Pourquoi Coleen fabrique ses vélos électriques en France et en Europe

Le fabricant biarrot de vélos électriques haut de gamme compte décupler sa production dans les deux prochaines années pour répondre à une demande en forte hausse. Coleen, dont le vélo vient d'être salué au niveau européen, pousse au maximum la logique de fabrication internalisée avec des fournisseurs localisés en Nouvelle-Aquitaine et en Europe.
(Crédits : Coleen)

Un million de plus pour aller plus vite ! C'est l'objectif que Thibault Halm et Audrey Lefort, cofondateurs du fabricant de vélos électriques Coleen, se sont fixés pour leur seconde levée de fonds, deux ans après un premier tour du table du même montant.

« Nous avons déjà levé la moitié du montant visé depuis début juin auprès de business angels et nous lançons courant septembre une collecte ouverte à tous sur la plateforme de financement participatif Wiseed", annonce Thibault Halm. "Ces fonds nous permettront d'augmenter considérablement notre production pour passer de dix vélos à une centaine de vélos par mois d'ici deux ans afin de mieux pouvoir répondre à la forte hausse de la demande ».

Le "fait maison", credo de la marque depuis 2014

L'équipe de Coleen, appelée aussi à s'agrandir, a commencé la recherche de nouveaux locaux, car son atelier actuel près de la gare de Biarritz (Pyrénées-Atlantiques) ne permettront bientôt plus de respecter le "fait maison", credo de la marque depuis 2014. "Contrairement à nos concurrents, qui sous-traitent la fabrication dans les mêmes usines en Asie, nous faisons le maximum en interne", souligne Audrey Lefort. Les matériaux viennent autant que possible de France, comme la batterie et l'écran associé produits près de Bordeaux, et d'Europe, tels que les freins provenant de Grande-Bretagne, la boîte de vitesses d'Allemagne et les feuilles de carbone - découpées, moulées et peintes pour former le cadre - sont de fabrication régionale et espagnole.

Ce choix s'est révélé particulièrement judicieux ces derniers mois lorsque les chaines logistiques mondiales ont été perturbées, mais il ne relève pas que du patriotisme. "Pour nous, c'est surtout l'unique moyen de réaliser des vélos électriques (25 km/heure) et des speed bikes (45 km/heure) sans cesse plus innovants, techniques, fiables et durables, par l'absence de pièces plastiques et aussi par un design intemporel", ajoute la cofondatrice. Une patte particulière qui a encore été récompensée par un prix prestigieux, celui du jury d'Eurobike, le salon mondial du vélo qui s'est tenu début septembre dernière en Allemagne.

Coleen

Le modèle de vélo électrique Coleen récompensé au salon Eurobike 2021 (crédits : Coleen).

"Nous travaillons sur une nouvelle génération de moteur permettant d'alléger le vélo de deux kilos et d'augmenter son autonomie - 100 kilomètres environ aujourd'hui - de plus de 30 %", ajoute Pierre Bigard, responsable R&D et ancien ingénieur chez Look Cycles qui a rejoint l'aventure en 2019.

Frein au développement national

L'équipe n'est pas peu fière des surnoms automobiles - "Ferrari" et "Rolls" - donnés à ses vélos entièrement personnalisables, mais pas à la portée de toutes les bourses : les deux modèles unisexes les plus vendus, aux noms évocateurs de "marinière" et "numéro cinq", sont respectivement disponibles à partir de 7.960 euros et 8.685 euros ! Ce positionnement haut de gamme se traduit également dans le choix du réseau de distribution : "Nous sélectionnons soigneusement nos revendeurs sur leur capacité à assurer le servie après vente", explique Audrey Lefort. La marque n'est ainsi disponible pour le moment que dans six points de vente en France, sur un total de 21 en Europe, et a même refusé les avances de la Fnac, dont le rayon cycle propose les vélos Angell de Marc Simoncini, mais elle est en revanche en discussion avec les très chics Bon Marché parisien et le Harrod's à Londres.

Coleen

Les vélos électriques de Coleen proposent des finitions et des prix très hauts-de-gamme (crédits : Coleen).

Plus qu'en France, l'entreprise, qui vise 300 vélos vendus en 2022 et espère être rentable l'année suivante, voit son développement en Europe et même aux Etats-Unis :

"Le principal frein au développement national est d'ordre réglementaire : les speed bikes constituent, plus que les vélos électriques, une vraie alternative à la voiture et au scooter pour les déplacements quotidiens, mais ils nécessitent en France une carte grise, contrairement à la Belgique, la Suisse, les Pays-Bas ou le Luxembourg, autant de marchés en forte croissance", explique Thibault Halm.

Signe des évolutions de ce marché en plein essor, le premier fabricant de speed bikes, le suisse Stromer, a été rachetée en mai...par le fonds d'investissement français Naxicap.

Le marché du cycle en plein boom

D'après l'édition 2020 de L'Observatoire du Cycle de l'UNION Sport & Cycle (1.400 entreprises, 3.000 points de vente), le marché du cycle a dépassé pour la première fois la barre des 3 milliards d'euros. Un chiffre en hausse de 25 %, alors que le nombre de vélos n'a augmenté que de 1,7 %, à près de 2,7 millions. L'explication est double : les prix toutes catégories confondues (vélos de ville, vélos électriques, VTT, VTT électriques, vélos cargos) sont en hausse, mais le poids relatif des vélos électriques, plus chers, est surtout de plus en plus important. Avec 514.672 vélos à assistance électrique (VAE) vendus en 2020 (+ 29 %) et un prix moyen en augmentation de +21 % (à 2.079 €), le VAE représente désormais 56 % du marché en valeur !

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