"Le même emploi à vie, c'est fini"

PDG de Synergie, 1er groupe français indépendant de services pour les ressources humaines, Daniel Augereau fait le point sur les évolutions du marché de l'emploi en 2017 et évoque les perspectives de 2018. Il revient également sur les très bons résultats du réseau Synergie, implanté dans 16 pays via 656 agences.
Daniel Augereau, PDG de Synergie
Daniel Augereau, PDG de Synergie (Crédits : Synergie / La Tribune)

Quel bilan tirez-vous de l'année 2017 pour Synergie ?

"C'est une année convenable, pour ne pas dire excellente. En observant le périmètre français, nous nous situons sur une croissance de notre chiffre d'affaires de 11 %, largement conforme au marché. A l'international, notre activité a été très soutenue dans certains pays comme l'Italie, le Portugal, l'Espagne ou la Belgique, ce qui nous permet au global d'afficher une croissance de 16,6 % de notre chiffre d'affaires. Le marché français existe depuis les années 60, il est aujourd'hui mûr et stabilisé, il est plus jeune en Italie par exemple où l'externalisation des ressources humaines est plus récente. Au final, nous avons progressé dans tous les métiers, intérim, recrutement, formation... Nous pensions réaliser 2,2 milliards d'euros de CA, nous atteignons finalement 2,32 milliards. Notre robustesse va nous permettre d'envisager en 2018 de nouvelles acquisitions à l'international."

Quels sont les enseignements de l'année écoulée ?

"D'après une récente enquête de Bpifrance, 83 % des PME, PMI et entreprises de taille intermédiaire déclarent éprouver des difficultés de recrutement. Si bien qu'il y a en France 300.000 à 350.000 emplois non pourvus alors qu'il y a en même temps 4 millions de demandeurs d'emploi. Nous observons des métiers où la main d'œuvre manque cruellement, dans l'industrie où les soudeurs et les tuyauteurs sont très recherchés, dans l'hôtellerie et la restauration, dans le monde agricole. C'est pour cela que nous mettons l'accent sur la formation des intérimaires. Nous y avons consacré 3,20 % de notre masse salariale, comme en 2016. C'est deux fois et demie l'obligation légale de l'employeur et 20 % de plus que le taux fixé dans la branche du travail temporaire. Cela permet de transformer la carrière de certaines personnes et de répondre aux besoins d'entreprises. Le même emploi à vie, c'est fini. On en fera tous plusieurs dans nos carrières, et parfois on en fera même deux dans la même journée. C'est une évolution naturelle du marché de l'emploi."

Vous dites aussi que les entreprises sont de moins en moins attachées aux diplômes ?

"Effectivement, elles se focalisent davantage sur les compétences, les aptitudes, les comportements, plus qu'un diplôme qui sanctionne une formation. Les gens ont tellement de capacités différentes et de potentiel d'adaptation qu'elles intègrent de plus en plus ces dimensions dans leurs recrutements."

Quelles sont vos prévisions pour 2018, sachant que les indicateurs économiques reviennent dans le vert mais que le chômage ne baisse pas ?

"Il y a effectivement l'impression d'un léger redémarrage de l'économie, je parlerai pour ma part d'un bon frémissement. Le bâtiment reprend du souffle, c'est moins le cas pour les travaux publics hors Paris. L'aéronautique a des carnets de commande garnis pour une dizaine d'années, mais c'est l'une des rares activités qui fonctionne avec une telle visibilité. L'industrie automobile va assez bien. Le reste est plus lié à de l'investissement de la part des entreprises et à une forme de confiance ayant suivi la dernière élection présidentielle. J'espère que tout ceci ne va pas s'essouffler. Pour notre part, à périmètre constant, nous visons une croissance de 10 % en 2018 pour Synergie. Nous devrions également ouvrir une vingtaine d'agences en France et nous implanter dans de nouveaux pays, la Scandinavie faisant partie de nos objectifs, tout en nous renforçant sur d'autres territoires comme le Nord de l'Allemagne où nous accompagnons Airbus."

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