Comment la Banque alimentaire de Gironde a traversé le confinement

Demande en forte hausse, circuits logistiques bousculés et normes sanitaires à déployer : les salariés et bénévoles de la Banque alimentaire de Gironde ont maintenu leurs distributions tout au long des 55 jours de confinement. Une mobilisation qui nécessite désormais de réunir plus de 400.000 € pour renouveler les stocks alors que les besoins risquent encore de croître dans les prochains mois à l'aune de la crise économique.
La plateforme logistique de la Banque alimentaire à Bordeaux Nord est restée opérationnelle pendant le confinement.
La plateforme logistique de la Banque alimentaire à Bordeaux Nord est restée opérationnelle pendant le confinement. (Crédits : Banque alimentaire)

Depuis le 17 mars, la Banque alimentaire de Gironde a distribué plus d'un million de repas, soit une hausse de 20 % par rapport à la même période l'an dernier. Il faut dire que l'association a du faire face à la fois à la demande de 3.500 bénéficiaires supplémentaires, dont 700 étudiants, tout en assurant le respect des gestes barrières. "On joue un rôle de plateforme logistique en collectant des produits alimentaires auprès des grandes surfaces pour les redistribuer à nos 135 partenaires associatifs. Au début du confinement, ces derniers ont connu une sorte de rupture de leur bénévolat tandis que nos 15 salariés et 200 bénévoles ont du se réorganiser pour simplifier les circuits de ramasse et puiser dans notre stock de produits de première nécessité pour remplacer le manque de produits frais", raconte à La Tribune Gilles Dupuy, le président de la Banque alimentaire de Gironde depuis octobre 2019.

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La Banque alimentaire et ses partenaires ont ensuite retrouvé leur rythme de croisière et même au-delà puisqu'après des premières semaines à 10.000 bénéficiaires hebdomadaires, le rythme a grimpé autour de 18.000 repas. De nouveaux circuits d'approvisionnement, notamment auprès des grossistes du marché d'intérêt national de Bordeaux Brienne, et de distribution, avec de nouvelles structures associatives et municipales, se sont constitués.

3.500 nouveaux bénéficiaires hebdomadaires

"La demande était plus forte que d'habitude avec environ 3.500 nouveaux bénéficiaires à approvisionner. Ce sont principalement des travailleurs précaires ou de l'économie informelle, des demandeurs d'emplois et des étudiants dont le nombre est passé de 150 à 800 ces dernières semaines", poursuit Gilles Dupuy, tandis qu'à l'autre bout de la chaîne, il a aussi fallu adapter la logistique : "Les circuits de ramasse ont été modifiés en raison des normes sanitaires difficiles à appliquer pour nos bénévoles au moment du tri et de la collecte. Nous avons reçu de la part des grossistes alimentaires, qui devaient écouler leurs stocks [après la fermeture des hôtels et restaurants, NDLR], des produits de qualité exceptionnelle à laquelle nous n'étions pas habitués ! Ils nous ont fourni des produits frais et déjà conditionnés en paniers repas que nous pouvions redistribuer en l'état", détaille le président de l'association.

A la recherche de 405.000 €

Mais malgré l'apport des grossistes, cette mobilisation de la Banque et de l'ensemble du tissu associatif n'est pas sans conséquence sur les stocks d'aide alimentaire. Pour pouvoir poursuivre son activité dans les prochains mois, l'association girondine a ainsi besoin d'au moins 405.000 € pour reconstituer ses stocks de produits secs de première nécessité, soit 150 à 200 tonnes de denrées alimentaires. "D'où cette demande aux collectivités locales, aux institutionnels et aux entreprises de nous aider par des dons en numéraire pour que nous puissions racheter des produits afin de reconstituer nos réserves et de pouvoir assurer notre distribution d'été qui touchait déjà les années précédentes directement 5.000 bénéficiaires hebdomadaires, en juillet et août", ajoute Gilles Dupuy.

Banque alimentaire

La plateforme logistique de la Banque alimentaire, à Bordeaux Nord (Crédits : Banque alimentaire).

L'appel est également lancé aux particuliers girondins avec une opération inédite de collecte dématérialisée dans les grandes surfaces du département les 19 et 20 juin. Concrètement, la Banque alimentaire distribuera dans une vingtaine d'hypermarchés girondins des cartes de dons-repas prises en compte au moment du passage du client en caisse. Les grandes surfaces reverseront ensuite les sommes à l'association permettant ainsi d'éviter tout contact physique.

Quel bilan pour la suite ?

Cette période a aussi été un révélateur des forces de la Banque alimentaire qui a su s'adapter à la nouvelle donne. "On a réussi à ne jamais interrompre notre distribution de repas avec nos partenaires, à innover en proposant des distributions en libre service sur notre plateforme logistique et à tisser de nouveaux liens avec de nouveaux acteurs qui, je l'espère, perdureront par la suite", juge Gilles Dupuy, qui salue "l'implication absolument remarquable des salariés et bénévoles de la Banque alimentaire".

Et alors que l'Etat vient de débloquer une enveloppe nationale de 39 M€ pour l'aide alimentaire dont 512.000 € pour la région Nouvelle-Aquitaine, la Banque alimentaire de Gironde maintient jusqu'à la fin du mois de juin son dispositif de libre-service sur les produits de première nécessité "pour permettre à tous ceux qui viennent s'approvisionner à la Banque Alimentaire d'adapter leurs enlèvements à leurs besoins, souvent variables d'une semaine à l'autre." Au-delà, l'association s'attend à voir sa charge de travail augmenter au 2e semestre 2020 qui sera "une période de sortie de crise où va s'exprimer une misère sociale plus aigüe", craint Gilles Dupuy.

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