Alors que la Fédération française des usagers de la bicyclette (FUB) vient de lancer la 3e édition de son vaste baromètre des villes cyclables, la municipalité bordelaise semble décidée à redresser la barre après être passée de la 3e à 5e position du classement entre les deux précédentes éditions.
Quelques jours après que le président de Bordeaux Métropole a esquissé le nouveau Schéma des mobilités, Pierre Hurmic a, lui-aussi, présenté ce mercredi 15 septembre une batterie de mesures touchant aux différents modes de déplacement à Bordeaux et son agglomération. En annonçant la couleur d'entrée :
"L'été 2021 a été marqué par une série de blessures climatiques et un nouveau rapport du GIEC qui nous appelle à décarboner de toute urgence et de manière radicale nos villes et nos économies. Ce n'est pas une option, c'est une obligation !"
La ville à 30 km/h et la ZFE
L'annonce la plus emblématique est le passage à 30 km/h de 90 % des rues de la ville, contre un gros tiers actuellement. Le périmètre intra-boulevards basculera dès le 1er janvier 2022. Bordeaux suit ainsi Paris, depuis le 1er septembre, Clermont-Ferrand, dès le 1er décembre ou encore Lyon en 2022 mais aussi 200 autres villes françaises. En complément, au 1er janvier 2023, une zone à faibles émissions (ZFE) sera instaurée à Bordeaux Métropole sur le modèle de ce qui existe déjà à Toulouse ou dans le Grand Lyon. Le périmètre, qui devrait correspondre à l'intra-rocade, et les catégories dé véhicules concernés - particuliers et professionnels - sont en cours de discussion.
Dans la même logique, le stationnement payant sera également déployé dans des quartiers jusque-là épargné, dont Caudéran, et Bordeaux revendiquera bientôt le centre-ville piéton le plus étendu de France avec un élargissement d'environ 50 % des restrictions de circulation. De nouveaux cheminements piétons et une meilleure signalétique sont également annoncés pour inciter les habitants à se déplacer davantage à pied alors que la moitié des déplacements intra-muros sont inférieurs à 2 km.
Séduire de nouveaux cyclistes
"Faire de Bordeaux une ville apaisée est une priorité pour notre majorité municipale. La ville apaisée, la ville marchable, ce n'est pas une ville sans aucune voiture mais une ville qui n'est plus dessinée uniquement par et pour la voiture [...] Nous travaillons à de nouveaux aménagements pour séparer les flux de piétons, de cyclistes et autres partout où c'est possible", insiste le maire de Bordeaux.
"Je veux parler à ceux qui n'osent pas prendre le vélo parce que ce n'est pas pratique ou pas assez sûr", poursuit Pierre Hurmic, qui veut donc continuer à muscler le réseau cyclable et combler les discontinuités. 10 km de couloirs bus-vélo ont déjà été déployés, notamment sur les boulevards, et 25 km de plus sont prévus d'ici 2026 tout comme 28 km de pistes cyclables, dont 14 km déjà réalisés.
Le free-floating dans le collimateur
Et face à la jungle du free-floating qui a envahit les rues et trottoirs de Bordeaux avec une douzaine d'opérateurs opérants plus d'un millier de trottinettes, presque autant de vélos et plusieurs centaines de scooters électriques, le maire écologiste va durcir le ton. "On vit actuellement la pire époque du free-floating et nous ne tolèrerons plus les excès et les stationnements n'importe où", tonne ainsi Pierre Hurmic.
Alors que Zoov (vélos) et Pony (trotinettes) proposent de nouveaux services depuis quelques semaines et que Cityscoot (scooters) vient d'arriver, mairie et métropole semblent enfin décidées à passer aux actes. Une charte est en cours d'élaboration et un appel à manifestation d'intérêt devrait, avec un certain retard, intervenir au printemps 2022 pour sélectionner une poignée d'opérateurs sur des baux d'un an résiliables en cas de manquements. La mairie de Bordeaux promet que les conditions imposées aux opérateurs seront "drastiques et volontaristes" mais qu'en contrepartie elles proposera 300 zones de stationnement dédié, contre une centaine actuellement.
Enfin, l'accent sera également mis dans les prochains mois sur la rationalisation des flux logistiques en ville, cette complexe problématique de la livraison du dernier km. La mairie entend notamment dégager de l'espace - sur des places de stationnement notamment - pour déployer des conteneurs permettant de faire le lien entre les camions et les livraisons en vélo, cargos et autres véhicules électriques, toujours plus nombreuses à Bordeaux.
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