Reborn investit dans son usine pyrénéenne pour recycler davantage d’emballages plastiques

Dans le Béarn, l’industriel Reborn utilise à Ogeu-les-Bains une nouvelle technologie permettant d’enlever la couche d’encre des emballages de produits de grande consommation.
A Ogeu-les-Bains, Reborn industrialise un procédé permettant d'enlever l'encre des emballages plastiques afin d'en recycler un plus grand nombre.
A Ogeu-les-Bains, Reborn industrialise un procédé permettant d'enlever l'encre des emballages plastiques afin d'en recycler un plus grand nombre. (Crédits : REBORN Nicolas Catard Uptown)

L'usine Reborn Pyrénées à Ogeu-les-Bains (Pyrénées-Atlantiques) a toujours été à la pointe. "Ce site, construit à côté de la source, a été l'un des premiers à commercialiser de l'eau en bonbonne plastique", relate Arthur Lepage, président du fabricant de films et emballages plastiques, qui y a inauguré, lundi 8 novembre, une ligne de production. Dotée d'une nouvelle technologie, elle permettra non pas de façonner un nouveau produit en plastique mais de mieux recycler cette matière.

Une nouvelle ligne de désencrage d'emballages

Car comme son nouveau nom, Reborn, l'indique depuis un an, faire "renaître" le plastique est le nouveau credo de l'ancien ExcelRise (110 millions d'euros de chiffre d'affaires, 350 salariés sur cinq sites en France), qui compte notamment Unilever, Bonduelle et Lactalis parmi ses clients. Et l'ex-Semo Packaging d'Ogeu-les-Bains, racheté en 2013, est une corde importante à l'arc de Reborn, qui ambitionne de porter la part de la matière recyclée dans sa production à 80 % en 2025, contre 0% en 2014 !

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Spécialisée dans les films destinés à protéger des palettes de bouteilles ou encore de sacs de ciment, l'usine pyrénéenne est, avec ses 55 salariés et un chiffre d'affaires de 27 millions d'euros, bien plus petite que l'implantation normande du groupe (200 personnes). Mais c'est justement en raison de cette petite taille que les innovations y sont testées. Soutenu par l'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie), Reborn a décidé d'industrialiser l'une de ces innovations et d'y investir trois millions d'euros, en plus des 7,5 millions déjà consacrés au site depuis huit ans, pour y installer sa première ligne dite de désencrage d'emballages en polyéthylène, le plastique le plus utilisé pour des produits de grande consommation. La ligne, baptisée B.Clear, est la première de ce type en France et même en Europe.

Reborn

La nouvelle ligne de désencrage B.clear (crédits : Reborn - Nicolas Catard - Uptown)

La transparence a un prix

"Depuis dix ans nous cherchions un moyen d'enlever l'encre des emballages, telle que la couche rouge que nous imprimons pour Coca Cola. Grace à notre "formule magique", un produit non toxique et réutilisable développé avec notre partenaire espagnol, nous pouvons obtenir des granulés transparents au lieu de noirs ou verts, comme nous les produisons déjà pour être transformés en sacs poubelle ou encore des piquets de vigne. Puisque ces granulés seront fabriqués à partir de déchets collectés auprès de nos clients, leur composition sera, de plus, traçable", détaille à La Tribune Arthur Lepage.

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Un argumentaire qui devrait permettre à Reborn de vendre ce nouveau produit jusqu'à trois plus cher. "La gamme de prix des granulés est large, entre 500 et 5.000 euros la tonne. A terme, comme pour le PET, la qualité, la transparence et donc le tarif du polyéthylène recyclé devraient se rapprocher - voire déjà dépasser pour le PET - celui de la matière vierge", prévoit le dirigeant.

Alors que de nombreuses marques proposent des bouteilles en plastique recyclé pour répondre aux attentes des consommateurs, mais aussi pour respecter une réglementation de plus en plus contraignante en la matière, c'est moins le cas pour les emballages en plastique.

Une nouvelle filière de recyclage européenne

Le gisement est pourtant important, estimé par l'industriel à 100 000 tonnes par an en Europe rien que pour ceux en polyéthylène imprimés :

"Nous démarrons avec une capacité de 4.000 tonnes par an. Nous avons d'ores et déjà prévu d'installer une seconde ligne de désencrage sur notre site normand début 2023. Et huit lignes de recyclage de films transparents supplémentaires sur nos cinq sites d'ici 2025, dont deux ici à Ogeu-les-Bains, où nous prévoyons de recruter entre 20 et 25 personnes", révèle le dirigeant, prévoyant une enveloppe d'une dizaine à une quinzaine de millions d'euros.

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L'usine Reborn d'Ogeu-les-Bains (crédits : Reborn - Nicolas Catard - Uptown).

A horizon 2026, Reborn vise un chiffre d'affaires de 177 millions d'euros et un effectif de plus de 500 personnes. "Plutôt que de remplacer le plastique par le carton par exemple, dont la fabrication est très énergivore, utilisons mieux la matière existante. Avec notre technologie de désencrage, nous contribuons à la constitution d'une nouvelle filière de recyclage en France", plaide Arthur Lepage, rappelant que les emballages sont actuellement incinérés et mis en décharge, mais quasiment plus recyclés depuis que la Chine a arrêté, en 2019, de vouloir transformer le plastique européen.

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