« 2022 sera une année compliquée mais Aqualande reste optimiste »

INTERVIEW. C’est une bonne nouvelle pour le groupe Aqualande qui célèbre cette année ses 40 ans. La truite fumée, dont la demande est croissante depuis dix ans, confirme cette année sa position de moteur des rayons traiteur de la mer dans la grande distribution. Aqualande, spécialiste de l’ensemble de la filière truite et producteur d’alevins marins, s’attend malgré tout à une année 2022 compliquée. En cause notamment : la hausse du prix des matières premières. Rencontre avec Stéphane Dargelas, PDG du groupe créé en 1981 par la Coopérative des aquaculteurs landais.
Stéphane Dargelas, PDG du groupe Aqualande.
Stéphane Dargelas, PDG du groupe Aqualande. (Crédits : Aqualande)

LA TRIBUNE - La truite fumée confirme cette année sa position de moteur des rayons traiteur de la mer en GMS (grandes et moyennes surfaces), avec quatre références du groupe Aqualande en tête des ventes entre janvier et septembre 2021. Qu'est-ce que ce que cela vous inspire ?

Stéphane DARGELAS - Je précise, tout d'abord, que cette période exclut la vente aux professionnels de la restauration et la période de Noël où le saumon est roi. Si la filière saumon fait une mauvaise fin d'année, il rate d'ailleurs son année, ce qui n'est pas notre cas, même si c'est un mois qui compte double pour nous. Nous sommes davantage, avec la truite fumée, sur un produit du quotidien dont la consommation augmente depuis une dizaine d'années. Ceci étant dit, ce classement est une récompense pour le groupe dans son ensemble.

Comment se porte le groupe d'un point de vue économique  ?

Pendant trente ans, Aqualande a réussi à faire une croissance régulière et un certain volume qui a doublé sur les dix dernières années parce que nous avons fait de la croissance externe. Aujourd'hui, nous réalisons un chiffre d'affaires de 147 millions d'euros dont 85 % pour l'activité truite. Concernant la période post Covid que nous traversons, je dirais que nous nous en sortons correctement pour une entreprise qui n'a pas vendu de masques ! La crise ne nous a pas épargné. Deux filiales à l'export se sont retrouvées à l'arrêt sur le créneau de la vente d'œufs en BtoB et les alevins marins. Il y a donc eu un impact sur 2020 et 2021.

Et nous abordons 2022 avec des incertitudes en raison de l'envolée du prix des matières premières. Tous nos projets prennent un pourcentage d'augmentation non négligeable. Nos poissons sont nourris avec des céréales dont les prix flambent, le prix de l'énergie aussi. A cela il faut ajouter le problème de disponibilité de la main d'œuvre. 2022 sera une année compliquée mais nous ne sommes pas les seuls !

Comment anticipez-vous cette année compliquée ?

Nous allons devoir réaliser des économies là où nous pouvons en faire, échelonner certains investissements, répercuter les charges en hausse dans nos prix de vente. C'est toute la difficulté de l'acceptation des clients et consommateurs. Mais si l'inflation, en France, a bondi de 2,6 % en octobre, les pays limitrophes sont à 5 ou 6 % et il s'agit du niveau d'inflation vers lequel on s'oriente. Nous restons malgré tout optimistes. Nous avons la chance d'avoir un métier avec une demande qui nous porte. Nous maîtrisons la filière, nous allons consolider nos positions. Nous faisons de la qualité et du 100 % français. Il y a du sens dans nos produits et notre réussite de demain sera la même que notre succès d'hier.

Quel est le poids de l'innovation chez Aqualande ?

Nous y consacrons, chaque année, deux millions d'euros, qu'il s'agisse de faire de la recherche en sélection génétique, d'innover sur nos sites piscicoles ou de travailler, par exemple, sur un dispositif naturel appelé bioremédiation. Pour traiter l'eau qui repart à la rivière, nous produisons ainsi des algues qui filtrent les rejets et une partie de ces mêmes algues est ensuite vendue en BtoB. Nous allons également modifier nos techniques d'abattage en cette fin d'année pour une meilleure prise en compte du bien-être animal. Au-delà de l'innovation, nous réalisons également dix millions d'euros d'investissement par an pour nos 48 sites. Nous travaillons constamment sur des projets d'amélioration.

Alors que les fêtes de fin d'année approchent, quels sont les produits que vous vendez le mieux ?

Nous avons un produit phare en fin d'année : les œufs de truite. La production a lieu entre octobre et janvier. Après le prélèvement, les oeufs sont lavés puis salés, mis en verrines et pasteurisés pour assurer une conservation de plusieurs mois. C'est un produit qui marche très bien à l'export, notamment aux Etats-Unis et au Japon. Il représente 40 % de nos ventes au mois de décembre.

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Aqualande en quelques chiffres :

  • 147 millions d'euros de chiffres d'affaires en 2020
  • Plus de 1.000 salariés
  • 1er producteur européen de truite fumée
  • 47 sites aquacoles dont 40 piscicultures
  • 2 usines situées dans les Landes à Roquefort et Sarbazan
  • 250 millions d'œufs embryonnés
  • 100 millions d'alevins de bar, daurade et maigres produits dans les écloseries
  • 5.000 tonnes de truites fumées/an
  • 120 tonnes d'œufs de truite/an

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