
L'immatriculation de l'entreprise vient d'être validée et Finacoop Nouvelle-Aquitaine, un cabinet d'expertise comptable d'un nouveau genre, ouvre donc officiellement ses portes à Bordeaux. Installée au sein de la Ruche, l'équipe pilotée par Fabien Labeyrie, a choisi le statut original de société coopérative d'intérêt collectif (Scic). De quoi porter une approche résolument engagée et collective en permettant d'ouvrir le capital aux salariés - experts comptables ou pas - aux clients et aux partenaires de l'entreprise (plateformes de crowdfunding, avocats, soutiens individuels, chercheurs, etc.). Et c'est précisément cette possibilité de s'ancrer fortement au sein d'un territoire et d'une problématique économique et sociale qui a convaincu Mathieu Castaings, expert-comptable, fondateur de Finacoop à Paris en 2016 et également PDG de la coopérative bordelaise : "Nous avons la volonté d'élargir la démocratie dans l'entreprise à toutes nos parties prenantes, pas seulement aux salariés. L'idée est d'agir pour un intérêt collectif d'utilité sociale."
100 % de clients issus de l'ESS
Comment cet engagement se traduit-il concrètement ? "100 % de nos clients sont issus de l'économie sociale et solidaire [ESS]. Nous accompagnons tout type de structure et tous les secteurs d'activité dès lors que cela relève de l'ESS au sens large, c'est-à-dire dès que nous jugeons qu'il y a un objectif social ou environnemental ou une utilité sociale", poursuit le dirigeant originaire du Pays basque, qui n'hésite pas à refuser des clients sur un marché très porteur. "On est davantage à la recherche de salariés que de clients. Il y a de gros problèmes de recrutements dans le secteur de l'expertise comptable alors que l'activité connaît une croissance monstrueuse !", témoigne ainsi Mathieu Castaings, qui gère une équipe de 18 salariés à Paris, tous sociétaires de la Scic. Avec 400 clients en portefeuille et une longue liste d'attente, Finacoop Paris a affiché deux exercices autour de 550.000 € de chiffre d'affaires avant de grimper à 860.000 € l'an dernier et de viser 1 M€ en 2020.
A Bordeaux, le modèle est dupliqué mais à une échelle forcément plus réduite. La Scic, qui compte déjà trois collaborateurs, devrait constituer une équipe de six personnes d'ici la fin de l'année et d'une dizaine en 2022. "J'ai réalisé une incubation de trois mois au sein de Finacoop Paris en 2019 pour bien m'imprégner de de modèle original avant de le déployer à Bordeaux. Cela n'a pas été évident au regard des réserves de l'Ordre des experts comptables mais on avait la jurisprudence parisienne avec nous. Finacoop Paris était la première Scic au sein de la centaine de professions réglementées qui existent en France", relève Fabien Labeyrie qui est en passe d'achever son cursus d'expert-comptable.
Finacoop Bordeaux s'adressera à la clientèle de Nouvelle-Aquitaine et plus particulièrement de l'agglomération bordelaise. "La région est un territoire très dynamique dans le domaine de l'ESS. Nous visons une centaine de clients fin 2020 pour un chiffre d'affaires de l'ordre de 250.000 €", précise le pilote bordelais qui souhaite notamment recruter des jeunes en alternance.
Un fonctionnement horizontal
Au-delà de son statut coopératif et de son engagement dans l'ESS, Finacoop adopte une gouvernance atypique qui se veut la plus partagée possible. "Les décisions sont collectives pour tout ce qui touche à la vie de l'entreprise : recrutements, clientèle, ressources humaines, organisation, etc. Et la grille de rémunération n'excède pas un rapport de un à trois avec des critères transparents", précise Mathieu Castaings. En outre, chaque salarié est appelé à prendre en main un aspect de la vie de l'entreprise ou des fonctions supports en plus de son métier de base. "On met aussi l'accent sur la gestion par tensions en partageant et en discutant le plus de sujets possibles dès lors qu'une tension ou un dysfonctionnement apparaît et en favorisant l'intelligence émotionnelle de chaque collaborateur au sein de l'équipe", ajoute le dirigeant.
Parmi les clients qui font déjà appel à l'expertise de Finacoop dans la région, figurent Aptic, le supermarché Supercoop, les Coursiers bordelais, E-graine ou encore les Vigies.
////////////////////////////
En décembre 2019, La Tribune a publié une série d'articles sur les modèles coopératifs en Nouvelle-Aquitaine. Retrouvez-les ici :
- Quand les PME de Nouvelle-Aquitaine misent sur le coopératif (1/10)
- Comment Synergy a trouvé un second souffle grâce à la Scop (2/10)
- Les Ateliers du Bocage : la coopérative innovante d'Emmaüs (3/10)
- "Lors d'un passage en Scop, le modèle économique ne doit pas tout résumer ! " (4/10)
- A Bordeaux Métropole la coopérative Syprès innove dans les rites funéraires (5/10)
- Motion Twin : la coopérative vers l'infini et au-delà (6/10)
- Chez Aquabio, 80 % des salariés sont aussi des associés (7/10)
- Co-actions construit un réseau de coopérateurs en interne (8/10)
- Scop, Scic : des entreprises aux multiples facettes (9/10)
- Nouvelle-Aquitaine, une région en pointe dans l'économie sociale et solidaire (10/10)
Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !