Aquitains d'ailleurs : comment le Qatar se prépare au Mondial de football 2022

Le compte à rebours a commencé. C'est dans un an, le 18 décembre 2022, que se jouera à Doha, au Qatar, la finale de la Coupe du monde de football. Le petit émirat pétrolier et gazier compte sur cet événement au retentissement planétaire pour redorer son blason et se hisser à la hauteur de ses voisins Dubaï et Abu Dhabi. 6.000 Français environ vivent au Qatar, comme cet architecte d'intérieur bordelais et ce restaurateur rochelais.
Maxime Ardilouze, architecte d'intérieur originaire de Bordeaux, et le chef rochelais Philippe Duc sont installés au Qatar depuis plusieurs années.
Maxime Ardilouze, architecte d'intérieur originaire de Bordeaux, et le chef rochelais Philippe Duc sont installés au Qatar depuis plusieurs années. (Crédits : Maxime Ardilouze / Emmanuel Langlois)

La ville de Doha est encore aujourd'hui une forêt de grues. Le long de la corniche qui borde les eaux chaudes du golfe Persique, des ouvriers, sri-lankais pour la plupart, s'affairent à construire la nouvelle promenade en front de mer. "Tous les chantiers ici sont liés au Mondial", témoigne Maxime Ardilouze. Né à Bordeaux, il vit depuis huit ans à Doha. Architecte d'intérieur, lui et ses équipes ont, entre autres, installé les murs acoustiques de la cinquantaine de loges VIP de l'un des huit stades du Mondial. Le Français travaille aujourd'hui sur les plafonds lumineux du futur terminal de l'aéroport de Doha.

Souvent montré du doigt pour son empreinte écologique, le Qatar évolue dans le bon sens, promet Maxime Ardilouze : "C'est vrai qu'il n'y a pas de covoiturage et que les voitures consomment énormément, mais c'est par nécessité, parce qu'on vit dans le désert. Personne ne roule en Clio ici ! Il y a tout de même une vraie prise de conscience des jeunes Qataris. Ils circulent en métro et se sont mis aux trottinettes électriques."

Salaire minimum

Réelle conviction ou "greenwashing" ? Le Mondial en tout cas joue la carte du développement durable : l'un des stades a été réalisé en containers et est entièrement démontable et réutilisable. L'événement a par ailleurs été décalé à l'automne pour éviter les trop fortes chaleurs et d'avoir à climatiser les stades !

Quant aux conditions de travail sur place, régulièrement dénoncées par les ONG, elles se sont grandement améliorées, assure Maxime Ardilouze, justement grâce à ce coup de projecteur international braqué sur le Qatar depuis l'attribution de la Coupe du monde il y a une dizaine d'années :

"Quand je suis arrivé il y a huit ans, il n'y avait pas de salaire minimum, maintenant il y en a un. Avant, il fallait l'accord de votre ancien employeur pour en trouver un nouveau, ce qui n'est plus le cas. Sur les stades, on a régulièrement des contrôles et même à moi, tout petit entrepreneur, ils m'ont demandé les bulletins de salaire et les feuilles d'heures de tous les salariés."

Père de deux enfants, âgé de 41 ans, diplômé de l'école des métiers d'art Ensama à Paris, le Français a exercé une dizaine d'années à Bordeaux avant de rejoindre le Qatar.

Un musée signé Jean Nouvel

En plus des stades et des infrastructures liées au Mondial 2022, l'émirat veut aussi jouer dans la cour des grands côté culture. Abu Dhabi a son musée du Louvre, Doha a fait appel au même fameux architecte français Jean Nouvel pour construire son musée national, un incroyable bâtiment en forme de rose des sables. Les chiffres : l'édifice de 52.000 m2, dont les 539 pétales sont formés de 76.000 panneaux, abrite onze galeries qui racontent l'évolution du pays, depuis ses origines.

Musée national du Qatar

Le musée national du Qatar signé Jean Nouvel (crédits : Emmanuel Langlois).

Ouvert il y a deux ans, il accueille au quatrième étage le "Jiwan", le restaurant siglé Alain Ducasse et dirigé par Philippe Duc. Passé par Hong Kong, Singapour et les Maldives, le chef exécutif rochelais a servi Emmanuel Macron lors de sa visite à Doha il y a quelques jours. "On travaille avec 80 % de produits et de goûts locaux", explique le Français. "C'est une cuisine qatarie avec de petites touches européennes. On a décomposé les plats locaux et on les a recomposés à l'européenne. Les Qataris viennent beaucoup au restaurant en famille. On peut avoir des tablées de 10, 15 ou 20 personnes."

Arrivé à Doha il y a seulement quelques mois, Philippe Duc constate lui aussi que la ville est en pleine mutation :

"C'est en construction partout, ils refont toutes les routes et construisent sans cesse de nouveaux gratte-ciel. Le Mondial accélère le mouvement parce qu'ils veulent être prêts pour l'événement mais je pense qu'il y aura une continuité dans les constructions et l'évolution de Doha. Il y a aussi une grosse production de musées avec des projets qui sortent de terre partout. En ce moment, ils construisent un musée pour les enfants près de Fire Station, une ancienne caserne de pompiers transformée en galerie d'art."

Durant les quatre semaines que durera le Mondial, le Qatar espère accueillir 1,2 million de visiteurs du monde entier, soit près de la moitié de sa population.

/////////////////////

Écrire à Maxime Ardilouze : [email protected]

Écrire à Philippe Duc : [email protected]

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.