Comment Sound To Sight « invente un son artificiel sans ajouter du bruit au bruit »

Acteur du design sonore, Sound To Sight vient de déménager son siège social du Mans, dans la Sarthe, à Bordeaux où elle a créé une filiale dédiée à la communication. 70 % de son activité consiste toutefois à fabriquer des sons pour des industriels, en particulier dans le domaine des transports, en prenant en compte le paysage sonore et le design du produit. Elle a signé un premier contrat avec une entreprise du numérique à Bordeaux.
Sound To Sight a installé son siège et un studio de création à Bordeaux.
Sound To Sight a installé son siège et un studio de création à Bordeaux. (Crédits : Waap!)

Changement de région pour la startup Sound To Sight qui, après avoir été créée au Mans, a posé ses valises en début d'année à Bordeaux. Cette agence de design sonore utilise une méthode issue du design de l'expérience utilisateur et du design produit pour fabriquer des sons pour les objets. Une exemple très parlant ?

"Alors que le véhicule électrique est silencieux et, de ce fait, dangereux pour les piétons, notre travail consiste à inventer un son artificiel. Il ne s'agit pas d'ajouter du bruit au bruit, la pollution sonore étant extrêmement dommageable pour la santé, mais de créer un son qui s'intègre dans le paysage sonore urbain et soit en lien avec le design de la voiture car cela devient la signature de la marque. Le son réunit donc, à la fois, la sécurité, le design et la marque", explique à La Tribune Antoine Châron, co-fondateur de Sound To Sight.

Autre exemple, Sound To Sight a travaillé avec l'entreprise de fabrication d'ascenseurs, Otis, l'idée étant de diminuer l'anxiété grâce à un son 3D qui simule un environnement plus grand et permet de détourner l'attention. Enfin, elle se penche sur le son des machines médicales, qui actuellement dérangent autant les patients que les praticiens. "Il s'agit donc de proposer des sonorités plus agréables, très compréhensibles et surtout qui fassent du son quand on en a vraiment besoin", assure Antoine Châron.

La société travaille, à ce stade, majoritairement pour le secteur de l'industrie, en particulier le transport. 70 % de son activité est dédiée à des projets industriels, 20 % à de la scénographie pour des musées, tandis que 10 % est consacré à des projets de communication pour des logos sonores notamment.

Des ambitions à Bordeaux

Autre particularité ? Sound To Sight travaille majoritairement à l'étranger.

"Dans certains pays, la notion d'expérience utilisateur est assez nouvelle et nous avons effectivement plus d'écho à l'étranger, en tout cas pour le domaine des transports. 90 % de nos projets dans les transports se font donc effectivement à l'étranger. Nous travaillons tout de même avec la SNCF ou des entreprises françaises dans le secteur de l'internet des objets", explique Antoine Châron qui annonce justement un premier contrat à Bordeaux avec une entreprise du numérique, sans dévoiler son nom. "Cette entreprise n'a pas encore sorti son produit", précise Antoine Châron.

Ce qui l'intéresse à Bordeaux, c'est aussi l'aspect industriel et scénographique, le secteur du tourisme et notamment le monde du vin.

"Nous avons quelques contacts avec des châteaux, l'idée étant de voir comment le son pourrait rendre l'expérience de dégustation encore plus intense. Il y a un beau marché à développer à Bordeaux", reconnait Antoine Châron.

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En déménageant à Bordeaux, la startup a également créé une filiale, Sound to Sight Music, pour accélérer sur la partie design musical dans le domaine de la communication. Objectif ? Segmenter un peu plus les activités et développer la partie communication. A Bordeaux, Sound to Sight ne prévoit toutefois pas de recruter. La société travaille avec des entreprises locales et des professionnels freelances en fonction des projets pour lesquels elle explique être le chef d'orchestre.

Diversification

Pour le reste, c'est au Mans, où elle était jusqu'à présent implantée, que cela se passe encore. Sound to Sight va créer une nouvelle entité, baptisée Sôma, en collaboration avec Métacoustic, un bureau d'études du Mans dédié à l'acoustique industrielle. Elle aura pour objectif de produire et de vendre un fauteuil sonore immersif dans lequel le son est transmis par vibration à l'utilisateur. Une vingtaine d'exemplaires ont, à ce stade, été testés en festival.

Sound To Sight

Le fauteuil sonore immersif en plein test. Crédit Sound To Sight.

"En caricaturant, je dirais que, de manière générale, nous voulons rendre la vie des gens plus facile et agréable. Le coût du bruit pour l'Etat français, c'est environ 150 milliards d'euros par an. Aujourd'hui, nous n'avons pas de politique du son où tout le monde se parlerait, les acousticiens, le BTP, les architectes, les designers sonores, etc. Au final, cela donne beaucoup de bruit au quotidien. Notre rôle, c'est essayer d'harmoniser les sons et si un objet doit être silencieux, il est important qu'il le soit. Quand un objet est, en revanche, associé à un son, l'idée est de faire en sorte qu'il soit significatif et agréable", conclut Antoine Châron.

Sur l'exercice précédent, Sound To Sight a réalisé un chiffre d'affaires de 300.000 euros.

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