Guerre en Ukraine : quel impact commercial pour la Nouvelle-Aquitaine ?

INFOGRAPHIE. Alors que l'invasion russe se poursuit en Ukraine, les sanctions financières et commerciales se multiplient entre Bruxelles et le Kremlin. A tel point que les échanges commerciaux entre l'Union européenne et la Russie devraient être sérieusement limités à l'avenir tandis que le marché ukrainien risque d'être lui-aussi suspendu. Le point en quelques chiffres sur ce que représentent ces deux pays pour l'économie de Nouvelle-Aquitaine, les vins de Bordeaux, le Cognac ou encore le tourisme.
La balance commerciale départementale, régionale et nationale avec l'Ukraine et la Russie en 2021. Source : Douanes 2022 (CAF-BAF hors matériel militaire) année 2021, traitement CCI Nouvelle-Aquitaine, valeur en millions d'euros.
La balance commerciale départementale, régionale et nationale avec l'Ukraine et la Russie en 2021. Source : Douanes 2022 (CAF-BAF hors matériel militaire) année 2021, traitement CCI Nouvelle-Aquitaine, valeur en millions d'euros. (Crédits : Maxime Giraudeau / La Tribune)

Ni la Russie ni l'Ukraine ne sont historiquement ou tendanciellement des partenaires commerciaux de tout premier plan pour les entreprises de Nouvelle-Aquitaine. La première n'est ainsi que le 19e pays client de la Nouvelle-Aquitaine tandis que la seconde pointe au 39e rang. Néanmoins, du côté des importations, la Russie est quand même le 8e fournisseur de la Nouvelle-Aquitaine et l'Ukraine le 37e.

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En cumulé, selon les derniers chiffres de l'Observatoire des échanges internationaux de la CCI Nouvelle-Aquitaine, les deux pays pèsent 1,4 % des exportations régionales et 4,2 % des importations régionales. Une proportion qui est plus marquée en Gironde où les deux pays réunis totalisent 0,6 % des exportations mais 8,2 % des importations (dont quasi-intégralement des produits pétroliers russes). S'il est trop tôt pour évaluer l'ampleur des conséquences de la guerre en Ukraine sur les échanges commerciaux avec ces deux pays, ces chiffres donnent une idée de leurs poids relatifs dans l'économie régionale.

  • Une balance commerciale doublement négative

Balance commerciale Russie Ukraine

La balance commerciale départementale, régionale et nationale avec l'Ukraine et la Russie en 2021. Cliquez sur l'image pour la consulter en plein écran. Source : Douanes 2022 (CAF-BAF hors matériel militaire) année 2021, traitement CCI Nouvelle-Aquitaine, valeur en millions d'euros.

En termes de dynamique, les exportations de Nouvelle-Aquitaine vers l'Ukraine sont en hausse de 40 % sur trois ans pour atteindre 86 millions d'euros l'an dernier tandis que les importations (93 millions d'euros) ont progressé dans le même ordre de grandeur (+44 %). Pour la Russie, les exportations néo-aquitaines ont progressé de +17 % sur trois ans mais se limitent à 273 millions d'euros tandis que les importations ont légèrement diminué (-3,3 %) mais totalisent plus d'un milliard d'euros ! Ce qui explique l'ampleur du déficit commercial régional vis-à-vis de la Russie principalement lié à l'importation de produits pétroliers.

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  • Produits pétroliers, médicaments et boissons en Gironde

En effet, si l'on regarde les catégories de biens exportés par la Gironde vers la Russie en 2021, les produits pharmaceutiques pèsent la moitié du total en valeur (49 %) devant les ordinateurs et équipements périphériques (19 %) et les boissons (9 %). Dans l'autre sens, la Gironde a importé quasi-exclusivement des produits pétroliers raffinés et coke qui pèsent 97 % des importations girondines depuis la Russie l'an dernier. Les produits chimiques, engrais et matières plastiques représentent 2 % et la houille (charbon) le reste.

Pour l'Ukraine, les exportations girondines concernent pour moitié les boissons (43 %) puis les produits pharmaceutiques (36 %) et les ordinateurs et équipements périphériques (7 %) tandis que le département importe essentiellement des huiles et graisses végétales et animales (79 %), du bois et articles en bois (11 %) et des produits en papier et carton (3 %).

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  • Des marchés très secondaires pour les vins de Bordeaux

Balance commerciale Russie Ukraine

Si les Vins de Bordeaux avaient tremblé lors des tensions commerciales entre l'Europe et les Etats-Unis, la situation actuelle est nettement moins préoccupante aujourd'hui sur le plan commercial. Ni le marché russe, ni le marché ukrainien ne figure parmi les destinations les plus porteuses à l'export pour les célèbres vins de Bordeaux.

La Russie, seule, ne pointe qu'au 60e rang des destinations en valeur (1,5 million d'euros) et au 52e rang en volume (4.000 hectolitres) en 2021. Mais ce chiffre est trompeur, prévient le CIVB (conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux), qui considère plutôt ce qu'il appelle le "marché russe" agrégeant la Russie, l'Estonie, la Lituanie et la Lettonie. Ce marché russe grimpe alors au 15e rang en valeur et au 12e rang en volume. La réalité des exportations vers la Russie se situe donc entre ces deux valeurs puisqu'une partie des exportations vers les pays baltes continue sa route vers la Russie sans que l'on en connaisse précisément la quantité. Au total, ces deux marchés russe et ukrainien ne représentent en effet qu'entre 0,3 % et 1,8 % des exportations 2021 en volume et qu'entre 0,2 % et 1,2 % en valeur. Inquiets mais pas alarmistes, le CIVB et les opérateurs bordelais concernés par ces marchés attendent donc surtout de voir comment la situation évolue.

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Du côté du Cognac, ni la Russie ni l'Ukraine ne figure dans le top 10 des destinations à l'export en 2021, sachant que ce top 10 totalise 89 % du total des expéditions de Cognac. "Le marché russe représente aujourd'hui moins de 3 % de la part de marché du Cognac en volume. Néanmoins nous sommes conscients de l'importance de ce marché pour certains de nos opérateurs", commente sobrement le Bureau national interprofessionnel du Cognac, qui assure observer attentivement la situation et le déroulement des évènements.

  • Un impact sur le tourisme ?

Il restera à mesurer l'impact sur le tourisme dans la région alors que la Russie et les 27 Etats membres de l'Union européenne viennent de s'interdire mutuellement l'accès à leurs espaces aériens respectifs. Seule certitude, en Gironde, la clientèle française représente entre 80 % et 90 % des nuitées lors de la saison estivale et parmi la clientèle étrangère on trouve d'abord des voisins immédiats : Britanniques, Espagnols, Belges, Allemands et Suisses notamment. La tendance est similaire au niveau régional et l'impact devrait donc être très mesuré dans l'immédiat. La riche clientèle russe tend à privilégier la Côte-d'Azur ou les stations de ski huppées des Alpes plutôt que le Sud-Ouest. Par ailleurs, l'aéroport de Bordeaux-Mérignac ne dessert directement aucune destination en Russie, Ukraine ou Biélorussie.

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