Eponyme sème son impact social dès le berceau

Une centaine de salariés et une dizaine de crèches en Gironde : en seulement cinq ans, Eponyme a bien grandit en misant sur l'accueil des enfants pour maximiser son impact pédagogique et environnemental. La construction d'une cuisine centrale à Bordeaux Métropole et la transformation en entreprise de l'économie sociale et solidaire sont les prochaines étapes d'une stratégie clairement assumée.
Ingrid Bergeaud, présidente, et Clément Uribe, directeur général, ont cofondé le gestionnaire de crèches privées et publiques Eponyme en 2014 à Darwin.
Ingrid Bergeaud, présidente, et Clément Uribe, directeur général, ont cofondé le gestionnaire de crèches privées et publiques Eponyme en 2014 à Darwin. (Crédits : Eponyme)

"Nous sommes en cours d'obtention de l'agrément Esus [entreprise solidaire d'utilité sociale], qui donne un statut légal à l'entreprise privée au sein de l'économie sociale et solidaire et qui permettra d'assumer ce que l'on fait et d'objectiver notre statut", annonce Clément Uribe, le directeur général de l'entreprise Eponyme. Hebergée depuis sa création en 2014 au sein de l'écosystème Darwin, cette SAS a placé son impact social, sous toutes ses formes, au sommet de ses priorités. Fondée par deux professionnels de la petite enfance - Clément Uribe et Ingrid Bergeaud - l'entreprise compte quatre crèches Little en Gironde et deux ouvertures en cours : à Bordeaux Ornano, ce 3 juin, et au Bouscat le 26 août. S'y ajoutent quatre crèches gérées pour le compte de collectivités locales girondines en DSP (délégation de service public). Au dernier compteur, Eponyme emploie ainsi 100 salariés en CDI et prévoit 3,2 M€ de chiffre d'affaires cette année. Au total, environ 300 enfants de 0 à 3 ans son accueillis dans ses murs.

85 % de bio et 65 % de local

Quoi de plus efficace en effet que de miser sur les très jeunes enfants pour propager auprès de leurs parents et de leurs futurs entourages la bonne parole en matière  pédagogique, environnementale et alimentaire ? "Nous mettons en œuvre et nous prônons une pédagogie bienveillante et active vis-à-vis des enfants, des parents et de nos salariés avec comme objectif de les voir grandir heureux et en bonne santé", précise Clément Uribe. Des briques pédagogiques sont piochés notamment chez les approches italiennes de Montessori et de Reggio. Le volet environnemental se déploie sous de multiples composantes : qualité de l'air intérieur, bannissement des produits de nettoyage classique et des vaisselles plastiques et utilisation de jeux en bois ou de seconde main. Enfin, l'attention à l'alimentation se traduit par des menus qui peuvent se targuer d'être composés de 85 % de produits bio et à 65 % issus de Gironde et des départements limitrophes.

Eponyme Little

Une crèche privée Little, gérée par Eponyme (crédits : Eponyme).

Au total, Clément Uribe chiffre l'ensemble de ces politiques volontaristes "autour de 20 à 30 % des dépenses de fonctionnement de l'entreprise". Et alors que l'agglomération bordelaise reste sous tension en matière de places en crèche, Eponyme n'avait pas fondamentalement besoin d'investir une telle somme et de réduire d'autant son résultat pour se différencier. "On ne s'inscrit pas dans une démarche marketing puisque tous nos établissements sont pleins et que l'on compte 400 familles en attente. Cela correspond à une volonté profonde d'être en ligne avec nos valeurs", promet le directeur général, qui cite volontiers en exemple l'entreprise californienne de vêtements sportifs Patagonia, pionnnière en matière de recyclage, de protection de l'environnement et d'impact social.

C'est d'ailleurs dans son sillage qu'Eponyme a obtenu le label B-Corp, devenant la 3e entreprise de Nouvelle-Aquitaine à le décrocher. Ce label américain distingue des entreprises à but lucratif qui démontrent leur impact positif et souhaitent progresser en étant évaluées tous les trois ans. "C'est un processus assez lourd qui nécessite un auto-diagnostic complet de 280 questions pour établir un bilan de notre action et mettre sur pied un cahier des charges à respecter pour nous améliorer. Mais cela correspond à notre vision de devenir une entreprise à mission pleinement assumée", précise Clément Uribe..

Formation professionnelle et cantine centralisée

Et alors que le marché des crèches privées est aussi porteur que contraint avec un modèle économique de base où les recettes sont plafonnées par les tarifs de la Caisse nationale des allocations familiales, Eponyme a choisi de diversifier ses activités mais à sa manière. Quand la concurrence, en particulier les plus gros poissons, étoffe ses offres de services à la personne, Ingrid Bergeaud et Clément Uribe explorent deux autres pistes qu'ils jugent plus efficaces pour maximiser leur impact social et travaillent sur une évaluation de leur action avec le cabinet Ellyx.

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La première, c'est la formation professionnelle. "Nous proposons déjà pas mal de formation à nos équipes et l'idée est d'obtenir le statut d'organisme de formation pour pouvoir former les personnels des autres crèches, privées comme publiques. Ce sera le plus efficace pour diffuser la bonne parole à grande échelle auprès des acteurs de la petite enfance", analyse Clément Uribe, qui réfléchit aussi à des opérations de rachat et/ou de créations de franchises avec un socle à respecter en matière de développement durable et de pédagogie. Là encore, c'est l'utilité sociale qui fait office de boussole conjuguée à la volonté de rester indépendant et à taille humaine.

Clement Uribe Eponyme

Clément Uribe, directeur général d'Eponyme (crédits : Lionel Simon - IoStudio).

L'autre gros projet du moment est plus concret puisqu'il s'agit de la construction en propre d'une cuisine centrale, probablement à Eysines. Un investissement de 500.000 € et de cinq recrutements guidé par une approche pragmatique, comme le souligne Clément Uribe : "Il est parfois difficile aujourd'hui pour nos fournisseurs d'assurer la livraison dans nos différentes crèches sur des petites quantités. L'idée est donc d'avoir un lieu unique pour nos fournisseurs et charge à nous ensuite d'assurer la cuisine et la livraison sur nos différents sites. Cette nouvelle activité et ces nouveaux métiers devraient nous permettre, dans un second temps, d'approvisionner d'autres crèches et écoles sur l'agglomération bordelaise qui recherchent du bio et du local."

Lire aussi : Bordeaux Métropole doit-elle viser l'autosuffisance alimentaire ?

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12 recrutements en cours dans un secteur contraint

La montée en charge d'Eponyme nécessite de recruter des professionnels de la petite enfance à un rythme soutenu. Douze postes sont ainsi à pourvoir actuellement. "Les bons profils sont rares et il n'est pas évident de recruter des juniors parce qu'ils n'ont parfois suivi que des formations basiques qui n'abordent pas du tout les aspects du développement durable et de l'éducation bienveillante qui sont au cœur de notre fonctionnement", relativise Clément Uribe. Et comme les recettes sont plafonnées par les tarifs de la CNAF, Eponyme ne peut jouer la surenchère salariale sur des métiers qui souffrent pourtant de revenus faibles et de l'absence de convention collective dédiée. "On préfère donc jouer sur la formation et sur les conditions de travail de nos équipes associées à un accord d'entreprise plutôt favorable", indique le dirigeant.

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