Pourquoi Malt implante à Bordeaux sa place de marché de freelances

En pleine croissance, la plateforme de freelances a choisi Bordeaux pour ouvrir son premier bureau régional. A l'heure du tout numérique et du télétravail généralisé, Malt fait le choix d'implanter une équipe commerciale en chair et en os en Nouvelle-Aquitaine puis en Occitanie où elle a identifié de très importantes marges de progressions. Explications avec Alexandre Fretti, son directeur général, alors que 15.000 freelances néo-aquitains sont déjà inscrits sur la marketplace.
Jean-Philippe Perrier, nouveau directeur sud ouest de Malt, devra incarner la marketplace de freelances en Nouvelle-Aquitaine et en Occitanie.
Jean-Philippe Perrier, nouveau directeur sud ouest de Malt, devra incarner la marketplace de freelances en Nouvelle-Aquitaine et en Occitanie. (Crédits : Malt)

Un large vivier de 40.000 entreprises clientes et 300.000 travailleurs indépendants en Europe, une ergonomie calquée sur les sites grand public tels qu'Airbnb et des services et tarifs attractifs : ce sont les principaux ingrédients assemblés depuis 2013 par Vincent Huguet et Hugo Lassiège, les cofondateurs de Malt. La startup, qui a levé 80 millions d'euros en série C en juin dernier auprès d'Eurazeo et de Goldman Sachs, revendique aujourd'hui la place de leader sur le marché européen de la mise en relation entre des entreprises de toutes tailles et des freelances opérants dans des métiers de plus en plus variés.

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Si une grosse moitié de l'activité sur Malt concerne encore des métiers de la tech et de la donnée, du graphisme et de l'audiovisuel et du marketing et de la communication, la plateforme s'ouvre désormais activement au services commerciaux et financiers, au conseil, à la gestion de projet et aux fonctions supports (RH, juridique, etc.). Déjà présente en Espagne, en Allemagne et bientôt au Benelux, Malt regarde désormais aussi de près le marché hexagonal où le dynamisme des grandes métropoles françaises recèle à ses yeux "un potentiel de croissance considérable".

Gommer un trop fort tropisme francilien

Hugo Lassiège, l'actuel CTO, étant lyonnais, la startup s'est construite entre Lyon et et la région parisienne, où est situé son siège social et la quasi-totalité des ses entreprises clientes.

"Aujourd'hui, 36 boîtes du CAC 40 sont clientes de Malt mais, au final, c'est surtout avec leurs entités parisiennes et très peu leurs équipes en régions. A tel point que 95 % de notre volume d'affaires français provient d'Ile-de-France et seulement 5 % des régions. Il y a une énorme marge de progression !", indique à La Tribune Alexandre Fretti, le directeur général de Malt, qui fixe le cap : "On veut rééquilibrer à 75 % pour l'Ile-de-France et 25 % pour les régions d'ici trois ans. Et avec notre présence historique à Lyon, on mesure toute l'importance d'avoir des implantations régionales pour tenir cet objectif."

Alexandre Fretti Malt

Alexandre Fretti, le directeur général de Malt (crédits : Malt).

Cette scale-up, typique de la French Tech et de l'ère des outils numériques, a ainsi choisi de déployer des équipes à demeure dans les grandes métropoles régionales pour y assurer du relationnel de proximité. Et avant Nantes prochainement, c'est à Bordeaux que le premier bureau régional de Malt a ouvert ses portes cet été piloté par Jean-Philippe Perrier. Installé au sein de la Halle Héméra, juste au-dessus de l'Atelier numérique de Google, le nouveau directeur sud-ouest de Malt a vocation à constituer une équipe d'une vingtaine de salariés d'ici 2023 pour évangéliser Bordeaux puis la Nouvelle-Aquitaine... avant d'aller faire de même en Occitanie.

"15.000 freelances inscrits en Nouvelle-Aquitaine"

Et la décision de débuter le déploiement régional par Bordeaux et Nantes, qui rivalisaient avec Lille et dans une moindre mesure Marseille et Strasbourg, a été finalement assez naturelle, selon Alexandre Fretti : "Il y a une vraie dynamique d'installation de startups et d'entreprises de la Tech dans la région bordelaise et, parallèlement, Bordeaux et Nantes sont aussi plébiscitées par les cadres et travailleurs de la tech franciliens. C'est donc finalement assez naturel de suivre nos clients !", observe-t-il.

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A Bordeaux, Malt entend cibler les gros acteurs régionaux de l'aéronautique, de la banque, de l'énergie, du numérique et des services publics. La société prévoit un chiffre d'affaires de 1,5 million d'euros en Nouvelle-Aquitaine en 2022, soit une trentaine de missions mensuelles.

"Nous comptons déjà 15.000 freelances inscrits en Nouvelle-Aquitaine dont 5.000 à Bordeaux et une dizaine de clients dont Cdiscount, Floa Bank, Cultura, le Crédit agricole, Orange, Ceva, Deezer, Betclic et Saft", cadre Jean-Philippe Perrier. "L'objectif est de fédérer une communauté plus large de freelances notamment via des évènements et d'aller démarcher les entreprises régionales qui ont besoin d'explications et d'un interlocuteur humain basé à Bordeaux."

Objectif : un milliard d'euros en 2024

"La proximité de la relation commerciale est un vrai atout tant pour les entreprises que pour les freelances qui aiment parler à des gens de l'écosystème local. Nous avons aussi un travail à mener sur la notoriété à Bordeaux à la fois de Malt et du freelancing en général", abonde Alexandre Fretti, qui positionne Malt à rebours des logiques "d'offshorisation" (recours à des prestataires étrangers). "L'objectif est de faire travailler des freelances locaux avec des entreprises locales, de la TPE et de la startup jusqu'aux grands comptes", assure-t-il. Un travail et une présence de proximité qui sont déjà mis en avant par des acteurs bordelais tels que Cosme, Locomotiv' ou Pertinens, qui fédèrent, à une échelle certes plus réduite, des freelances locaux.

Au total, tous pays confondus, Malt devrait afficher en 2021 un chiffre d'affaires d'une trentaine de millions d'euros pour un volume d'affaires de 200 millions d'euros. La startup vise le cap du milliard d'euros de volume d'affaires à l'horizon 2024. Elle se rémunère par une commission de l'ordre de 15 % perçue sur chaque transaction et partagée entre le freelance et l'entreprise. "Soit des tarifs entre 15 % et 20 % moins chers qu'une entreprise de services numériques classique", promet Alexandre Fretti.

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