A Pau, le marché immobilier atteint des sommets

Après une baisse du nombre d'habitants ces dernières décennies, l'agglomération paloise, au pied des Pyrénées, attire pour de nombreuses raisons, pas uniquement liées au Covid. Le marché immobilier local traduit ce regain d'attractivité.
Le château de Pau
Le château de Pau (Crédits : CC Wikipedia by Flo641)

"L'activité a été florissante l'an dernier !", se félicite Sylvie Mendribil, notaire à Pau et vice-présidente de la Chambre interdépartementale des notaires des Hautes Pyrénées, Pyrénées Atlantiques et Landes. Pour Julie Joanin, présidente de l'Unis Pau Béarn (Union des syndicats de l'immobilier), il n'y a pas de doute non plus, 2021 restera dans les annales :

"L'année a été superbe et s'est soldée par une hausse des ventes de +20 % à +30 % selon les agences. Soit un niveau très supérieur au rythme national de +10 %", explique à La Tribune celle qui a ouvert son agence à Pau il y a 17 ans.

Un rebond généralisé

Les deux professionnelles refusent d'y voir un simple "effet Covid" qui s'est traduit partout sur le territoire par une revalorisation des villes moyennes. L'attractivité de Pau et ses alentours n'est pas l'apanage de "quelques cadres qui travaillent à distance, mais concerne l'ensemble des acheteurs. En échangeant avec eux, on ressent que la récente période leur a permis de réfléchir sur leurs priorités", affirme Sylvie Mendribil. Cette réflexion s'est traduite pour les uns par la recherche d'une pièce en plus ou d'un balcon voire jardin, chez d'autres par la volonté d'habiter plus près de son travail.

Conséquence, aucun type de bien, de quartier ou de commune de l'agglomération paloise ne se démarque. Tous sont recherchés, expliquant la hausse de +10 % des appartements dans l'ancien en centre-ville (99.000 euros pour 62 m2 en moyenne), comme la hausse, plus timide, des prix des terrains à bâtir à Lescar, Bizanos ou encore Gelos, d'après les dernières statistiques de la Chambre des notaires (à fin octobre 2021, évolution sur un an glissant).

"Après avoir stagné, les prix ont augmenté autant en ville qu'à la campagne, mais heureusement pas dans des proportions observées sur la côte basque", souligne la vice-présidente de la Chambre interdépartementale des notaires. Ainsi, pour un terrain constructible de 900 m2, il faut débourser en moyenne 74.000 euros en périphérie de Pau, contre 350.000 euros à Anglet pour seulement 450 m2.

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Rénovation du centre-ville

Qui sont les nouveaux habitants de l'agglomération paloise, qui est comparable à celle de Bayonne-Anglet-Biarritz en termes démographiques ? Pau attire à la fois ceux qui fuient Bordeaux ou la côte basque avec ses prix encore accessibles, mais aussi ceux qui espèrent trouver une meilleure qualité de vie dans cette ville située à une heure de la mer et de la montagne qu'on peut admirer depuis l'emblématique boulevard des Pyrénées. "La ville attire des familles, mais aussi, depuis toujours, des étudiants et donc des investisseurs pour de petites surfaces, dont le prix a littéralement explosé, la pierre étant toujours une valeur refuge", décrypte Julie Joanin. Par ailleurs, cette agente immobilière compte de nombreux retraités parmi ses clients : "Ces derniers achetaient généralement six mois avant de s'installer, maintenant ils le font deux ou trois ans à l'avance puis mettent leur bien en location ou l'utilisent en tant résidence secondaire".

En chiffres


  • Prix médian d'un appartement ancien à Pau : 1.750 €/m2 (+10 % sur un an)

  • Prix médian d'un appartement ancien dans la périphérie paloise : 1.810 €/m2 (+10,6 % sur un an)

  • Prix médian d'une maison ancienne à Pau 254.000 € pour 115 m2 et 550 m2 de terrain

  • Prix médian d'une maison ancienne dans la périphérie paloise : 245.000 € pour 126 m2 et 1.000 m2 de terrain (+9,1 % sur un an)

  • Prix médian d'une maison neuve dans la périphérie paloise : 215.000 € pour 100 m2 et 480 m2 de terrain (-15,5 % sur un an)

  • Prix médian d'un terrain à bâtir dans la périphérie paloise : 74.000 € pour 900 m2 (+2,7 % sur un an)

  • Source : Chambre interdépartementale des notaires des Hautes-Pyrénées, Pyrénées Atlantiques et Landes au 31 octobre 2021 sur un an.

La tendance semble donc bel et bien en train de s'inverser à Pau. La ville de 75.000 habitants, au sein d'une agglomération de 160.000 habitants sur 680.000 dans les Pyrénées-Atlantiques (*), a en effet vu partir environ deux mille habitants (-0,4% par an) en six ans, alors qu'elle en avait déjà perdu ces dernières décennies d'après l'Insee. La publication de ces chiffres négatifs - en décalage avec le dynamisme observé ces derniers mois sur le plan de l'immobilier des particuliers comme des entreprises - avait d'ailleurs chagriné François Bayrou. L'emblématique maire de la préfecture du département a orchestré ces dernières années une véritable politique d'embellissement, dont il commence à récolter les fruits, que ce soit sous forme d'une place dans le classement des communes où il fait bon vivre ou encore l'élection de ville ayant la meilleure qualité de l'air que Pau a remportée.

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Après la rénovation des Halles, à l'instar de Bayonne, en 2019, le rajeunissement du quartier autour de la gare avec la transformation de la Halle Sernam en lieu multi-activités a débuté et des placettes, "des refuges de biodiversité et de lutte contre les îlots de chaleur urbains", sont créées et rénovées partout dans la ville. Chapeauté par Thibault Cheneviere, adjoint au maire en charge du commerce, le plan de "reconquête du centre-ville" se traduit aussi par un volet commerce, qui a récemment motivé l'enseigne danoise Normal par exemple à s'installer, attiré par une clientèle qui n'est pas aussi saisonnière que sur la cote.

Cela s'ajoute un "tissu de PME solide et réparties dans la région", pointe Sylvie Mendribil, comme Brico Fenêtre à Serres-Castets ou encore le fabricant de skis en bois Villacampa qui vient de s'installer à Billère. Les entreprises plébiscitent aussi la technopole Helioparc, en cours d'agrandissement, et le Bassin de Lacq spécialisé dans la chimie. "Nous n'observons pas le ralentissement habituel d'une période électorale. Tous les signaux sont au vert", sourit Julie Joanin.

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(*) D'après le dernier recensement de l'Insee (décembre 2021).

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