Le chemin parcouru en dix ans par le site marchand en ligne Zoomalia.com, entièrement dédié aux accessoires, à la santé et à l'alimentation des animaux de compagnie, pourrait faire rêver plus d'un créateur de startup. Contrairement à ce qu'ont pu laisser entendre certains s'il est bien originaire de Nice, Pierre-Adrien Thollet, son fondateur et dirigeant, n'est pas surfeur.

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Et il n'a pas décidé de s'installer à Saint-Geours-de-Maremne, près de Hossegor (Landes), pour y travailler et surfer selon son humeur. Autrement-dit le dirigeant de Zoomalia n'a aucun rapport avec un certain surfeur niçois déjanté aux cheveux blonds. "Je nage comme une brique et si je suis venu dans le Landes c'est plutôt pour le jambon que pour le surf", s'amuse Pierre-Adrien Thollet.

Entre 6 et 7 millions d'investissement

Depuis la création de son entreprise, cet informaticien a eu tout le temps de démontrer qu'il avait la tête bien calée sur les épaules et qu'il était très efficace pour assurer le développement d'E2Evolution, l'entreprise qu'il a créé en 2009, à l'âge de 23 ans, et qui porte le site d'e-commerce Zoomalia. Ce qui lui a valu notamment d'entrer dans le Top 100 des startups françaises en 2017.

Pierre-Adrien Thollet (crédits : Agence Appa)

En 2020, Zoomalia devrait atteindre la barre des 50 millions d'euros de chiffre d'affaires. Structurellement Zoomalia n'a plus rien d'une startup. L'entreprise emploie 160 salariés et s'appuie sur une base logistique très automatisée capable de traiter 10.000 commandes par jour. Mise au point et déployée par l'entreprise stéphanoise Boa Concept, cette infrastructure rayonne sur 12.000 m2.

"En deux ans, nous avons triplé notre surface de stockage et nous avons lancé l'installation de la chaîne d'automatisation cette année. Les réglages ont été très longs et nous avons été surpris par le confinement lors de la mise en place de cette nouvelle infrastructure dans laquelle nous avons investi presque 2 millions d'euros. Si l'on rajoute à ça le prix celui des bâtiments, on est entre 6 et 7 millions d'euros d'investissement" précise Pierre-Adrien Thollet, qui reconnait qu'il va lui falloir encore un peu de temps pour digérer cette opération.

Un marché de l'animalerie pas nouveau mais en restructuration

Mais le jeune dirigeant devait absolument bouger pour suivre la courbe ascendante de l'activité.

"Nous avons eu de gros impacts en commandes au cours des trois premiers jours de confinement. Ensuite cela a été un peu la catastrophe, car le changement de système de gestion des stocks s'est fait en plein confinement, alors que la demande était forte. En avril, la pression était devenue si grande que nous avons dû couper la plateforme  pour la relancer ensuite", rembobine Pierre-Adrien Thollet.

Contrairement à ce que l'on pourrait croire, le marché de l'animalerie n'a rien de vraiment nouveau, recadre le fondateur de Zoomalia, qui rappelle qu'au début des années 1990 on parlait de boutiques spécialisées. Il s'agit d'un secteur où les cartes sont rebattues par une digitalisation massive qu'est en train d'amplifier la pandémie de coronavirus.

Le fondateur de Zoomalia voit ainsi la croissance annuelle moyenne de ce marché à +3% ou +4% comme le résultat d'une nouvelle séquence de concentration. Rien à voir donc avec la montée en puissance d'un marché émergent. Numéro deux du marché en France, derrière le leader allemand Zooplus, Zoomalia, qui revendique un million de clients, enregistre 1,5 million de visiteurs par mois et vise les deux millions à assez brève échéance.

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L'atout maître de la stratégie du stockage chaotique

S'il fait mine de ne pas vouloir courir après Zooplus pour le doubler, Pierre-Adrien Thollet s'est quand même donné les moyens de poursuivre son accélération. La logistique joue un rôle clé dans la vente en ligne, qui est la nouvelle forme de la vente par correspondance.

"Mon premier objectif c'est d'envoyer le max de jus dans notre nouvelle plateforme pour la faire monter le plus vite possible à des pics de 10.000 commandes par jour. Nous appliquons la méthode du stockage chaotique. Ce qui fait qu'il peut y avoir une référence dans n'importe quel emplacement, à n'importe quelle quantité. C'est le contraire de l'organisation traditionnelle où vous pouvez bloquer tout une colonne de palettes parce qu'il reste encore deux paquets de croquettes de la référence à écouler !", observe Pierre-Adrien Thollet, avant de se faire plus explicite.

"Dans notre organisation les croquettes vont être mélangées avec n'importe quel autre produit. Mas si c'est chaotique dans la structure tout est localisé dans le système d'information. C'est ce qui explique que nous puissions avoir 30.000 références avec notre surface en entrepôts", recadre le dirigeant de Zoomalia.

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Ce dernier développe un modèle qui s'appuie sur des livraisons en continu, avec le passage de 20 à 30 camions par jour, qui ne sont que partiellement remplis. Pour renforcer l'efficacité de sa stratégie omnicanal, Zoomalia a développé la bagatelle de dix marques distributeurs exclusives, en alimentation, équipement, hygiène et santé pour animaux de compagnie. Des marques qui ont été mises au point avec des vétérinaires et des professionnels du monde animalier.

Deux boutiques Zoomalia, à Pau et Saint-Vincent-de-Tyrosse

Selon une étude du cabinet Xerfi, le marché des produits pour les animaux de compagnie aurait progressé de +48 % au cours des dix dernières années et représenterait en 2019 un volume de 4,7 milliards d'euros de chiffre d'affaires, avec une prévision à 5 milliards d'euros à fin 2020. Sur cet ensemble, le volet alimentation pèserait 3,5 milliards d'euros d'activité, soit près de 75 % du marché.

"Dans 10 ans, j'imagine bien Zoomalia comme la marque d'animalerie la plus connue en France, un réseau de magasins, et une identité encore plus marquée et assumée. En termes de structure, nous aurons probablement plusieurs entrepôts dans toute l'Europe, tous équipés de technologies à la pointe", souligne Pierre-Adrien Thollet.

Le jeune dirigeant, dont l'entreprise a ouvert deux animaleries physiques, à Pau et Saint-Vincent-de-Tyrosse (Landes), a de quoi voir venir. E2Evolution possède ainsi trois hectares de terrain avec des options sur cinq autres hectares. Pierre-Adrien Thollet animalerie va prendre son temps mais envisage quand même de déclencher une nouvelle extension à moyen terme, avec la construction de deux nouvelles cellules, soit 6.000 m2 de plus.