"On constate avec plaisir que le trafic a bien mieux résisté à la vague Omicron qu'aux précédentes. On termine 2021 avec trois millions de voyageurs, c'est un peu plus que prévu !", sourit Simon Dreschel, le patron de l'aéroport de Bordeaux Mérignac, ce jeudi 27 janvier, cinq mois après son arrivée. De quoi inciter la plateforme à revoir à la hausse ses prévisions pour les prochains mois. Alors que le trafic s'était effondré de plus de 7 millions de passagers en 2019 à seulement 2,3 millions en 2020, la barre des cinq millions de passagers n'était pas attendue avant 2025. Mais au regard du rebond sensible de l'activité, et malgré la fin de la navette Air France vers Orly, Simon Dreschel se montre optimiste :
"On s'attend à une reprise, pas à une explosion du trafic ! Mais on devrait revenir à environ 70 % du niveau record de 2019, soit un peu plus de cinq millions de voyageurs dès cette année ! L'été 2020 proposera 80 destinations dont cinq inédites, soit environ 70 % de l'offre de l'été 2019."
Signe concret du rebond attendu, la réouverture à la fin du 1er semestre 2022 du terminal Billy, dédié aux compagnies low-cost et fermé depuis 2020. Ces compagnies à bas coût continuent de représenter les deux-tiers du trafic bordelais qui s'équilibre entre vols domestiques et vols internationaux.
Bordeaux Mérignac proposera 80 destinations estivales en 2022 contre 112 en 2019. Parmi les nouveautés : Athènes, Malte, Zadar, Bucarest et Point-à-Pitre (cliquez sur l'image pour l'agrandir). (crédits : aéroport de Bordeaux).
Une cellule innovation mise sur pied
Pour accompagner ce qui ressemble bel et bien à une sortie de crise, l'aéroport girondin va mettre l'accent sur la qualité de service. "On n'est pas dans la course au volume de passagers, ça n'a pas beaucoup de sens. L'objectif est de prioriser la qualité du service rendu et l'expérience des voyageurs en proposant notamment de nouveaux services et commerces au sein de l'aéroport", assure Simon Dreschel. Un discours qui rompt assez nettement avec la politique menée depuis le début des années 2010 qui avait permis à l'aéroport de dépasser les sept millions de passagers annuels. Parmi les pistes envisagées figurent le vieux projet d'un restaurant offrant une vue sur les pistes ou encore des services tels que le centre de dépistage Covid.
Parallèlement, pour anticiper les mutations à venir, une "cellule dédiée aux activités émergentes et à l'innovation" a été mise sur pied au 1er janvier avec le recrutement d'un directeur dans les prochains mois. "L'objectif est de se positionner sur le sujet des biocarburants, sur celui de l'hydrogène ou encore sur des projets tels que les drones ou les taxis autonomes", précise le président du directoire.
Biocarburant et hydrogène
Sur le premier sujet, un appel à manifestation d'intérêt sera lancé prochainement pour l'aéroport afin d'identifier des partenaires volontaires pour se positionner sur les biocarburants.
"Nous sommes à la recherche de tous les acteurs en mesure de nous fournir des biocarburants, à quel tarif, avec qui, comment, etc. Les avions sont prêts à fonctionner avec du biocarburant, la règlementation évolue, à nous d'être en mesure d'en proposer aux compagnies aériennes en s'appuyant sur une filière locale", estime Simon Dreschel, qui discute aussi de cette question avec le port de Bordeaux.
Même constat sur le projet d'installation d'une station hydrogène pour alimenter les véhicules au sol : "On discute avec les opérateurs de l'aéroport, les collectivités et les industriels locaux pour réunir une masse critique justifiant une telle station puisque, pour être efficace, l'hydrogène suppose une production et une consommation locale", précise-t-il.
Enfin, des panneaux solaires seront déployés dès cette année sur le parking PO tandis qu'un projet de géothermie et des travaux d'isolation thermique vont être menés pour verdir et réduire la consommation énergétique de l'aéroport. Celle-ci vise une neutralité carbone de son fonctionnement au sol en 2030.
L'avenir de la seconde piste en pointillés
Mais Simon Dreschel devra aussi se positionner sur des problèmes plus terre à terre dont l'avenir de la piste sécante de l'aéroport et l'évolution des nuisances sonores de l'aéroport, deux sujets liés. Le scénario privilégié prévoit en effet la suppression de cette 2e piste de l'aéroport qui accueille aujourd'hui 7 % du trafic. Ce qui aurait pour effet de réorienter une partie des couloirs de vols et donc, potentiellement, d'accentuer les nuisances sonores pour certains riverains, principalement à Eysines. Un sujet sensible alors que l'aéroport élabore son nouveau plan de prévention du bruit dans l'environnement. C'est, in fine, l'Etat, qui est actionnaire majoritaire de l'infrastructure, qui tranchera.
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