Au Front : "Chefs d'entreprise, entre déni et résignation..."

LE MONDE D'APRES. Pendant toute la durée du confinement, La Tribune ouvre ses colonnes à l’entrepreneur bordelais Guillaume-Olivier Doré pour "Au Front", une chronique quotidienne sur les initiatives locales face à la crise sanitaire et économique, pour préparer la riposte et bâtir le monde d'après.
Au Front : une chronique quotidienne le temps du confinement pour présenter des initiatives locales et régionales qui préparent le monde d'après la pandémie.
"Au Front" : une chronique quotidienne le temps du confinement pour présenter des initiatives locales et régionales qui préparent le monde d'après la pandémie. (Crédits : Raising the Flag on Iwo Jima, by Joe Rosenthal. 1945)

Près de 50.000 entreprises... C'est, uniquement pour la Gironde, qui en compte 130.000, le nombre de sociétés qui pourraient ne pas rouvrir d'ici cet été. La CCI de Gironde a lancé un sondage et c'est 40 % des entreprises interrogées qui doutent de leur capacité à se remettre en route.

Les webinaires se succèdent et se ressemblent : " comment gérer le déconfinenent pour ses salariés", mixant droit du travail, experts de la médecine du travail, dirigeants perdus devant les contraintes sociales supplémentaires qui leur sont imposées. Mais rien sur "l'après"...

La première vague de soutien financier, "l'helicopter money", a permis de mettre sous cloche l'économie, le train s'est arrêté, les salariés protégés par la collectivité. La seconde vague, en ce moment même, va permettre de maintenir les entreprises sous respirateur artificiel pour quelques semaines, ou quelques mois de plus.

Mais une simple discussion avec un commerçant, avec un patron de PME ou de startup vous le confirmera : "déconfiner pour quoi faire", disent-ils ? Les salariés veulent rester chez eux. Ils ne consommeront pas plus à partir du 11 mai, donc aucun intérêt pour les commerces de rouvrir en étant certain d'alourdir leurs pertes. Les PME tentent de reprendre la main sur leurs clients immobilisés, les ETI sont au ralenti, et les grands groupes sont préoccupés à protéger, à juste titre, leurs salariés. Les entrepreneurs sont eux aussi pris comme des lapins dans les phares des voitures..

La reprise se profile donc désormais comme une lente agonie de pans entier de l'économie locale, en passant du tourisme, par les métiers de la communication, la restauration, la technologie... Et j'en passe bien sûr...

A l'échelle de la France, cela peut signifier que plusieurs centaines de milliers de TPE peuvent disparaître d'ici septembre ou octobre prochain. Un tissus d'employeurs qui fait la richesse de l'économie locale et une grande part de la création de richesse de l'hexagone.

Avoir choisi de protéger la vie des plus fragiles n'est évidemment pas à remettre en cause et les générations futures se souviendront que la France a fait le choix de la vie plutôt que du capitalisme sans visage. Mais perdre potentiellement six points de PIB pour ne pas relancer massivement l'économie locale et sauver ces entreprises serait cette fois criminel. Les appels à la reprise se multiplient, un peu naïvement, comme déconnectés du terrain... Ce sont les Régions qui ont la solution, et qui doivent prendre le lead (pour une fois) sur l'Etat.

Et c'est maintenant...

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