La marketplace alimentaire girondine Alenvy liquidée

Lancée en août 2020 depuis Bouliac (Gironde), l'entreprise de livraison alimentaire en circuit-court Alenvy a mis fin à son activité le 19 janvier. Un échec pour les trois jeunes cofondateurs sur un marché bordelais émergent mais déjà assailli par des marketplaces et des acteurs du quick commerce.
Maxime Giraudeau
Les dirigeants d'Alenvy, dont Victor Terrien et Erwan Moullec de gauche à droite, ont annoncé la liquidation de l'entreprise lancée en août 2020.
Les dirigeants d'Alenvy, dont Victor Terrien et Erwan Moullec de gauche à droite, ont annoncé la liquidation de l'entreprise lancée en août 2020. (Crédits : Thibaut Moritz)

Dans le monde d'après, les consommateurs achètent en circuit-court et soutiennent d'abord le commerce local. Mais le monde d'avant ne lui a pas laissé le temps de prendre sa place. C'est à cause de ce rendez-vous manqué qu'Alenvy, la jeune marketplace bordelaise qui proposait la commande puis la livraison des courses en ligne et en circuit-court, a déposé le bilan.

"Peut-être était-ce trop tôt. Les gens ont envie de mieux consommer mais ne sont pas prêts à faire les efforts financiers pour", rejoue Erwan Moullec, co-fondateur et président. Le jeune entrepreneur de 25 ans avait lancé depuis Bouliac, en Gironde, avec deux associés de son âge et quelques emprunts bancaires, la plateforme A portée d'Bio avant de la propulser sous le nom d'Alenvy en août 2020.

Malgré un chiffre d'affaires passé de 115.000 euros en 2019 à 580.000 euros l'année suivante, les dirigeants n'ont pas réussi à trouver les investisseurs nécessaires pour soutenir leur développement. Ultime coup de massue, la conciliation, "qui aurait permis de gagner quelques précieux mois", a été refusée par le tribunal de commerce de Bordeaux en décembre dernier. Le même tribunal a prononcé la liquidation judiciaire le 19 janvier 2022.

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Prime à l'instantanéité

Une fin brutale alors que la marketplace était arrivée à Toulouse en septembre et affichait des perspectives de croissance ambitieuses avec une levée de fonds prévue pour ce début d'année 2022. Mais pas si surprenante au vu de la demande des consommateurs sur un marché pris en tenaille par une multitude d'acteurs.

"Depuis la fin du premier confinement, beaucoup d'acteurs sont arrivés, que ce soit pour le quick commerce ou le circuit-court. Ils ont amené une offre concurrente et ont saturé le marché", pointe l'entrepreneur en reconversion.

La Tribune consacrait d'ailleurs, en novembre dernier, un dossier aux nouvelles figures du quick commerce. Ces startups, qui nouent des partenariats éclairs avec les grandes surfaces ou pédalent en solo, proposent de livrer les courses alimentaires à domicile en un temps record. Le segment mise sur l'instantanéité et se révèle très porteur. Contrairement aux marketplaces locales qui, en sorties de confinements et sans le secours des aides publiques, peinent à forger leur viabilité économique.

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Des difficultés à déplorer pour un tissu économique de proximité toujours minoritaire qui ne peut acquérir la force de frappe et la rapidité des startups bien armées. "Les partenaires éprouvaient de l'intérêt vis-à-vis de notre projet mais nous avons manqué de temps" évoque, amer, Erwan Moullec. Pas de quoi décourager complètement l'ex-entrepreneur qui, malgré des prêts bancaires à rembourser se voit bien, à l'avenir, à la tête d'un nouveau projet. En attendant, la liquidation d'Alenvy acte le licenciement de 13 salariés en quête d'un nouvel emploi.

Maxime Giraudeau

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