LA TRIBUNE - A quel moment a émergé la réflexion autour de la création d'une association d'acteurs de l'événementiel en Nouvelle Aquitaine ?
PHILIPPE RONDOT - Un certain nombre de professionnels de l'événementiel appelait de leurs vœux la création d'une telle association mais la crise a souligné la nécessité de se fédérer pour être représenté et mieux compris. Les objectifs de l'Umena, qui vise plus de 500 membres, sont doubles. Il s'agit de se rendre visible et d'être bien compris, mais il y a aussi des choses à mettre en commun en particulier au niveau de la formation ou de l'innovation. L'intérêt de l'association, qui s'inscrit dans le droit fil de ce que fait l'Unimev (Union française des métiers de l'événement) au niveau national, sera également de faire un travail de fonds pour obtenir des chiffres stables, suivis, tracés. En Nouvelle-Aquitaine, la profession représente certainement au moins 5.000 ou 10.000 emplois directs et indirects, tandis qu'en terme de chiffre d'affaires, on devrait se situer autour des 500 millions d'euros en activité directe. Mais ce qu'il faut mesurer, c'est surtout ce qu'elle induit en attractivité des territoires.
Qu'est ce qui vous fait dire que le secteur est méconnu des institutions régionales et nationales ?
Je vais prendre un exemple pour l'illustrer. Le tourisme, la restauration, l'hôtellerie sont régulièrement cités au plus haut niveau de l'Etat parmi les grands perdants de la crise mais l'événementiel n'est jamais cité. Or c'est ce qui fait l'attractivité du pays. Nous avons oublié que la Tour Eiffel est issue d'une exposition universelle et qu'à l'origine de la construction de la ville, il y avait la foire. Notre profession permet la réalisation de salons, de congrès et de manifestations grand public où beaucoup de business se fait. Nous sommes des catalyseurs d'activité économique, d'enseignement, d'investissement et de recherche. Donc, je confirme. Le secteur est bien insuffisamment reconnu au regarde de son utilité pour l'intérêt général.
Quel est à ce stade l'impact de la crise sur la filière ?
La photographie est exactement la même que celle des restaurateurs mais divisée par deux, c'est-à-dire que nous avons travaillé deux fois moins. Nous sommes à l'arrêt depuis mars 2020, il n'y a pas eu de reprise, et cet arrêt va être durable. D'où la nécessité de se solidariser. L'Etat fait le travail au niveau de l'activité partielle et des prêts garantis par l'Etat (PGE) mais il faut réfléchir à ce que les endettements ne soient pas des "boulets" qui interdiraient à notre profession de pouvoir repartir. Ce sont des travaux qu'une association comme l'Umena va pouvoir stimuler et présenter aux pouvoirs publics, collectivités locales et à tous ceux qui voudront soutenir notre filière. A ce stade, elle organise des webinaires sur la manière de trouver des soutiens. Il y aura aussi des ateliers, notamment autour de la défense juridique.
Comment le secteur envisage-t-il l'avenir ?
Cette crise va impacter durablement notre profession. Rien ne sera plus comme hier et j'ai l'intime conviction que le support digital va être prégnant dans l'ensemble des déclinaisons de nos métiers et l'association va nous permettre de partager. Notre filière vit un traumatisme lourd avec une destruction massive de notre activité mais il faut à tout prix que l'on arrive à réfléchir à la mutation de nos métiers qui sont, de toute façon, essentiels. Nous allons repartir mais de façon adaptée. J'ai pour ma part beaucoup de pistes au sein de mon entreprise. Mes équipes planchent toutes sur cette question de la transformation et du repositionnement.
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