« Les étoiles sont alignées pour accélérer sur l’hydrogène. Il faut désormais passer à l'échelle »

SPÉCIAL HYDROGÈNE, LA FRANCE A L'HEURE H - INTERVIEW. Changement de nom et développement d’un maillage territorial pour accélérer le déploiement de projets hydrogène en France. L’association France Hydrogène (ex-Afhypac), qui rassemble 250 acteurs à l’échelle nationale, a créé en début d’année 12 délégations régionales chargées d’animer et de structurer la filière hydrogène au niveau local. Rencontre avec Benoit Fournaud, directeur études et projets pour Hydrogène de France, devenu délégué de France Hydrogène en Nouvelle-Aquitaine.
Benoit Fournaud, délégué France Hydrogène de Nouvelle-Aquitaine.
Benoit Fournaud, délégué France Hydrogène de Nouvelle-Aquitaine. (Crédits : DR)

LA TRIBUNE - Quel est votre rôle en tant que délégué régional de l'association France Hydrogène, qui vient de cartographier les projets à l'échelle nationale ?

BENOIT FOURNAUD, délégué de France Hydrogène en Nouvelle-Aquitaine - En région, le but est d'aider à fédérer les acteurs et les initiatives pour créer des écosystèmes d'envergure, et, pour y parvenir, nous allons commencer par un travail d'identification. Alors que la Nouvelle-Aquitaine a mis en place une feuille de route hydrogène et a donc affirmé ses ambitions en la matière, notre rôle va consister à accompagner cette feuille de route et à la mettre en relation avec la feuille de route nationale. Il s'agira d'animer, de mettre en relation, d'identifier les manques d'information et les besoins au niveau local pour les faire remonter au niveau national, mais nous ferons aussi remonter les forces de la région. Les échanges seront donc à double sens et localement, s'il y avait déjà une coordination qui se mettait en place en Nouvelle-Aquitaine, nous allons essayer de la renforcer. Notre délégation, composée de quatre adjoints présents à Pau, Biarritz, Limoges et Bordeaux (*), aura d'ailleurs la possibilité d'être présente sur tous les événements en lien avec l'hydrogène dans la région.

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Pourquoi les territoires sont-ils au cœur du développement de l'hydrogène?

Dans la mesure où nous parlons d'hydrogène vert, produit par électrolyse à partir des énergies renouvelables, le transport par camion n'aurait aucun sens. Aujourd'hui, nous travaillons donc sur l'idée d'un point de production avec la possibilité de distribuer dans un rayon de 1.000 kilomètres autour. Nous ne serons pas sur le modèle de la raffinerie avec un produit qui est distribué dans tout le pays. L'idée est plutôt d'avoir des sources dans chaque territoire et ensuite d'interconnecter ces différentes sources. L'objectif est bien de produire localement. C'est en tout cas ce qu'il faut développer et cela avance.

Comment se positionne la Nouvelle-Aquitaine en matière d'hydrogène par rapport aux régions françaises ?

L'hydrogène vert est un levier majeur de la décarbonation des industries, mais nous sommes peu concernés en Nouvelle-Aquitaine. La région est en revanche particulièrement mobilisée sur le secteur de la mobilité, avec d'ailleurs des premières, notamment à Pau où a été mis en service le premier bus à hydrogène à haut niveau de service : Fébus. Ensuite, parmi les acteurs qui apportent des briques technologiques, nous pouvons citer Pragma Industries à Biarritz qui a lancé un vélo hydrogène. Hydrogène de France (HDF) à Lormont est spécialisée dans la fabrication de piles à hydrogène à forte puissance tandis que Nexeya, à Angoulême, travaille sur un système innovant de stockage par bouteille. Ce même groupe a lancé avec le Grand port maritime de Bordeaux les premières études de faisabilité d'un déploiement de l'hydrogène en milieu portuaire, mais dans le maritime, il y a aussi la possibilité de transformer des navires diesel en navire à hydrogène. Le chantier naval Clyd s'installe justement à Bordeaux pour réaliser ce type de travaux. Enfin, un gros projet est en train de sortir du côté de Lacq dans les Pyrénées-Atlantiques avec l'acteur gazier Teréga, basé à Pau, qui travaille dans le cadre d'une coopération européenne. Il y a donc beaucoup de projets qui émergent à différents endroits à des niveaux différents de maturité. La Nouvelle-Aquitaine n'est pas en retard.

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Quels sont les freins qui restent à lever ?

Il y a en particulier la question du coût et, en l'occurrence, pour le faire baisser, il va falloir passer par la massification. L'autre sujet, c'est celui de la taille critique. Les projets ne sont intéressants d'un point de vue économique qu'à partir d'une certaine taille. C'est pour cela qu'il y a souvent des projets multi-acteurs, et nous verrons quels projets pourraient être agrégés. Ceci étant dit, techniquement, il existe des solutions dans presque tous les secteurs. Nous sommes, par exemple, en mesure d'injecter de l'hydrogène dans les réseaux de gaz pour verdir les gaz. C'est limité en termes de quantité mais il n'y a pas de contrainte technique. Les véhicules à hydrogène sont quant à eux d'ores et déjà disponibles, il s'agit simplement d'élargir l'offre.

Donc, aujourd'hui, la R&D repose davantage sur un étoffement de l'offre que sur la création d'une nouvelle offre. La seule limite se situe autour des grosses applications comme le maritime où sur de gros projets pour lesquels on envisage de passer sur de l'hydrogène liquide plutôt que gazeux. Les technologies sont maîtrisées mais au niveau industriel, il faut les démocratiser.

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On sent une accélération dans le développement de l'hydrogène. Pourquoi aujourd'hui ?

Parce que les étoiles sont alignées. Les plans de relance, français et européens, arrivent au moment où les technologies hydrogènes sont matures et disponibles tandis que les enjeux environnementaux sont au cœur des préoccupations. Il s'agit désormais de passer à l'échelle.

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(*) Les délégués adjoints sont :

  • Christophe Bruniau, de ITM Power
  • Paul De Braquilanges, de Teréga
  • Paulino Lopes, de Lhyfe
  • Sébastien Hérault, d'EDF

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Commentaires 4
à écrit le 13/04/2021 à 10:29
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On nous parle de l'hydrogène comme de la covid, afin que l'on finisse par y croire! Pour l'instant c'est l'effet contraire!

le 13/04/2021 à 17:19
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Je n'aimais déjà pas le foot, alors là covid et l'escrologie...

à écrit le 13/04/2021 à 10:18
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Bonjour, Ce ne sont pas les étoiles qui sont alignées mai les planètes. Ce titre n'a aucun sens avec la loi de gravitation connue depuis Isaac Newton. DLA Polymathe DEA Astrophysique & ESSEC

à écrit le 13/04/2021 à 8:43
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"Les étoiles sont alignées" Voilà ma foi une façon bien originale et poètique pour parler de l'argent public. Faudrait peut-être pas pousser quand même hein.

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