Les montagnes russes de Monsieur Tshirt en 2020

"Difficile, éprouvante... mais passionnante. On a pris quinze ans d'expérience en l'espace de douze mois et, plus que du stress, ça nous a donné une farouche envie de se battre et de continuer à grandir !" Casquette vissée sur la tête Arnaud Péré, l'un des trois fondateurs de Monsieur T-shirt, arbore un large sourire en cette fin d'année 2020. Avec quelque 500.000 t-shirts écoulés, l'exercice 2020 sera tout simplement le meilleur enregistré par cette PME de 50 salariés installée à Lormont, près de Bordeaux, depuis sa création en 2013.

Quatre boutiques et 300 revendeurs

Désormais dotée de quatre boutiques physiques à Bordeaux, Toulouse, Montpellier et Rennes et de 300 revendeurs dans toute la France, Monsieur Tshirt devrait réaliser plus de 8 millions d'euros de chiffre d'affaires cette année dont 70 % via son site e-commerce. Pourtant tout n'avait pas forcément bien débuté puisque, comme beaucoup d'autres, la société a vu son activité être stoppée nette par le confinement printanier :

"En quelques jours, tout s'est arrêté... Fin mars, on enregistrait tout juste 1.000 euros de chiffre d'affaires par jour et cette situation a duré six semaines avec la fermeture de nos boutiques et une activité quasi nulle sur notre site. Quand on a 45 salariés, ça fait réfléchir... mais ça donne surtout envie de se battre et de relever la tête !", se souvient Arnaud Péré.

Combinant une dose de chômage partiel et un prêt garanti par l'Etat (PGE), souscrit par sécurité plus que par nécessité, l'entreprise a aussi profité de ce temps mort pour fabriquer des masques de protection contre le Covid-19. "On a eu pas mal de demandes, notamment de la mairie de Lormont, donc on a investi 70.000 euros dans dix lignes de production et recruté une douzaine de couturières pour fabriquer des masques. La moitié pour des dons ou des ventes à prix coûtant, l'autre moitié pour être personnalisés et vendus sur notre site. On a été les premiers à le proposer et ça a aussi permis de réamorcer la pompe commerciale", poursuit le chef d'entreprise.

Une fin d'année en fanfare

Puis avec le déconfinement, les affaires ont repris progressivement pour Monsieur Tshirt avant de monter crescendo.

"A la période de la fête des pères et des mères, stratégique pour nous, on a eu des ventes en hausse de +50 % à +70 % permettant de retrouver peu à peu le chemin de la croissance jusqu'aux fêtes de fin d'année où l'on constate un doublement des ventes en ligne par rapport à 2019 ! Au total, entre mars et décembre, on aura eu des variations d'activité journalière de l'ordre de 1 à 100 !", rembobine Arnaud Péré.

Avec une croissance qui devrait se situer entre +35 % et +40 %, l'entreprise bordelaise tire donc son épingle du jeu sur le marché très concurrentiel des tshirts et autres cadeaux personnalisables pour quelques dizaines d'euros. Elle met en avant son modèle très intégré pour combiner qualité de service et logistique efficace.

Un modèle très intégré

Loin des logiques de fast fashion et de collections à répétition, Monsieur Tshirt met un point d'honneur à produire à la demande : "Depuis le départ, on a fait ce choix de tout piloter nous même ce qui nous permet de ne pas surproduire puisqu'on ne fabrique que ce qui est déjà vendu. On brode et on imprime tous nos produits à Lormont en proposant des délais de livraison en 24 à 48h", poursuit Arnaud Péré. L'ensemble de l'entreprise se trouve à Lormont : l'entrepôt de 1.000 m2 mais aussi les bureaux et les fonctions commerciales, de développement web, de design ou encore de service après-vente.

Les autres marqueurs de la société bordelaise sont les nombreuses propositions de personnalisation de tshirts et autres vêtements et objets proposés sur le site internet et le choix de coton biologique certifié Gots même si les produits ne sont pas tous de fabrication européenne.

La fibre du recyclage

Et alors que les friperies et le marché de la seconde main reviennent en force avec notamment des acteurs comme Patatam ou Ïkos, pour des raisons tant environnementales qu'économiques, Monsieur Tshirt se positionne également sur ce créneau comme l'explique Arnaud Péré :

"On n'a pas de surstock, ni d'invendus mais on travaille sur la réutilisation de nos chutes de tissus pour faire ce qu'on appelle de l'upcycling. L'idée est de réutiliser ces chutes pour faire des tshirts et ainsi consommer 100 % du tissu plutôt que seulement 80 % ou 90 %. Il y a des questions parfois complexes de teinture et de reconditionnement mais on avance."

L'autre approche est celle des fibres recyclées. L'été dernier une gamme de shorts de bain fabriqués avec un textile issu de bouteilles plastiques récupérées dans l'océan et recyclées a également été lancée. La fibre Seaqual vient d'Espagne et les produits sont fabriqués au Portugal.

Déploiement en Europe en 2021

Désormais bien implantée en France où elle réalise 95 % de son chiffre d'affaires, la PME bordelaise ne prévoit pas d'ouvrir de nouvelles boutiques à court terme. "Les points de vente actuels sont rentables malgré les Gilets jaunes, les grèves, le Covid et de nouvelles manifestations cet automne mais le contexte reste clairement difficile pour les commerces de centre-ville. On sent clairement la baisse de fréquentation dans l'hyper-centre notamment à Bordeaux. On attend donc d'avoir un peu plus de recul et, de toute façon, l'objectif est de rester majoritairement un site e-commerce", souligne l'associé de Monsieur Tshirt.

L'heure est donc plutôt au déploiement de l'activité chez trois voisins européens dès l'été prochain.

"On va se lancer en Allemagne et en Espagne et soit en Italie, soit au Royaume-Uni. Le modèle restera le même avec une production qui restera à Lormont et des livraisons en 48h. On travaille depuis un an sur le sourcing des distributeurs, le référencement, l'adaptation et la traduction de l'offre. L'idée de se lancer cet été pour être pleinement opérationnel pour les fêtes de fin d'année 2021 !"

D'ici là, cinq à six recrutements sont prévus sur des postes de création, de production ou encore de développement web.