Si l'Europe a toujours eu conscience de ses faiblesses sur son approvisionnement en composants issus de terres rares, elle s'est désormais engagée dans une démarche de valorisation. C'est du moins ce qu'affichait Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne en février 2021 en proposant une Alliance européenne des matières premières. Un contexte favorable à la filière dans lequel veulent s'inscrire quatre entreprises françaises en montant un consortium autour du recyclage des aimants permanents.
Deux d'entre elles, Celimer et Poral, sont basées en Nouvelle-Aquitaine dans le département des Pyrénées-Atlantiques, et deux autres, Ecm Technologies et REEfine technologies, en Auvergne-Rhône-Alpes. Poral, avec 70 salariés, est le leader français de la métallurgie des poudres et Celimer (groupe Arelec) est, avec 170 salariés, spécialisé dans les aimants à destination de l'industrie. Ecm dispose de la grosse ressource humaine du consortium avec 250 salariés et fabrique des fours industriels. Le but des quatre entreprises est de s'associer pour créer une chaîne de valorisation des aimants permanents, ces composants issus de terres rares qui servent dans la fabrication des batteries de moteurs électriques ou dans les dispositifs de fermeture des contenants cosmétiques.
"Nous souhaitons mettre sur le marché des aimants permanents issus d'aimants recyclés. [...] Nous nous appuyons sur un procédé en circuit-court pour fabriquer une poudre magnétique qui conserve 90 % des caractéristiques magnétiques des aimants d'origine", explique à La Tribune Jean-Yves Gannard, président de REEfine.
Projet à six millions d'euros
Cette entreprise, spécialement créée pour rejoindre le consortium, et ECM Technologies seront en charge de la récupération des aimants usagés puis de leur mise en matière première réutilisable. Les deux autres, Poral et Celimer transformeront ensuite la poudre en nouveaux aimants. Les activités liées au consortium seront intégrées aux chaînes de production des structures partenaires. Les produits finis recyclés seront proposés sur le marché du contenant cosmétique, de la domotique et des moteurs électriques.
Les véhicules électriques sont un domaine particulièrement porteur pour les quatre structures associées. "Cette tendance de fond liée à la décarbonation de l'industrie engendre beaucoup plus de déchets et pose la question de leur valorisation", appuie le président de REEfine.
Le projet global de départ a été chiffré à six millions d'euros, une somme constituée par l'apport en fonds propres des quatre entreprises, combiné aux aides de l'Etat via le plan de relance. Les aimants recyclés issus du consortium Permareco pourraient trouver leurs premiers débouchés courant 2023.
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