Grèves perlées, débrayages, blocages d'avions, barrages filtrants... Les perturbations initiées depuis le printemps 2021 chez Dassault Aviation par la CGT, particulièrement à Biarritz, ont pris de l'ampleur ces derniers jours dans le cadre des négociations salariales annuelles obligatoires (NAO). La CGT, 3e syndicat représenté avec 17 %, a été rejointe ponctuellement par la CFDT (2e syndicat avec 20 %). Si bien que le 9 décembre dernier, l'activité de sept des neuf sites de l'avionneur (Biarritz, Saint-Cloud, Seclin, Biard, Argonay, Martignas-sur-Jalle et Argenteuil) ont connu des blocages et que le mouvement persiste depuis. Un mouvement d'une telle ampleur est très rare chez Dassault Aviation, qui emploie 3.400 salariés en Nouvelle-Aquitaine à Biarritz, Mérignac, Martignas-sur-Jalle et Poitiers.
Un front syndical désuni
"Les demandes des salariés, notamment les non cadres, d'un geste fort de la direction en matière salariale existaient avant mais le contrat de 80 Rafale vient s'ajouter à cela. Il y a eu zéro retard sur toutes les livraisons d'avions depuis le début de la pandémie et tous les salariés ont joué le jeu mais sans avoir de retombées", fait valoir auprès de La Tribune Anthony Dupuy, délégué syndical CGT sur le site de Mérignac, en Gironde, où travaillent plus de 2.000 personnes. La direction a néanmoins prévu une prime de 500 euros bruts pour la signature de ce contrat de 14 milliards d'euros qui garantit activité et visibilité jusqu'à 2030. Un geste jugé "insuffisant" par la CGT qui demande notamment une revalorisation de 200 euros nets mensuels pour tous les salariés de Dassault Aviation et un budget d'augmentation de 6 % de la masse salariale.
La CGT appelle les salariés de Mérignac et Martignas-sur-Jalle à un nouveau rassemblement vendredi 17 décembre à midi. Mais d'ici là, les négociations annuelles obligatoires, qui courent jusqu'au 16 décembre minuit, seront bouclées. Selon nos informations, un accord a été signé ce jeudi 16 décembre entre la direction et deux autres syndicats : la CFE-CGC, 1er syndicat représenté avec 42 %, et l'Unsa, 4e avec 15 %.
"J'ai signé l'accord des NAO qui entrera donc en vigueur ce 17 décembre. C'est un bon accord, le meilleur depuis 2009, qui couvrira largement la baisse de pouvoir d'achat attendue pour l'année 2022", confirme à La Tribune Didier Denaud, délégué syndical CFE-CGC. Le syndicat n'a pas souhaité s'associer aux manifestations initiées par la CGT : "Il y a eu des dérives avec des blocages de sites et des dégradations de l'outil industriel que nous ne cautionnons pas", précise le syndicaliste, ancien responsable du contrôle de gestion sur le site de Martignas.
Entre 3,5 % et 3,75 % d'enveloppe NAO
L'accord signé ce jeudi prévoit, pour les salariés non cadres, un budget d'augmentation salariale de 3,5 % de la masse salariale (1,8 % pour les hausses collectives et 1,7 % pour les hausses individuelles) et, pour les salariés cadres, une enveloppe de 3,75 %, uniquement sur les hausses individuelles. S'y ajoutent 500 euros nets de prime pouvoir d'achat "Macron" pour les salariés gagnant moins de trois smis et 500 euros bruts de prime liée au contrat des 80 Rafale. Les dernières NAO signées prévoyaient une enveloppe de 3,1 % pour les non-cadres et 3,4 % pour les cadres.
"J'ajoute qu'il y a chez Dassault Aviation un minimum salarial fixé à 2.260 € bruts mensuels, c'est 40 % au-dessus du Smic ! Et que les autres avantages équivalent à entre deux et trois mois de salaires supplémentaires", souligne Didier Denaud, de la CFE-CGC. De son côté, la CGT entend poursuivre la mobilisation mais devra faire face aux départs en congés prévus le 21 décembre.
La direction de Dassault Aviation salue "un dialogue social actif" et souligne que "sa politique de rémunération se traduit par des salaires qui se situent au-dessus du niveau moyen de la branche professionnelle". Sur les cinq dernières années, les montants versés au titre de l'intéressement et de la participation ont représenté en moyenne 8.300 euros par an. Le salaire annuel brut moyen pour les salariés non cadres de Dassault Aviation est de 35.600 €, soit 1,9 fois le Smic, précise également la direction.
Etranglé par la concurrence de Tarbes, l'aéroport de Pau-Pyrénées est-il condamné ?
Sujets les + commentés