Aquitains d'ailleurs : des JO de Tokyo sous cloche pour cause de Covid

Installé depuis près de dix ans dans la capitale nippone, Gwenn Étourneau, ingénieur périgourdin, décrit une ambiance inédite en ville à quelques jours de l'ouverture, vendredi, des Jeux olympiques à huis clos. La population craint une explosion des contaminations.
Né à Périgueux, Gwenn Etourneau vit au Japon depuis dix ans et témoigne de l'atmosphère à l'approche des Jeux olympiques de Tokyo du 23 juillet au 8 août en plein pandémie de Covid-19.
Né à Périgueux, Gwenn Etourneau vit au Japon depuis dix ans et témoigne de l'atmosphère à l'approche des Jeux olympiques de Tokyo du 23 juillet au 8 août en plein pandémie de Covid-19. (Crédits : DR)

"On perd un peu la magie des Jeux !". C'est par un doux euphémisme que Gwenn Étourneau entame la conversation. Le Français témoigne que la population de Tokyo est plutôt opposée à ces Jeux olympiques qui se tiendront pour la première fois sans aucun public :

"Les gens ne comprennent pas : d'un côté, on nous dit que c'est l'état d'urgence (jusqu'au 22 août, NDLR), et de l'autre, on fait venir des sportifs et leurs équipes par milliers, du monde entier, dont certains ont le Covid-19 et risquent de le transmettre autour d'eux."

Selon un sondage publié ce lundi 19 juillet par le quotidien "Asahi", une majorité de Japonais (55 %) se dit en effet hostile à la tenue des Jeux. 68 % doutent de la capacité des organisateurs à contrôler les contaminations. Des personnalités médiatiques et politiques sont montées au créneau contre le maintien des JO en pleine pandémie, des pétitions ont été lancées, certains ont même menacé de paralyser Tokyo pour empêcher les épreuves, mais Gwenn Étourneau n'y croit pas : "Il n'y a jamais de grève au Japon ! En dix ans, je n'en ai encore vu aucune."

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Confinement et couvre-feu interdits

Le Comité olympique tient bon mais plusieurs cas de Covid-19 sont déjà apparus au sein même du village olympique, sur des athlètes et leurs équipes, en particulier des footballeurs sud-africains. Ils ont été placés à l'isolement mais les organisateurs craignent des contaminations en cascade. Chaque jour, tous les participants aux JO sont soumis à des tests salivaires. Et si le port du masque est bien ancré dans la culture nippone, aucun confinement ni couvre-feu n'est envisageable au Japon, car la loi l'interdit.

"On ne peut pas forcer les gens à rester chez eux par exemple pour télétravailler", témoigne le Périgourdin. "La seule chose que peuvent faire les autorités, c'est demander aux restaurants de fermer plus tôt le soir ou de ne pas vendre d'alcool à partir d'une certaine heure. Mon épouse bordelaise travaille pour un importateur de vins français et on lui a demandé d'arrêter de vendre de l'alcool à ses clients, sans aucune aide financière en contrepartie."

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Deux ans sans voir sa famille

Né à Périgueux, en Dordogne, où il a suivi toute sa scolarité jusqu'à un bac scientifique, Gwenn Étourneau, 40 ans, a ensuite décroché à Bordeaux un DUT en informatique. Au Japon, il est pourtant considéré comme un ingénieur : "Ici, si vous avez l'expérience, on vous embauche et un ingénieur n'a pas besoin d'être diplômé à Bac +5." Fan depuis toujours de la culture et des films d'animation japonais, le Français travaille aujourd'hui pour une filiale de Toyota qui produit des logiciels destinés aux futures voitures autonomes, comme celles que développent Tesla ou Google.

Mais s'il peste de devoir suivre les JO à la TV, le principal inconvénient pour lui de cette pandémie qui s'éternise, n'est pas l'accès aux stades : "Cela fait deux ans que je ne suis pas rentré en France et que je n'ai pas vu ma famille si ce n'est par écran interposé", soupire-t-il. "Le problème au Japon, c'est qu'on a très peu de jours de congé et je n'ai pas envie de les passer en quarantaine !" Gwenn Etourneau compte se faire vacciner dans les jours qui viennent mais son pass sanitaire ne sera de toute façon pas valable en Europe, à moins de la mise en place d'un passeport vaccinal international reconnu au Japon comme en France.

Lui écrire : [email protected]

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