Aquitains d'ailleurs : une Poitevine dans le chaos indien du Covid-19

Contrairement à bon nombre d'expatriés, Eline Caillaud a choisi de rester à Jaipur, au Rajasthan, où elle vit depuis trois ans, malgré la vague de coronavirus qui s'abat sur l'Inde depuis quelques semaines. Mariée à un Indien, la Française tient bon auprès de sa belle-famille.
Eline Caillaud témoigne de la situation sanitaire dans une Inde submergée par le Covid-19
Eline Caillaud témoigne de la situation sanitaire dans une Inde submergée par le Covid-19 (Crédits : DR)

Hôpitaux saturés, manque d'oxygène et d'ambulances, pénurie de vaccins et même de médicaments de base : on retrouve ces scènes de chaos partout en Inde, même dans les villages. "Dans la rue, tout le monde se demande mutuellement « comment ça va ? »", observe Eline Caillaud. "Parce qu'on sait que dans chaque famille il y a un problème avec le virus. Les gens ont peur car tout le monde est touché, que ce soit les personnes âgées ou les jeunes." C'est le mois dernier que les chiffes des contaminations et des décès se sont emballés. Les images de corps de victimes de l'épidémie en train de brûler sur des bûchers, de jour comme de nuit, ont fait le tour du monde.

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Depuis le 19 avril, tout le pays est sous couvre-feu mais les autorités ont mis du temps à réagir, témoigne la Française :

"Tout le monde avait abandonné les gestes barrières car il y avait ce discours du gouvernement en début d'année qui disait que l'Inde s'en était sortie et que c'était un exemple pour le reste du monde. On se disait « tout va bien » et les gens ne portaient plus de masque ou pas correctement. Ils l'ont remis aujourd'hui."

Le bilan officiel dépasse désormais les 220.000 décès mais il serait au moins dix fois en-dessous de la réalité. Difficile de confiner un pays où les familles peuvent vivre jusqu'à vingt dans un même appartement. Pour les vaccins non plus, le gouvernement n'a pas été à la hauteur. A peine 2 % de la population ont reçu les deux doses. "L'Inde a beaucoup produit et exporté, analyse la jeune femme, dans tous les pays d'Asie, d'Afrique, d'Amérique du Sud et même au Canada. Les autorités ont donc dû respecter ces contrats et se retrouvent maintenant à cours de vaccins." Résultat : impossible, ou presque, de trouver un créneau disponible sur l'appli Doctolib locale, même si la vaccination est officiellement ouverte à toute personne de plus de 18 ans depuis le 1er mai.

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Un tsunami épidémique

Éline Caillaud a choisi de rester à Jaipur, malgré une situation qu'elle décrit comme un tsunami épidémique, et alors que beaucoup de Français sont partis. "J'ai réussi à garder mon calme, à ne pas être paniquée", explique la jeune femme âgée de 32 ans. "J'ai eu beaucoup de chance aussi de ne pas être touchée pour le moment et d'être en bonne santé. Et surtout, il y a ma belle-famille indienne. Je me sens soutenue, je ne suis pas seule." Née à Bruxerolles, près de Poitiers, dans la Vienne, la Française est diplômée d'un master en coopération internationale et communication multilingue.

Elle a passé les premières années de sa vie professionnelle à l'étranger : à Bristol, en Angleterre, pour se perfectionner en anglais puis comme volontaire auprès d'ONG à Beyrouth, au Liban, avant Phnom Penh, au Cambodge. En Inde, elle a d'abord travaillé pour une agence de voyages montée par une autre Française, jusqu'à ce que tout s'arrête net en mars 2020, au début de la pandémie. "On a rapatrié les quelques voyageurs restant sur les derniers vols", se souvient-elle. "Et je me suis remise à donner des cours de français langue étrangère (FLE) à distance pour plusieurs instituts de langue. A mon arrivée à Jaipur, c'était cinq heures par semaine. Là, c'est devenu un plein temps."

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