Aquitains d'ailleurs : une Bordelaise coincée aux États-Unis par le travel ban

Ils peuvent venir en Europe sans problème mais sont interdits d'accès aux États-Unis à leur retour, sauf au prix d'une quarantaine stricte dans des pays exotiques. Installés à San Francisco, Christine Duquesne et sa famille n’ont pas remis les pieds en France depuis deux ans. Elle témoigne.
(Crédits : DR)

"Travel ban" : ces deux mots résument à eux seuls la galère endurée par des milliers de Français installés aux États-Unis, où ils se retrouvent littéralement pris au piège. Parmi eux, la Bordelaise Christine Duquesne n'a revu ni sa famille ni ses amis depuis l'été 2019 :

"Nous sommes autorisés à quitter les États-Unis sans problème, mais pour rentrer d'Europe, nous devrons d'abord observer deux semaines de quarantaine dans un pays choisi par les autorités américaines, comme le Rwanda, la Turquie ou le Mexique", témoigne-t-elle.

La loi a été mise en place par l'administration Trump en novembre 2020 pour protéger les États-Unis du Covid-19. Elle a été maintenue par Joe Biden. Arrivée en Californie un peu plus d'un an avant le déferlement de la pandémie, Christine Duquesne dénonce surtout une absence de réciprocité avec les locaux et un "deux poids, deux mesures" insupportable à ses yeux : "Les Américains entièrement vaccinés, eux, peuvent aller et venir comme ils le souhaitent, tout comme les Français titulaires d'une green card (permis de séjour permanent, NDLR) ou qui disposent de la double-nationalité. Idem pour le Mexique : la frontière est ouverte dans les deux sens alors que le taux de contamination explose là-bas !"

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Des demandes qui s'accumulent

Diplômée d'une maîtrise en commerce international, Christine Duquesne a notamment travaillé à Bordeaux chez Sud-Ouest à l'optimisation de la logistique pour la livraison du quotidien. C'est en 2018 qu'elle part vivre à San Francisco où son mari venait de décrocher un contrat d'ingénieur chez le géant informatique Apple. La Française a rapidement trouvé, à son tour, un job dans une société israélo-américaine de logiciels de cybersécurité pour les sites Internet ou les applications sur smartphone. Elle décrit aujourd'hui une situation kafkaïenne : pour entrer aux États-Unis, les Français peuvent aussi solliciter un "NIE", une exception d'intérêt national. Problème, celle-ci est délivrée au cas par cas et les catégories éligibles ont encore été restreintes l'an dernier. "Ce NIE n'est disponible qu'en se déplaçant physiquement à l'ambassade des États-Unis à Paris", précise Christine Duquesne. "Et elle n'est pour le moment ouverte qu'aux ressortissants américains. Autant dire qu'il nous est impossible de l'obtenir !"

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La Française doit aussi se rendre à Paris pour faire renouveler son visa de travail lui permettant de séjourner sur le sol américain. Et pour cette simple formalité, aucun rendez-vous n'est disponible avant... avril 2022 ! "Le département immigration a été définancé par Donald Trump", explique-t-elle. "Beaucoup de personnels ont été virés et les demandes s'accumulent et ne sont pas traitées." Les expatriés attendent beaucoup de la récente rencontre, mi-juillet à Washington, entre Joe Biden et Angela Merkel. La chancelière allemande était venue ce jour-là plaider la cause des Européens installés aux États-Unis victimes des conséquences de ce "travel ban". Le chef de la Maison-Blanche avait alors assuré qu'il se prononcerait rapidement sur la question. Mais ces espoirs semblent compromis par la propagation rapide du variant delta en Europe.

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