
Après la mise en service en 2015 du plus grand parc photovoltaïque d'Europe à Cestas en Gironde, un projet de plus grande envergure a été annoncé à Saucats, une dizaine de kilomètres plus au sud. Engie et Neoen ont officiellement dévoilé, en janvier, Horizeo : "un projet d'envergure de production d'énergies renouvelables reposant sur un concept inédit de plateforme énergétique bas carbone", selon un communiqué commun.
Dans le détail, ce projet qui créerait une dizaine d'emplois sur place, comprend un parc photovoltaïque d'une puissance d'un gigawatt, pour une production d'électricité équivalente à la consommation annuelle de plus de 600.000 personnes. Plusieurs briques technologiques, alimentées par le parc solaire, viennent ensuite compléter le projet qui prévoit :
- des batteries de stockage d'électricité pour lisser la production sur le réseau,
- une unité de production d'hydrogène vert visant notamment des débouchés vers les mobilités,
- un centre de données, autrement dit un data center,
- des serres agricoles.
"Un projet inédit et innovant", vantent les porteurs du projet. Mais pour Gwenaëlle Avice-Huet, directrice générale adjointe d'Engie en charge des renouvelables, il s'agit aussi d'un projet ambitieux dans son modèle économique. "L'énergie produite sera valorisée au travers de contrats de vente d'électricité de gré à gré auprès d'entreprises en dehors des procédures d'appel d'offres de l'Etat et des subventions associées", explique-t-elle. "La filière solaire a atteint une telle maturité qu'il est possible d'envisager des parcs sans mécanisme de soutien de l'Etat", complète Mathieu Le Grelle, porte parole du projet Horizeo.
Deux visions de la transition
A ce stade, les investissements sont estimés à un milliard d'euros dont 600 millions pour le seul parc photovoltaïque. Si ce projet voyait le jour, "il représenterait 15 % de l'ambition régionale", explique Mathieu Le Grelle, qui rappelle que la Nouvelle-Aquitaine s'est fixé pour objectif d'atteindre 8,5 GW de capacités de production d'énergie photovoltaïque en 2030 contre 2 GW aujourd'hui.
Mais de cette transition énergétique, le groupe écologiste et citoyen au Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine ne veut pas. Alors que le projet prévoit le défrichement d'une parcelle de 1.000 hectares de pins, pour la conseillère régionale Maryse Combres, "il est absurde de vouloir développer les énergies renouvelables en détruisant ces pièges à carbone que sont les forêts." Même colère du côté de l'association de défense de l'environnement la Sepanso, en Gironde, qui parle d'un projet de la démesure et dénonce une opération financière. "Les projets doivent être vertueux, ce n'est pas le cas ici", lance Philippe Barbedienne, son président.
Dans ce contexte, les opposants brandissent leurs premiers arguments. Pour les élus écologistes, ce projet est en contradiction avec le schéma régional d'aménagement du territoire (Sradett) adopté par la Région en 2019 qui précise que le solaire doit être développé préférentiellement sur des terres artificialisées. La Sepanso 33 ajoute que le projet Horizeo de Saucats apparaît, à ce jour, également nettement incompatible avec le Scot (schéma de cohérence territoriale) de l'Aire métropolitaine bordelaise.
Engie et Neoen ont, de leur côté, d'ores et déjà annoncé des boisements compensateurs supérieurs à la surface concernée par le défrichement. "100 à 200 hectares de pins sont coupés chaque année et destinés à l'industrie du bois", précise par ailleurs Mathieu Le Grelle, qui insiste sur le fait que "ce projet ne porte pas atteinte aux fonctionnalités du sol. Il n'y aura pas de fondations. A la fin du bail, il serait tout à fait possible d'en faire un nouvel usage."
Pas de quoi rassurer les opposants. Toutes les parties auront l'occasion de s'exprimer dans le cadre d'un débat public, organisé par la Commission nationale du débat public (CNDP). Cette procédure devrait se dérouler courant 2021, à des dates à préciser. Une mise en service pourrait ensuite être envisagée en 2025 ou 2026.
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