Un management plus humain pour demain

Management post-confinement : quelles pratiques pour l’avenir ? Tel était l’intitulé de la conférence organisée par Ociane Matmut, en partenariat avec La Tribune à Bordeaux, le mercredi 30 septembre. L’occasion d’aborder le rôle des chefs d’entreprises, des managers ou encore des attitudes à adopter dans un contexte de travail chamboulé par la Covid-19.

"Rien ne sera plus comme avant", avance d'emblée Marc Ohana, professeur de RH à Kedge business school. "La crise sanitaire a provoqué deux changements : l'avènement du télétravail et la recherche de sens des salariés." Dans le même temps, un autre constat est dressé par Marc Lévi, psychothérapeute, qui a reçu 7.500 appels de chefs d'entreprises, dont beaucoup de femmes. "Il y a d'abord eu la sidération, mais ce qui perdure aujourd'hui, c'est l'incertitude qui est quelque chose d'insoutenable pour l'humain. Le tsunami ce n'est pas la Covid, c'est le stress post traumatique. Le taux de suicide a augmenté de 8,5 % depuis septembre".

Face à ces bouleversements, quels sont les dispositifs de soutien à mettre en place pour prévenir les risques d'épuisement du dirigeant et des salariés ? Quelles pratiques managériales adopter ? A l'occasion d'un débat organisé par Ociane Matmut, en partenariat avec La Tribune, plusieurs pistes ont été avancées.

Souplesse et discussion

Et c'est sur la base d'un cas concret, que plusieurs notions devenues essentielles ont commencé à être abordées, à savoir l'importance de la bienveillance, de la souplesse, de l'échange, de la tolérance et de la confiance .

"Ma première action a consisté à me rassurer moi-même et à faire mes plans", explique Michael Paetzold, chef d'entreprise de la société éponyme basée à Cadaujac en Gironde. J'ai fermé très tôt, pendant un mois, puis nous avons repris à 80 % de notre activité, le 13 avril, avec du masque, du gel et beaucoup de discussion. Même si c'est quelque chose que je cultive depuis 30 ans, nous avons misé sur la sincérité émotionnelle. Puis, il a fallu redonner du rythme au travail. En revanche, la souplesse est restée. Le maître mot ? Rassurer. Cela fait gagner 20 à 30 % d'efficacité."

Marc Lévi ne peut qu'acquiescer. "Prenez cinq à dix minutes pour parler à la personne et si vous échangez en visio, allumez les caméras, présentez-vous. Il faut recueillir ce que l'humain a à dire avant la fonction."

Le juste télétravail

Mais à quelle dose le télétravail ? "Cela doit se faire au cas par cas, c'est-dire qu'il ne faut évidemment pas l'imposer à ceux qui n'en veulent pas. Il s'agit ensuite de trouver le juste équilibre. Les enquêtes s'accordent globalement sur deux jours. Cela permet au collaborateur d'avoir de l'autonomie sans pour autant être déconnecté des collègues et de l'entreprise", explique Marc Ohana qui ne voit toutefois pas d'urgence à légiférer. "Je fais confiance au bon sens des entreprises. Laissons passer cette séquence pour ensuite mieux encadrer le télétravail." En attendant, des entreprises ont d'ores et déjà co-construit des chartes. "Cela responsabilise tout le monde", reconnait Marc Lévi. "Mais stop aux réunions en visio incessantes et interminables", prévient Marc Ohana.

Un manager coach à accompagner

Dans ce contexte, le manager va être amené à jouer un nouveau rôle. Fini l'autoritarisme, en présentiel comme en distanciel. "On parle beaucoup de manager coach aujourd'hui et c'est tout à fait ça. Il ne doit pas être là pour contrôler mais pour lever les obstacles que pourrait rencontrer le collaborateur. Le manager fixera les objectifs et évaluera le travail mais pas le travailleur." Reste toutefois à accompagner et à former ces managers de proximité. "Ils ont un rôle tampon qui est très difficile à l'heure actuelle. Ils vont devoir transformer les contraintes financières qui leurs sont imposées et porter du sens auprès des collaborateurs. Il faut leur dégager du temps", insiste Marc Ohana.

Parmi les professionnels à surveiller également, figurent les responsables des ressources humaines. "C'est une profession à risque, car en première ligne face à la souffrance des salariés, y compris des chefs d'entreprises, et là attention, quand le dirigeant n'a plus envie, c'est contagieux", prévient Marc Lévi.

Une opportunité ?

Faut-il pour autant mettre du "fun" dans le travail ? "J'ai l'impression que le plaisir va davantage venir du sens que l'on donne au travail qu'à un concours du plus beau pyjama", témoigne Marc Ohana. En revanche, favoriser le collectif, oui, c'est important. Michael Paetzold, a pour sa part, profité de cette crise pour s'investir davantage dans la R&D. "On sort finalement aussi de cette crise avec de l'enthousiasme car avec de nouveaux projets. Il y aura d'autres crises, donc autant s'adapter", reconnait-il encore. "C'est une époque extraordinaire finalement", reconnait Marc Lévi.

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Depuis le début du confinement, le groupe Matmut a décidé de mettre à disposition gratuitement son outil digital : www.soutien-entreprises-matmut.fr, dont l'objectif est d'aider les PME, TPE et TNS à mieux comprendre les mesures d'accompagnement, parfois complexes, décidées par les pouvoirs publics et estimer les impacts sur leur activité.

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