La formation pour faciliter les recrutements dans les filières en tension

"Emploi : comment mettre en corrélation offre et demande ?" : tel était le thème de la Table ronde organisée par le Conseil régional, en partenariat avec La Tribune. Pour cet événement de rentrée, plusieurs chefs d'entreprise sont venus témoigner de leurs difficultés à recruter dans des filières en tension. Heureusement, des solutions existent pour attirer les talents... Revue de détail.
(Crédits : Agence Appa)

C'est un véritable paradoxe : d'un côté, 3,4 millions de demandeurs d'emploi, dont 283.830 personnes en Nouvelle-Aquitaine. De l'autre, des entreprises qui peinent à trouver "la perle rare". Une situation pour le moins ubuesque, qui demande de faire le point sur les causes de ce grand écart. Problèmes de mobilité, formation inadaptée, manque de visibilité métier... Autant de freins évoqués lors de la table ronde du 24 septembre, qui avait invité quatre dirigeants girondins : Gérard Bougès, directeur des ressources humaines de Lim Group, Serge Dessay, PDG de Hotravail, Olivier Dupré, directeur des ressources humaines de Sabena Technics et Jean-Luc Lanoelle, PDG de Sotomeca. Venus témoigner sur leurs difficultés à recruter, ils ont livré leurs visions de l'emploi et leurs bonnes pratiques pour transformer "le manque de main d'œuvre" en opportunités.

Difficultés de déplacement
Premier frein majeur évoqué : les problèmes de mobilité, qui touchent 60 % des entreprises de l'agglomération bordelaise. Parmi les solutions avancées, un système de primes de covoiturage, instaurées chez Hotravail, entreprise adaptée qui emploie 600 salariés, reconnus travailleurs handicapés. "Grâce à ce dispositif nous avons réduit de moitié le nombre de véhicules sur les parkings, précise son PDG Serge Dessay. La prime se calcule selon le kilométrage effectué, et son montant s'élève à 36 euros/mois, exonéré de charges."
En milieu rural, les entreprises s'organisent également pour faciliter la mobilité des salariés, comme chez Sotomeca spécialisée dans la mécatronique, qui va mettre en place un dispositif de covoiturage interentreprises, dès 2020, pour les salariés résidant tous dans un rayon de 30 à 50 km.

Inadéquation entre besoins et profil candidat
A cette contrainte de mobilité s'ajoute une autre problématique : celle de la formation. De nombreuses entreprises sont confrontées à une inadéquation entre les compétences recherchées et les profils des candidats. Et c'est encore plus vrai dans les secteurs dits en tension, où l'on observe une pénurie de main-d'œuvre. Conscient du problème, Pôle Emploi a initié de nombreux dispositifs sur-mesures. Parmi les méthodes éprouvées, la MRS, méthode de recrutement par simulation, afin de repérer les habiletés d'un candidat pour un poste donné, par une série de tests. D'autres entreprises misent sur les périodes de mises en situation en milieu professionnel (PMSMP), comme Lim Group, spécialisée dans la sellerie de luxe, qui peine à recruter du personnel qualifié. "Dans un premier temps, nous proposons une immersion en atelier, et selon l'appétence, les jeunes intègreront notre propre centre de formation."

Formation, la voie royale

La formation, nouveau Graal des entreprises ? C'est en tout cas l'une des pistes retenues pour acculturer les futurs collaborateurs à l'environnement. Ainsi, depuis l'an dernier, Sabena Technics s'est lancée dans un ambitieux plan de recrutement. En partenariat avec Aerocampus Aquitaine, l'entreprise de maintenance aéronautique a formé une cinquantaine de jeunes mécaniciens, avec une approche CDI à la clé.

"Pour séduire la génération Y et Z, les entreprises doivent également travailler leur marque employeur et apprendre à gérer leur réputation", prévient Benoît Meyer, directeur territorial Pôle emploi Gironde. Car les codes ont changé : le salaire n'est plus le seul critère déterminant pour les candidats, en quête de sens et de bien-être au travail. "Côté recruteur, on note également un changement de paradigme. Aujourd'hui, les entreprises préfèrent le savoir-être ou softskills. Les salons professionnels sont alors un bon moyen pour sourcer les talents ou rencontrer son futur employeur." Et Alain Rousset, président du Conseil régional de Nouvelle Aquitaine, de conclure : "Les entreprises doivent redécouvrir les bienfaits de la formation, et nous devons travailler tous ensemble aux côtés des CFA. Il faut également porter notre attention sur les problèmes d'orientation en 3e, car les inégalités sont un frein à la croissance."

Crédit photo : Agence Appa

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