Le dernier fabricant français de costumes à un moment charnière

La société France Confection, basée à Limoges, a été placée en redressement judiciaire le 8 janvier alors qu’elle était à la recherche d’investisseurs en vue d’une levée de fonds de 13 M€ pour faire aboutir son projet d’usine du futur. S'il appartiendra au futur repreneur de faire des choix stratégiques, dans tous les cas, il faudra investir assure le directeur de la PME qui emploie 82 personnes.
Pierre-Antoine Constantinides, à gauche, directeur de l'usine France Confection à Limoges.
Pierre-Antoine Constantinides, à gauche, directeur de l'usine France Confection à Limoges. (Crédits : France Confection)

"L'année 2020 sera l'année du virage et de la révolution." Pierre-Antoine Constantinides, directeur de la PME limougeaude France Confection, reste résolument optimiste alors que le dernier confectionneur de costumes français a été placé en redressement judiciaire, le 8 janvier, par le tribunal de commerce de Limoges. "Faute de trésorerie, il ne pouvait pas en être autrement", réagissait l'entreprise à ce moment là. "La société avait été reprise par le groupe Molitor en mars 2018, je suis moi-même arrivé en septembre et, en octobre, nous avons découvert des malversations comptables importantes opérées par l'ancienne direction masquant les réelles difficultés de l'entreprise", détaille Pierre-Antoine Constantinides.

Un changement de stratégie

Dès lors, la stratégie a été revue. "Les prix de vente trop bas car mal calculés ont été réévalués. Certains clients sont partis, d'autres se sont engagés. France Confection a décidé de se tourner vers le très haut de gamme, le luxe, de manière générale vers des clients qui connaissent le métier et le juste prix français", précise Pierre-Antoine Constantinides. Dans le même temps est né le projet d'usine du futur, avec des partenaires tels que Microsoft. "Nous sommes dans des bâtiments obsolètes, les machines ont une moyenne d'âge de 30 ans. En passant au 4.0, nous prévoyions de faire l'acquisition de machines permettant aux utilisateurs d'éviter les tâches répétitives et fatigantes. Il s'agissait d'automatiser tout ce qui pouvait l'être, tout en gardant le côté artisanal et le savoir-faire de l'équipe. »

Pour concrétiser ce projet d'usine du futur, France Confection recherchait 13 M€. La levée de fonds n'a pas eu lieu. "Elle aurait pu éviter le redressement judiciaire, mais malgré un petit temps d'arrêt d'un point de vue administratif, le travail de recherche continue. Le groupe Molitor qui n'était pas au courant de la situation financière réelle de l'entreprise serait d'ailleurs prêt à remettre la main au porte-monnaie mais pas seul, aux cotés d'autres investisseurs", reconnait Pierre-Antoine Constantinides. Mais la préoccupation du moment reste la reprise de l'entreprise. "Il est possible de déposer un dossier jusqu'au 31 janvier. Le tribunal statuera mi-février."

Des investissements nécessaires

Car c'est bien le repreneur qui choisira de poursuivre ou non ce projet d'usine 4.0. "Mais dans tous les cas, il y aura des investissements à faire, en machine, en outils informatiques. Il y a toutefois, j'insiste, beaucoup de potentiel. Nous avons obtenu un engagement d'une grand marque du luxe française pour nous confier un grand nombre d'heures de travail en 2020. Un grand groupe de luxe suisse a également montré son intérêt dans l'hypothèse où nous serions capables de monter en gamme." Pierre-Antoine Constantinides, le répète donc haut et fort : il est optimiste.

En attendant le positionnement de repreneurs potentiels, l'organisation du travail et la culture d'entreprise très taylorienne ont, elles, été modifiées. "Nous avons lancé, en novembre, les groupes autonomes qui, contrairement à la chaine classique industrielle avec des étapes les unes derrières les autres, permet l'entraide, l'échange et la communication. Je prône un management participatif." 25.000 pièces sortent en moyenne chaque année de l'usine de Limoges. France Confection emploie 82 personnes. Avec le projet d'usine du futur, l'entreprise espérait monter à 150 salariés.

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Commentaire 1
à écrit le 28/01/2020 à 14:53
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Une once d'espoir devrait sortir la firme de cette impasse parce que l' actuelle direction a démontré que sur le plan de l' innovation et de la qualité, cette société n' a pas baissé les bras mais au contraire, fait démonstration de son sursaut e...

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