Une ligne et 18 stations : l'association Métro de Bordeaux affine son projet de mobilités

Alors que le contenu du Schéma des mobilités sera discuté à Bordeaux Métropole cet automne, la petite association Métro de Bordeaux compte bien se faire entendre. C'est donc la première à dégainer son projet articulé autour d'une ligne unique de métro de 19 km et 18 stations desservant Cenon, Bordeaux, Talence, Pessac et Gradignan à l'horizon 2035. Objectif : convaincre les élus que ce scénario à deux milliards d'euros mérite d'être exploré en profondeur.
En rouge foncé, le tracé de 19 km et 18 stations de la ligne de métro à deux milliards d'euros proposé par Métro de Bordeaux à l'horizon 2035.
En rouge foncé, le tracé de 19 km et 18 stations de la ligne de métro à deux milliards d'euros proposé par Métro de Bordeaux à l'horizon 2035. (Crédits : Métro de Bordeaux)

"Ce n'est pas un projet bordelo-bordelais". "Ce n'est pas juste une ligne de métro". D'entrée, Mickaël Baubonne, le vice-président de l'association Métro de Bordeaux, insiste sur les contours de sa "proposition globale" pour les mobilités dans l'agglomération bordelaise d'ici 2035. Cette petite association - qui ne compte que 45 adhérents et aucun financement privé ni public - a pris l'habitude de porter à bout de bras le projet d'un métro à Bordeaux en publiant des contributions précises et étayées tout en ferraillant sur les réseaux sociaux.

Un nouveau schéma des mobilités dans les tuyaux

Après avoir réalisé une enquête en ligne auprès de 1.400 répondants début 2020, l'association a peaufiné ces derniers mois son projet en vue du débat sur le Schéma des mobilités prévu au conseil de Bordeaux Métropole en octobre ou novembre prochain. L'objectif étant d'être audible entre les scénarios qui seront défendus par les élus de la majorité PS-EELV et ceux de l'opposition de droite et du centre. Sachant que plusieurs élus de la majorité - dont l'écologiste Clément Rossignol-Puech (stratégies des mobilités et mobilités alternatives) et la communiste Claude Mellier (infrastructures routières et ferroviaires) souhaitent bien approfondir la question en menant de nouvelles études.

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"Nous nous sommes fixés quatre priorités : décongestionner le réseau de tramway ; améliorer la performance du réseau en transportant plus d'usagers dans de meilleures conditions ; convaincre les automobilistes de se mettre aux transports en commun ; et mieux partager l'espace public en surface", déclare Mickaël Baubonne, qui présente "la ligne de métro de 18 stations comme la pièce maîtresse d'un projet plus global de mobilités avec la restructuration du réseau TBM, et notamment des lignes de bus, de nombreuses interconnexions et le développement du réseau cyclable."

19,3 km de long pour 18 stations

Concrètement, l'association, présidée par Sebastian Romero, préconise la construction d'une ligne de métro reliant Cenon-La Morlette, à l'Est, à Talence-Thouars, au Sud-Ouest, via la gare Saint-Jean, Mériadeck, le CHU de Pellegrin et le campus de Talence et Pessac. Le tout sur 19,3 km, dont une bonne partie en aérien, avec 18 stations, soit environ un arrêt à chaque km. De quoi, selon l'association, transporter 160.000 voyageurs par jour en 2035 puis 200.000 par jour en 2040, sachant qu'en 2018 la totalité du réseau TBM comptait 530.000 déplacements quotidiens et qu'il va devoir en gérer 875.000 en 2030, au risque d'une thrombose généralisée.

Métro de Bordeaux

En rouge foncé, le tracé de 19 km et 18 stations de la ligne de métro à deux milliards d'euros proposé par Métro de Bordeaux à l'horizon 2035. Cliquez sur l'image pour l'agrandir (crédits : Métro de Bordeaux).

Pour Mickaël Baubonne, ce tracé, qui fusionne les deux lignes proposées par l'étude exploratoire réalisée en 2019, a le mérite "de desservir l'hyper-centre, la gare Saint-Jean et deux quartiers prioritaires mal desservis - Thouars et La Benauge - mais aussi de relier les deux grands campus bordelais en passant par la gare." L'association propose un calculateur d'itinéraires pour simuler les gains théoriques de temps de trajet dans la métropole avec la nouvelle ligne de métro.

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Deux milliards d'euros sur dix ans

Alors que le budget 2021 de la Métropole consacré à la mobilité s'élève à 630 millions d'euros (investissement et fonctionnement confondus), le coût d'une telle infrastructure est chiffré à deux milliards d'euros sur dix ans par l'association. Soit un investissement de 100 millions d'euros du kilomètre, proche des niveaux constatés à Lyon, Rennes et Toulouse. En 2019, la précédente étude menée sur le sujet retenait un coût moyen de 90 millions d'euros du kilomètre pour un investissement total évalué à 1,4 milliards d'euros pour une seule ligne et à 2,7 milliards d'euros pour deux lignes.

Des factures à dix chiffres qui n'auraient pourtant rien d'insurmontable à en croire Mickaël Baubonne :

"C'est un effort qui s'étale sur dix ans et qui pourrait, par exemple, être porté par un emprunt de 1,5 milliard d'euros assorti de 200 millions d'euros de fonds propres et de 300 millions d'euros de subventions de l'Etat et des autres collectivités locales comme le Département de la Gironde et la Région Nouvelle-Aquitaine qu'il faudra convaincre de participer au tour de table comme c'est le cas à Toulouse ou à Rennes", précise-t-il.

"Une question de choix politique"

Quant au fonctionnement, Métro de Bordeaux assure que c'est un investissement rentable, dans la lignée des conclusions de l'étude exploratoire menée par Bordeaux Métropole sur le sujet en 2019, qui concluait à une infrastructure "légitime, faisable techniquement et rentable économiquement". L'association évalue les dépenses d'exploitation à 23 millions d'euros par an face à des recettes d'exploitation (billetterie, loyers, publicité, etc...) de 26 millions d'euros par an, soit un bilan positif, contrairement à celui du tramway bordelais. Enfin, la petite association met également en avant un bilan carbone favorable dès la 5e année d'exploitation et assure que, sauf mauvaise surprise, il n'y a plus d'obstacle technique au creusement d'un métro à Bordeaux au regard de l'expertise française acquise à Rennes, Toulouse ou encore avec le Grand Paris Express. Bref, Mickaël Baubonne, fervent partisan du métro, réitère son message :

"On a à Bordeaux la capacité d'investir à la fois dans le métro et dans les autres infrastructures de transport, comme c'est le cas à Toulouse qui finance une 3e ligne de métro, un téléphérique, des bus et un réseau cyclable. ! En réalité, c'est plus une question de choix politique et d'ambition que de moyens ! Il nous semble désormais essentiel que Bordeaux Métropole finance une étude réelle, sérieuse et approfondie sur la faisabilité d'un métro."

La décision appartient désormais au conseil métropolitain sachant qu'il faut compter au moins dix ans entre les premières études et la mise en service d'une infrastructure de ce type.

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 A terme, il pourrait même être question d'une seconde ligne de métro entre la place Latule au Nord et Bouliac au Sud-Est via les boulevards, les Quinconces, Bastide-Niel et l'Arena.

Métro de Bordeaux

Le scénario à deux lignes de métro après 2040. Cliquez sur l'image pour l'agrandir (crédits : Métro de Bordeaux).

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