Pourquoi le Futuroscope va investir plus lourdement

Doyen des parcs d'attraction français, le Futuroscope a accueilli 1,85 million de visiteurs en 2018. Alors que la nouvelle saison démarre, le président du directoire Rodolphe Bouin, précise le positionnement du site, installé dans la Vienne, et sa stratégie, axée sur l'allongement des séjours via le développement d'offres complémentaires. Investissant déjà entre 13 et 15 millions d'euros chaque année, le Futuroscope discute avec ses actionnaires pour augmenter ces enveloppes et favoriser l'émergence de nouvelles attractions.
Inaugurée en 2017, l'attraction L'extraordinaire voyage, tour de force technique, est la plus prisée du parc
Inaugurée en 2017, l'attraction "L'extraordinaire voyage", tour de force technique, est la plus prisée du parc (Crédits : © Futuroscope/Cube Creative/Brune/B. Comtesse)

Créé en 1987, le Futuroscope a accueilli depuis 50 millions de visiteurs. Sur la seule année 2018, il a enregistré 1,85 million d'entrées, ce qui le positionne comme le leader des sites touristiques de la région Nouvelle-Aquitaine. Son poids économique n'est pas négligeable : 805 salariés équivalent temps plein dont 371 CDI, 3.000 emplois induits en France dont 1.500 dans la Vienne. Le parc, fort de 25 attractions, dégage un chiffre d'affaires annuel autour de 103 millions d'euros (en 2018) et 6 à 8 millions d'euros de résultat.

A l'heure de lancer la nouvelle saison, le Futuroscope dévoile plusieurs nouveautés. En point d'orgue, le documentaire en 3D "Planet power" qui revient sur l'histoire de l'avion solaire Solar Impulse piloté par Bertrand Picard et Bertrand Borschberg. Long de 22 minutes, le film est prolongé par une exposition de 56 photos grand format, « L'oiseau des mers et l'oiseau solaire », revenant sur l'odyssée de Solar Impulse mais aussi celle de l'hydroptère, voilier capable de naviguer hors de l'eau à partir d'une certaine vitesse, skippé par Alain Thébault. Deux séquences qui témoignent de la volonté du parc de jouer un rôle dans la sensibilisation du grand public à la préservation de l'environnement. Le parc cherche d'ailleurs à s'appliquer à lui-même ces préceptes, avec le test de gobelets réutilisables, l'objectif de réduire de 20 % sa consommation d'énergie d'ici 2024 et d'arriver à 100 % de déchets valorisés... "D'ores et déjà, 77 % des matières premières utilisées dans nos restaurants proviennent de fournisseurs dans un rayon de 250 km. Nous sommes également engagés dans une démarche de réduction des pertes alimentaires", souligne Rodolphe Bouin.

Toujours au rang des nouveautés, l'espace dédié aux enfants, baptisé Futurapolis, a été complètement repensé et rénové et ouvrira dans sa nouvelle version le 6 avril prochain. Il s'étend désormais sur 9 hectares, sur les 30 que compte le site.

Une nouvelle attraction majeure en 2020

Confronté à une concurrence hexagonale exacerbée depuis quelques années, le Futoroscope a été confronté à un léger creux l'an passé, lié aussi à une météo peu clémente et, comme beaucoup de sites de loisirs, à l'effet Coupe du monde de football. Il n'a pas non plus ouvert d'attraction majeure en 2018, après avoir freiné ses investissements. Mais l'heure est à nouveau à l'offensive, assure Rodolphe Bouin, conscient que le parc a atteint un palier. Une "attraction de rupture", encore tenue mystérieuse, sera inaugurée en 2020 et représentera le plus gros investissement jamais consenti depuis la création du Futuroscope.

"Nous investissons déjà entre 13 et 15 millions d'euros par an et nous avons renouvelé près de 25 % du parc en peu de temps, mais nous avons commencé à discuter avec nos actionnaires pour augmenter fortement ces montants. Ceci afin de densifier nos capacités d'accueil, de proposer des attractions phares et toujours à la pointe et de limiter le temps d'attente pour maximiser la satisfaction des visiteurs. Nos prochains investissements devraient donc être sur des tickets autour de 20 millions", détaille le président du directoire.

Ce dernier ne fait pas mystère de son objectif : augmenter encore la proportion de visiteurs qui séjournent au moins deux jours sur place. Ces derniers représentent déjà la moitié du visitorat total.

Rodolphe Bouin, président du directoire du Futuroscope

Rodolphe Bouin, président du directoire du Futuroscope. Il a intégré la société en 2000... en tant que stagiaire, avant d'être embauché au contrôle de gestion (photo crédit Futuroscope)

La technologie s'efface

Plutôt que de favoriser un renouvellement très rapide des attractions, le parc mise sur un autre axe stratégique : "Créer des attractions pérennes et de grande qualité, capables d'être dans notre top 5 pendant 20 ans". Rodolphe Bouin cite en exemple "L'extraordinaire voyage", tour de force technique lancé en 2017. Cette plateforme mobile de 110 tonnes, soit le poids d'un avion de ligne, accueille à chaque fois 84 personnes et s'incline, plonge... face à un écran de 600 m2 plus grand qu'un terrain de basket. "Sébastien Loeb Racing Xperience" fait quant à elle fonctionner simultanément 108 casques de réalité virtuelle. Mais l'heure n'est plus à la débauche, alors que cette même réalité virtuelle par exemple commence à se croiser au coin de la rue. En témoigne l'ouverture à Bordeaux de plusieurs espaces de loisirs dédiés en 2018.

"Au début, la technologie suffisait à bluffer les visiteurs, ce n'est plus le cas, confirme Rodolphe Bouin. Plus personne n'a le réflexe de se protéger de la main lors d'un effet 3D d'éclaboussement, par exemple. Cela n'empêche pas le défi technique et la nécessité de rester à la pointe, mais aujourd'hui la technologie a tendance à s'effacer et doit devenir un ingrédient au service d'une expérience suscitant des émotions."

Une Arena et de la chute libre déjà programmés

Le projet déjà évoqué par le passé d'un 2e parc plus petit, à proximité du premier, reste en réflexion. Par ailleurs, le parc mise sur de nouveaux projets déjà bien lancés pour étoffer l'offre complémentaire, non incluse dans le billet d'entrée. Dans le cadre d'un financement public - privé porté par Fabrice Crouzet, le département de la Vienne via la SEML patrimoniale et le Futoroscope, le site accueillera à partir du 1er trimestre 2020 une attraction de vol en soufflerie, baptisée ZeroGravity et destinée à ceux qui veulent tester la chute libre. Le chantier du bâtiment va prochainement démarrer. L'attraction sera accessible à partir de 5 ans, et plus spécifiquement aux personnes en situation de handicap.

Quelques mois plus tard, courant 2021, une Arena Futuroscope sera inaugurée, fruit d'un investissement de 30 M€ HT. Cette salle multi-fonctions de 6.000 places accueillera chaque année des spectacles et événements sportifs, une vingtaine de matchs du Poitiers Basket 86 et une quarantaine de shows produits par le Futuroscope pendant la période estivale. Les têtes chercheuses du parc pistent actuellement outre-Atlantique le partenaire d'envergure adéquat pour ces représentations.

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REPERES

  • 103 M€ de CA en 2018
  • 50 % de visiteurs séjour
  • 55 € de panier moyen par visite
  • 1,85 million de visites en 2018, 100.000 venus de l'étranger (dont 40 % d'Espagnols)
  • 80 % de visiteurs individuels, 20 % de groupes
  • Un actionnariat réparti entre la Compagnie des Alpes, déjà propriétaire du Parc Astérix, du Musée Grévin... et qui détient 45 % des parts, le département de la Vienne (38 %) et la Caisse des dépôts (17 %).

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