la présidente néo-aquitaine, qui insiste :

"Nous avons un rôle de conseil auprès des élus pour les accompagner dans la réhabilitation, la couture fine dans les dents creuses et le diffus, la reconstruction et la qualité d'usage. Il faut déclarer le logement d'intérêt général et travailler au rééquilibrage entre métropoles et villes moyennes !"

Lire aussi 4 mnLes architectes Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal, formés à Bordeaux, lauréats du Pritzker

Comment gérer le coût de la qualité ?

"On a l'habitude de dire que quand le bâtiment va, tout va. Nous voulons passer d'une politique du logement à une politique de l'habiter pour dire souligner que quand l'habitat va, tout va mieux !", rebondit Patrick Vettier qui veut "mettre la qualité du logement sur la table". Et les choses bougent, notamment à Bordeaux où la mairie écologiste a présenté au printemps 2021 un label du Bâtiment frugal bordelais, ayant vocation à être intégré au plan local d'urbanisme et déjà paraphé par la Fédération régionale des promoteurs immobiliers.  Une démarche qui semble faire consensus mais qui pose l'inévitable question du surcoût lié à la qualité supérieure du bâti. Un surcoût évalué entre +10 % et +40 % par Bernard Blanc, l'adjoint au maire de Bordeaux en charge de l'urbanisme résilient. C'est fâcheux alors même que les prix de l'immobilier continuent à progresser dans la métropole bordelaise.

Lire aussi 6 mnImmobilier en Gironde : record de transactions, essor marqué des prix autour de Bordeaux

Mais pour les architectes néo-aquitains, l'enjeu réel n'est pas dans le seul coût de construction, loin s'en faut. "La vraie question c'est le coût d'un logement mal conçu pour ses habitants et pour la société. Cela ne se voit pas dans le coût de construction mais ça se paye tout au long de la vie du logement", remarque l'architecte paloise Séverine Tardieu, vice-présidente du Conseil régional de l'Ordre. D'autant que les surcoûts liés à une meilleure qualité du logement ne seraient pas automatiques : "Il faut travailler sur le foncier, en dissociant le foncier du bâti, parce que c'est un levier essentiel pour absorber le coût de la qualité ou des matériaux locaux et biosourcés", ajoute Patrick Vettier tandis que son confrère de Limoges, Vincent Souffron suggère de changer les habitudes de tous les professionnels de la construction :

"Il faut aller chercher des conceptions et pratiques différentes qui permettent de limiter fortement les surcoûts de construction et d'usage. Mais pour cela il faut que tout le monde accepte de changer de paradigme. Et les choses changent concrètement : en termes d'isolation, il y a quelques années des entreprises rigolaient quand on leur parlait d'autre chose que de laine de verre et de Placo. Aujourd'hui, elles ont adopté les isolants biosourcés !"

Lire aussi 6 mnCoop & Bat se dote d'un siège social en paille et matériaux de récupération

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 07/03/2022 à 10:51
Signaler
Ben profession intellectuelle déjà et créative donc forcément les financiers ne peuvent que s'en inquiéter rejetant tacitement tout ce qui réfléchi de près ou de loin ensuite vous faites aussi les frais de ce mutisme général concernant ce secteur qui...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.