Ce mardi matin-là, il était de l'autre côté de Manhattan, à New York, en train d'assister à une réunion.
"Et tout à coup", raconte Éric Dubourg. "On a vu sur l'écran de TV derrière nous, branché sur CNN, le premier avion percuter les tours, puis le second. Mon sentiment, à ce moment-là, a été l'incompréhension, parce que les États-Unis n'avaient jamais été touchés depuis bien longtemps sur leur sol. Et très rapidement, les chaînes info ont affiché la photo de Ben Laden. On a alors compris que c'était une attaque terroriste."
Vingt ans plus tard, ce que retient le Français, c'est l'énorme élan patriotique, de solidarité et d'entraide, qui avait suivi les attentats. Tout le monde a voulu aider d'une manière ou d'une autre, dit-il : "Les restaurants ont rouvert tout à côté des décombres des tours pour nourrir tous les secours, les agriculteurs envoyaient des fruits et des légumes et les vendeurs de hot-dogs aussi ont rapidement repris leurs chariots." Éric Dubourg est lui allé prêter main forte à un vieux restaurant de famille de Manhattan qu'il avait comme client. "C'étaient des amis. Ils étaient à trois blocs des tours jumelles", se souvient-il. "Ils ont repris trois jours après les attaques alors qu'ils se trouvaient dans la zone encore fermée au public, de façon à nourrir le plus de monde possible qui travaillait sur place."
Des milliards de dollars engloutis
Vingt ans après, le Français constate aussi que les New-Yorkais sont passés à autre chose :
"Ils ont tourné la page le jour où ils ont eu Ben Laden (en 2011, NDLR), d'où la décision des présidents successifs de se retirer d'un endroit où ils n'avaient plus rien à faire. Le coupable a été trouvé et ils ne suivent quasiment plus ce qui se passe là-bas. On n'en parlait que quand il y avait un mort américain là-bas. Pour la nouvelle génération, c'est du passé. Elle a d'autres problèmes devant elle bien plus importants."
Habituellement pro-démocrates, les principaux médias comme CNN ou le New York Times ne sont pas tendres, en revanche, avec le président Joe Biden sur le fiasco de vingt ans de guerre sans fin en Afghanistan et de dizaine de milliards de dollars engloutis. D'autant que l'anniversaire du 11 septembre, à quelques jours près, coïncide cette année avec le retrait de toutes les troupes US du pays.
Plein les yeux
Après avoir grandi à Saint-Sulpice-et-Cameyrac, Éric Dubourg a quitté la Gironde lorsqu'il avait 22 ans après des études de viticulture. Marié, trois enfants, à New York, la famille partage sa vie entre son appartement de Midtown, au cœur de Manhattan, et une maison sur la rivière, au nord de l'île, où ils passent le plus de temps possible. La société d'importation de vins français qu'il a créée emploie huit personnes et écoule environ 3.000 caisses chaque mois. Ses clients sont des cavistes ou des restaurants new-yorkais. Plusieurs fois par an, le Français revient dans le Sud-Ouest, accompagné de quelques clients privilégiés, à qui il fait découvrir les pépites de la région. "Je leur en mets plein les yeux. Je les invite dans notre maison de famille de l'Entre-Deux-Mers", détaille-t-il. "C'est plus chaleureux qu'un hôtel, et on part visiter les châteaux. Le séjour passe aussi par un tour en pinasse sur le bassin d'Arcachon et l'incontournable dégustation d'huîtres sur le banc d'Arguin."
Lui écrire : [email protected]
Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !