A Treignac, village de 1.400 habitants en Corrèze, le petit, mais bien connu des Treignacois, festival de jazz, se prépare pour les représentations du 29 juillet au 1er aout. L'évènement attend environ 150 spectateurs et même plus pour les représentations en grand air. Thierry Mazaud, fondateur de l'association Kind of Belou qui organise le festival, confie que "pour une fois, être petit présente de nombreux avantages !"

Car en effet, si le festival treignacois peut avoir lieu, ce n'est pas le cas de tous. Parmi les grands noms des festivals et rassemblements estivaux, nombreux sont ceux qui ne peuvent se produire, en partie à cause de la rigidité des contraintes sanitaires et du manque de visibilité qui va avec.

Certains créent de nouveaux formats...

Malgré l'annonce tardive ce 21 juin par la ministre de la Culture de l'autorisation des concerts debout à partir du 30 juin, les normes des grands festivals ont bien changé en deux ans : obligation d'un pass sanitaire (montrer soit un test négatif au Covid, soit un certificat de vaccination), places assises privilégiées, interdiction des campings et respect des gestes barrières. Ces mesures ont poussé certains d'entre eux à ne pas rempiler cette année, à l'image de Garorock (Lot-et-Garonne), qui diffusera uniquement son concert en live sur son site internet jeudi 24 juin au lieu d'accueillir plus de 160.000 festivaliers à Marmande sur trois jours.

De même, le festival de reggae Sun Ska a annulé ces trois jours annuels de festival accueillant habituellement 10.000 festivaliers par jour, pour le remplacer par les "jeudi du Sun Ska", où une dizaine de concerts seront organisés pendant deux mois à ciel ouvert dans le domaine de Nodris dans le Médoc (Gironde). Frédéric Lachaize, le directeur, a préféré faire une version "petit format" du Sun Ska, avec des jauges de 800 personnes, ce qui permet de passer outre les contraintes de places assises pour son public d'une moyenne d'âge de 23-24 ans. Cette solution s'illustre alors comme "une belle manière de montrer qu'on reste impliqué" d'après le directeur, dont la plus grande crainte est que certains festivals indépendants n'arrivent pas à continuer l'année prochaine.

Pour ceux qui ne rempilent pas, sont souvent pointées du doigt les annonces gouvernementales et les concerts tests qui ont trop tardés. "Cela nous laissait moins de trois mois pour presque tout organiser, parfois moins", selon Fred Lachaize, qui comme les autres organisateurs, est resté longtemps dans l'incertitude.

... quand d'autres relèvent le pari

Cette difficulté de retard a aussi été partagée par ceux qui ont fait le choix de maintenir leurs dates. Pour la directrice des Francofolies à La Rochelle (Charente-Maritime), Emilie Yakich, organiser le festival cette année a relevé d'un "véritable pari". Recevant habituellement 150.000 personnes sur quatre jours, les Francofolies attendent cette année autour de 75.000 festivaliers. Malgré tout, la directrice se dit confiante : "il y a une vraie appétence pour se retrouver" autour d'une programmation adaptée aux conditions sanitaires. En effet, des artistes comme Francis Cabrel, Pomme ou encore Gaël Faye seront invités pour des concerts se dérouleront dans une ambiance familiale et adaptée au format "assis" du festival.

Mais d'autres sont plus inquiets : Stéphane Canarias, directeur du Brive Festival, assure que les contraintes sanitaires ont un effet sur les ventes : "C'est un phénomène commun à plein de festivals : il y a un vrai engouement au début, mais plus ça va, et plus les gens réfléchissent au pass sanitaire, aux places assises... Les billets s'achètent beaucoup moins spontanément", regrette-t-il. Renommé "Plan B" by Brive festival, l'événement qui doit remplir 20.000 places pour quatre soirs n'en a pour l'instant vendu qu'une grosse moitié.

Villes et villages : la fête est finie ?

Du côté des incontournables fêtes populaires dans les villes et villages du Sud-Ouest, nombreuses sont celles qui ont dû être annulées. Parmi elles, on compte notamment les célèbres Fêtes de Bayonne. Avec un million de personnes rassemblées chaque année dans les rues de la ville, les organisateurs ne pouvaient assurer le respect des gestes barrières. Yves Ugalde, le directeur du comité des fêtes, assure qu'il était inimaginable de les maintenir tout en voulant respecter les contraintes sanitaires, auquel cas "ce ne serait plus les fêtes de Bayonne", souligne-t-il.

Dans tous les cas, le manque à gagner pour les villes et villages est énorme. Lors des fêtes, comme celles de la Sainte Madeleine ou la Saint Jean dans les villages landais, c'était l'occasion pour les commerçants de réaliser jusqu'à la moitié de leur chiffre d'affaire annuel. A Bayonne, sur une soixantaine de peñas, 30 % craignent de disparaître l'année prochaine, manque de recettes.

Cependant, les corridas et spectacles taurins seront maintenus dans certaines villes, comme à Mont-de-Marsan (Landes) où quelques 3.000 personnes sont attendues pour voir défiler les taureaux dans les arènes au mois de juillet. A Bayonne, des animations sont organisées par les associations culturelles de la ville lors du festival Paséo du 14 juillet au 3 septembre. Ainsi, bien que le sens de la fête essaie de survivre, l'insouciance d'avant la crise ne reviendra pas encore tout à fait cette année.