Silver économie : trois millions d'euros et de grandes ambitions pour Alogia Groupe

Revirement stratégique pour Alogia Groupe, spécialiste bordelais du maintien au domicile des personnes âgées par le biais de la prévention. Après un mariage sans lendemain en 2018, la PME lève trois millions d'euros auprès de deux nouveaux investisseurs et affiche trois ambitions stratégiques : rachat de deux entreprises de la silver économie, partenariat d'envergure avec une entreprise du CAC 40 et accélération de son activité avec 50 recrutements en CDI dès 2021.
Thomas Chargé, directeur associé santé, et Alexandre Petit, président et fondateur d'Alogia Groupe.
Thomas Chargé, directeur associé santé, et Alexandre Petit, président et fondateur d'Alogia Groupe. (Crédits : PC / La Tribune)

Après Domalys qui a réuni il y a quelques jours 4,5 millions d'euros pour partir à l'assaut des marchés seniors américains et japonais, c'est au tour d'Alogia Groupe d'annoncer une levée de fonds de trois millions d'euros pour s'imposer sur le marché florissant de l'accompagnement des personnes âgées à domicile. Avec 30 salariés, Alogia a bâti un modèle 100 % BtoB en vendant ses prestations de conseil aux mutuelles, bailleurs sociaux et autres acteurs de la santé accompagnant les seniors chez eux. Pour cette entreprise bordelaise créée en 2014, c'est une nouvelle page qui débute après la volte-face survenue en 2018. L'heure était alors au rapprochement avec Indépendance Royale, basée à Limoges, par le biais d'une prise de participation majoritaire du fonds d'investissement Capextens de Dentressangle initiatives.

Lire aussi : Silver économie : Alogia et Indépendance Royale se rapprochent

Mais après le revirement soudain de ce dernier, chacune des deux entreprises est repartie de son côté. "On est ressorti de cet épisode avec deux certitudes : nous voulions redevenir majoritaire au capital de notre entreprise et nous voulions trouver des investisseurs prêts à réellement s'impliquer dans la structure", racontent Alexandre Petit, président et fondateur, et Thomas Chargé, ergothérapeute et directeur associé santé d'Alogia. De quoi les inciter à faire monter à bord deux investisseurs privés chevronnés et cherchant à financer un projet ayant davantage d'impact sociétal que l'industrie touristique dont ils sont issus. Stéphane Laforcade et Olivier Delouis ont ainsi bâti entre 2009 et 2017 le site de réservation d'hôtels Gekko (400 millions d'euros de CA et 400 salariés) avant de le céder au groupe hôtelier Accor pour 100 millions d'euros.

Trois axes stratégiques

Avec ces trois millions d'euros investis, les deux entrepreneurs possèdent désormais 49 % d'Alogia Groupe tout en devenant les vice-présidents de l'entreprise aux côtés d'Alexandre Petit qui conserve 51 % des parts avec Thomas Chargé. De quoi valoriser à six millions d'euros cette entreprise dont le dernier chiffre d'affaires connu tournait autour de 800.000 euros en 2018 et de quelques millions d'euros en 2019. Fort d'un réseau de 300 ergothérapeutes conventionnés dans toute la France, Alogia Groupe entend désormais voir grand, très grand :

"C'est levée de fonds est une étape nécessaire pour mettre en œuvre nos ambitions fortes au plan national sur un marché concurrentiel. Notre objectif est de prendre le leadership du marché du bien vieillir et de la prévention santé des seniors dans l'habitat. En clair, nous visons 30 millions d'euros de chiffre d'affaires d'ici 2022 grâce à une stratégie de croissance externe qui se concrétisera par deux acquisitions en octobre ; des recrutements importants et une forte croissance intrinsèque notamment par la signature dès le mois de décembre d'un partenariat majeur avec une entreprise du CAC 40 pour distribuer notre offre", résume Alexandre Petit, qui refuse de donner plus de détails.

Stéphane Laforcade et Olivier Delouis sont néanmoins rentrés en juin dernier au capital de la startup Marguerite à hauteur de 30%. Celle-ci créée en 2019 et dirigée par Marion Favre Laurin est également basée en Gironde. Elle propose une solution globale à distance qui permet d'orienter et d'accompagner les personnes en perte d'autonomie à leur domicile.

50 CDI dès 2021

Seule certitude c'est un changement d'échelle que s'apprête à engager Alogia avec une cinquantaine de recrutements annoncés en CDI à Bordeaux, Paris et Angers, notamment en marketing, data et développement commercial. Alors qu'elle a jusque-là accompagné 10.000 personnes âgées un peu partout en France (appels téléphoniques, diagnostics dans le logement, travaux d'adaptation, etc.), l'entreprise bordelaise vise plusieurs centaines de milliers de prestations dans les prochains mois et années, toujours en modèle BtoB. "Le financement de la prévention de la perte d'autonomie est très compliqué pour les particuliers aujourd'hui donc nous nous concentrons sur les acteurs pour qui c'est un enjeu stratégique tels que les mutuelles santé, les bailleurs sociaux et, les collectivités mais aussi la Caisse des dépôts ou des promoteurs immobiliers", précise Alexandre Petit.

Alogia Groupe propose des accompagnements par téléphone, des diagnostics de prévention sur place, des prestations de conseil et de formation mais aussi d'assistance à maîtrise d'ouvrage (AMO) pour la construction et la réhabilitation de logements. Sa croissance pourra peut-être compter sur un marché plus structuré dans les années qui viennent puisque le rapport Libault sur la concertation "Grand âge et autonomie" (mars 2019) et, plus récemment, le rapport Vachey relatif à la création d'une 5e branche "Autonomie" au sein de la Sécurité sociale (septembre 2020) dessinent les contours d'une meilleure prise en charge pratique et financière des personnes âgées en perte d'autonomie.

"85 % des personnes âgées de plus de 90 ans habitent chez elles et 11 millions de Français sont des aidants familiaux", rappelle le président d'Alogia. "Tout le monde ou presque est concerné par le grand âge et il faut rompre avec cette habitude d'intervenir seulement quand il y a eu une chute problématique ou une hospitalisation, c'est à dire : trop tard !", ajoute Thomas Chargé, avant de relativiser l'impact des solutions seulement numériques : "Sur les 3.100 seniors que nous avons interrogés pendant le confinement, 40 % ne disposaient pas d'une connexion internet en wifi !"

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