Logistique urbaine : un collectif se jette à l’eau pour relancer le fret fluvial vers Bordeaux

Transporteurs, restaurateurs, producteurs et distributeurs réunis au sein du collectif Garonne Fertile ont expérimenté, début mai, la livraison de produits alimentaires par le fleuve entre Damazan, en Lot-et-Garonne, et Bordeaux, en Gironde. Si des obstacles doivent être levés, le collectif estime qu’il serait possible d’aller vers un coût comparable au coût du routier.
Cinq acteurs du collectif Garonne Fertile ont testé la livraison de produits alimentaires par le fleuve entre Damazan et Bordeaux.
Cinq acteurs du collectif Garonne Fertile ont testé la livraison de produits alimentaires par le fleuve entre Damazan et Bordeaux. (Crédits : MBSO)

L'événement a suscité de l'enthousiasme et le collectif Garonne Fertile s'en félicite ! Créé en 2020, il a expérimenté, début mai, le premier voyage d'une péniche chargée de produits agro-alimentaires entre Damazan, en Lot-et-Garonne, et Bordeaux. Objectif : réaliser un test grandeur nature dans l'optique de relancer le fret fluvial. Huit tonnes de marchandises ont ainsi été transportées et livrées. L'enjeu est double pour Benjamin Labelle, directeur chez Manger Bio Sud Ouest (MBSO), qui distribue des produits bio à destination de la restauration collective et fait partie du collectif :

"Entre transporteurs, restaurateurs, producteurs et distributeurs, nous y voyons une réponse à la fois écologique sur le plan du transport et structurante sur le territoire pour faire de l'approvisionnement local."

Le collectif qui souhaitait être cohérent de bout en bout, dans le transport amont et aval, a ainsi utilisé des camions roulant au biogaz et des vélos pour la livraison du dernier kilomètre.

"Cinq à sept vélos ont participé à l'opération. C'était impressionnant de rapidité, d'efficacité et en même temps très silencieux. Nous aurions dit un petit MIN (marché d'intérêt national) silencieux", témoigne Benjamin Labelle.

fret fluvial

La livraison du dernier kilomètre à Bordeaux (crédit MBSO).

Des freins à lever

Des cuisines centrales, des établissements scolaires en gestion directe, des épiceries ou encore des restaurants ont, au final, été livrés en temps et en heure. Et si l'idée était de prouver que le fret est envisageable, il reste toutefois à lever des freins et à s'adapter.

"Le temps de navigation est évidemment plus long, puisque nous sommes sur deux jours de transport par le fleuve contre deux heures par la route. La date limite de consommation exclut donc, de fait, certains produits. Nous n'avions, par exemple, aucun produit frais. Sur la Garonne, certains aménagements ne sont pas encore adaptés. Enfin, les acheteurs devront davantage anticiper les commandes et peut-être même intégrer un peu plus de coût", reconnaît Benjamin Labelle.

Selon lui, le coût du transport par le fleuve serait deux à trois fois plus important que par la route. Mais il estime qu'il sera possible d'aller vers un coût comparable au coût du routier "sans les externalités négatives du fret routier, à savoir les embouteillages, la pollution, les accidents". La clé ? Le volume.

"Il va également être très important de travailler sur les intermodalités, sur les temps de chargement, de déchargement et les distances. Il faut être rapide, au bon endroit, avec les bons outils et s'appuyer sur les bons partenaires surtout sur le dernier kilomètre qui va déterminer le coût d'une commande", explique Benjamin Labelle.

A ce stade, Benjamin Labelle reconnait que les prix sont très différents sur le dernier kilomètre, avec des propositions allant de 10 à 50 euros pour un point de livraison. "Mais si nous avons pu faire ce test, c'est aussi grâce à l'émergence d'acteurs sur le dernier kilomètre à vélo", reconnaît-il.

Aucune nouvelle expérimentation n'est prévue pour l'instant. "Il s'agissait de faire une démonstration. Elle est faite." Pour la suite, des livraisons de ce type pourraient être envisagées dans les deux ou trois années à venir en fonction de la mobilisation des acteurs. En attendant, Benjamin Labelle devrait être auditionné par un groupe d'étude sur le sujet à  l'Assemblée nationale. "Il y a eu très peu d'expérimentations en fret alimentaire", reconnaît-il. Si le collectif Garonne Fertile a choisi de se lancer, avec une diversité de produits, et une diversité de profils de chargeurs, distributeurs comme producteurs en direct, c'est justement parce que "cela ne se faisait pas et que cela semblait impossible."

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La péniche Tourmente de la SAS L'Equipage (crédit MBSO).

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Les membres du collectif Garonne Fertile :

  • Casa Gaïa (restaurant bordelais)
  • L'Equipage (péniche)
  • L'association Vivre le Canal
  • Manger Bio Sud Ouest
  • Hydrogène Vallée

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