Elle opère en toute discrétion à Saint-Médard-en-Jalles, en Gironde, au cœur d'un pôle d'activités dédiées au secteur aéronautique, à la défense et au spatial. L'entreprise Catherineau, qui a quitté ses locaux historiques de Bacalan à Bordeaux en 2012 pour se rapprocher de l'aéroport et de ses clients, est spécialisée dans l'aménagement d'intérieurs d'avions, de bateaux et d'intérieurs pour particuliers sur un segment luxe et haut de gamme. A Saint-Médard, dans des locaux de 4.600 m2, les équipes conçoivent les produits et les fabriquent pour des clients du secteur aéronautique, en grande majorité. "80 % de l'activité est tournée vers les avions d'affaires et les airlines", précise Anne-Sophie Catherineau, directrice générale de l'entreprise familiale, qui représente la huitième génération depuis la création de l'entreprise en 1750. "Notre maître mot : pérenniser l'entreprise", insiste Anne-Sophie Catherineau. Elle entend donc bien résister aussi à la crise Covid.
Une première crise en 2016
"Une première crise en 2016 a touché toute l'aviation d'affaires et a conduit à une baisse des carnets de commande. Dans ce contexte, nous avions lancé une stratégie de diversification du portefeuille client, en visant notamment l'export, en travaillant sur la certification de la société avec la volonté d'innover, d'améliorer l'organisation interne et de former le personnel. Quand nous avons enclenché ces chantiers, nous dépendions à 100 % de l'aviation d'affaires française", reconnaît Anne-Sophie Catherineau.
Catherineau se diversifie alors dans l'aménagement de bateaux, d'avions de lignes et dans la maintenance. "Après une baisse d'activité qui était attendue, nous sommes repartis en croissance en 2018/2019", explique sa directrice générale. Mais une nouvelle épreuve arrive avec la crise Covid. "Nous avons pris les mesures de sécurité qui s'imposaient alors et nous avons adapté notre production aux demandes des clients."
Catherineau est également dans les intérieurs des Falcon 7X de Dassault Aviations (crédits : Catherineau).
Mais la société ne décroche pas. "Fin 2020, notre chiffre d'affaires était quasiment stable, à 5 % près par rapport à 2019", assure Anne-Sophie Catherineau. Ce qui a payé, selon elle, c'est en l'occurrence cette diversification enclenchée dès 2016. "Les petits avions ont été assez résilients pendant la crise ce qui fait que nous avons été peu touchés par les annulations, ou quand il y en a eu nous avons retrouvé nos commandes", ajoute-t-elle.
Se positionner sur les marchés de demain
Pas de quoi toutefois se reposer sur ses lauriers. "Fin 2020, la concurrence est devenue très agressive avec des entreprises qui veulent gagner des marchés. Cela se fait par la guerre des prix", témoigne-t-elle. Catherineau ne se lance pas dans cette course. Plus posément, Anne-Sophie Catherineau assure que cette crise confirme que la stratégie enclenchée il y a quelques années était la bonne.
"Nous allons garder le luxe dans notre diversification, notre ambition étant d'être la référence du luxe pour les intérieurs. Nous nous donnons également les moyens de préparer les marchés qui sortiront demain, les avions électriques constituent une opportunité étant donné nos savoir-faire. Notre atout consiste à proposer des produits très légers et nous continuons à travailler sur des solutions d'allègement", insiste-t-elle.
L'entreprise, qui associe les matériaux composites aux placages de bois, a mis au point un matériau composite en nid d'abeilles, dont elle détient le brevet, qui permet de réduire de 30% la masse des mobiliers.
Des meubles pour intérieurs de luxe. Crédit Catherineau.
1,5 million d'euros d'investissement
Soutenue par le plan France Relance, avec une aide de 700.000 euros, Catherineau va ainsi acquérir une machine à commande numérique cinq axes pour gagner en productivité.
"Au tout début de l'entreprise, nous ne fabriquions que les meubles en fonction de demandes précises des clients. Aujourd'hui, le domaine d'activité est beaucoup plus large. Nous faisons de la recherche et développement, nous concevons, faisons des propositions au client et fabriquons bien plus que des meubles. Les clients nous demandent de plus en plus de prendre en responsabilité des activités qui étaient dans leur périmètre. Cela nécessite que nous nous équipions davantage et que nous soyons de plus en plus certifiés. Après la production et la maintenance, nous faisons donc certifier notre bureau d'études (PART 21J)", explique Anne-Sophie Catherineau.
L'investissement total pour Catherineau s'élève à 1,5 million d'euros.
15 recrutements dans les 2 ou 3 ans
En cette seconde partie de 2021, l'entreprise se veut donc résolument optimiste. Elle rentre d'ailleurs actuellement ses premières commandes à l'export. Catherineau prévoit, par ailleurs, de recruter une quinzaine de personnes dans les deux ou trois ans : des menuisiers, des ébénistes, des opérateurs en composite ou encore des concepteurs mécanique. L'entreprise compte 80 collaborateurs pour une vingtaine de métiers différents. Ils sont particulièrement nombreux dans les ateliers dédiés à la production de panneaux, à leur assemblage, au vernissage, à la peinture et à l'habillage cuir.
L'entreprise travaille actuellement pour une quinzaine de clients parmi lesquels figurent Airbus, Airbus Helicopters, Daher ou Dassault Aviation. Elle réalise un chiffre d'affaires de huit millions d'euros. "Nous étions à dix millions d'euros avant 2016. Un prévisionnel prévoyait une baisse à quatre millions d'euros en raison de la crise de 2016. Nous ne somme descendus qu'à 6,5 millions d'euros en 2018."
Intérieur pour bateau. Crédit Catherineau.
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